Al-Ahram Hebdo : Le président américain, Joe Biden, a annoncé une augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine et a appelé à la tenue d’un sommet avec 50 pays alliés de l’Ukraine. Ce soutien de plus en plus grand peut-il changer le cours de la guerre ?
Ahmed Diab : Le soutien américain à l’Ukraine se poursuit depuis le début de la guerre. Cette récente aide militaire de 8 milliards annoncée par le président Joe Biden à l’occasion de la visite de son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, intervient dans le cadre des objectifs stratégiques de Washington : une stratégie qui vise à prolonger la guerre pour épuiser la Russie militairement et économiquement, ce qui affectera et limitera son rôle dans les dossiers régionaux et internationaux. Ce plan a atteint ses objectifs en quelque sorte. On a vu comment le rôle de la Russie est quasi absent des crises qui occupent l’attention internationale, comme la guerre israélienne contre Gaza et dernièrement au Liban. Par ailleurs, l’appel de Biden à la tenue d’un sommet vise à mobiliser les efforts occidentaux et les aides déployées à l’Ukraine. Le président américain veut également conserver l’état de divergence entre les pays occidentaux et la Russie. Sans doute, ce soutien occidental et surtout américain va certainement aider l’Ukraine à résister.
— Zelensky a de nouveau demandé à Biden de lui fournir des missiles de longue portée pour frapper la profondeur du territoire russe. En réponse, Poutine a réitéré les menaces d’avoir recours à l’arme nucléaire. Peut-on en arriver là ?
— Les Etats-Unis fournissent effectivement des armes modernes et de longue portée à l’Ukraine, mais sans le révéler. C’est comme ce qu’ils font avec Israël dans sa guerre contre Gaza et le Liban sans le divulguer directement. Quant au recours à l’arme nucléaire, c’est vrai que le président russe, Vladimir Poutine, l’a évoqué à plusieurs reprises, mais je ne pense pas qu’il puisse en arriver là. La menace de l’usage des armes nucléaires est une carte de pression sur les Occidentaux et sur Washington.
— Zelensky parle également de son « plan de victoire et de paix ». Qu’en est-il ? Et y a-t-il une chance à une issue politique à la guerre en cours ?
— Tout d’abord, le « plan de la victoire » que Zelensky a présenté n’est qu’une sorte de propagande. Il s’adresse aux deux candidats en lice à la présidentielle américaine pour s’assurer du soutien du futur président américain quel qu’il soit. Je pense qu’aucun règlement politique à la guerre en Ukraine ne se produira avant l’élection américaine, et l’impasse persistera jusqu’à l’arrivée du nouveau président, qui aura certainement ses propres outils.
D’ailleurs, le fait d’avoir recours à une solution politique sera une option importante pour le futur président, mais chacun des candidats aura sa propre façon de gérer la question. Si Kamala Harris remporte l’élection, elle va avoir recours à des médiateurs internationaux comme l’Inde et le Brésil. Si c’est Trump, lui qui critique Zelensky et refuse l’aide militaire à l’Ukraine, il va s’efforcer à mettre fin rapidement à cette guerre et conclure lui-même un accord avec la Russie en faisant des concessions.
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