Ces influenceuses de la mode redéfinissent le style, fusionnent tradition et modernité, et inspirent une révolution dans les goûts vestimentaires au-delà des frontières. Elles rayonnent de style et de grâce, captivant le public avec leurs tenues dernier cri et leur élégance impeccable. Des podiums aux réseaux sociaux, elles façonnent le paysage de la mode. Tout peut être mis en valeur grâce à leur pouvoir d’influence. Ce nouveau métier, dicté par les besoins de l’e-commerce et le marché digital, ne cesse de gagner en importance.
Avec 2,4 millions de followers, Hadia Ghaleb est en tête des fashionistas égyptiennes. Elle est l’une des influenceuses les plus célèbres des réseaux sociaux. Athlète stylée et femme d’affaires, elle a fondé sa propre marque, Ghaleb Production House. Elle estime qu’il est important de préserver et de promouvoir l’art — quelque chose qu’elle illustre parfaitement sur son compte Instagram. Ghaleb est également connue pour avoir introduit le burkini, ou « maillot de bain pour toutes », en avril 2022. Une tenue devenue incontournable sur les plages égyptiennes les plus luxueuses.
Farah Emara est réputée pour ses foulards distinctifs.
De Ghaleb à Raneem Essam, maquilleuse suivie par un million de followers, cette blogueuse partage sur son compte Instagram des conseils pour le jour J, afin que la mariée bénéficie d’un relooking ultra-glam.
Les fashionistas « hijabis »
Le hidjab est également un sujet captivant pour les fashionistas, qui attirent les fans avec leurs conseils et leurs styles. Farah Emara est réputée pour ses foulards distinctifs, ses sourires radieux et son design contemporain. Dina Said est une blogueuse de mode, lifestyle et beauté sur Instagram. Ses 53 300 followers apprécient son fil d’actualité coloré, où elle s’affiche fréquemment avec sa fille. Quant à Sahar Fouad, elle est maman, ingénieure et influenceuse pour ceux qui recherchent une mode « hijabi » modeste. Son fil Instagram est dynamique et vivant, notamment grâce à ses adorables filles.
Sahar Fouad est maman, ingénieure et influenceuse pour ceux qui recherchent une mode « hijabi » modeste.
« J’ai terminé mes études à la faculté de polytechnique en 2012. J’ai travaillé pendant une année comme ingénieure civile, mais voyant que le revenu généré par mon activité de fashionista était important, j’ai décidé de me consacrer entièrement à cette carrière. Mon objectif initial était de permettre aux femmes voilées de porter ce qu’elles veulent en leur proposant des solutions adaptées et des idées inspirantes. A l’époque, la mode des blouses à épaules dénudées était très populaire. Je suis apparue pour la première fois portant une chemise sous ce type de vêtement pour que les femmes voilées puissent suivre les tendances de la mode. C’était plus chic que les tops moulants, très répandus à l’époque », explique Fouad qui, avec ses 929 000 followers, occupe la troisième place dans le classement des top fashionistas égyptiennes. « Bien que mon objectif initial ait été d’aider les femmes voilées à obtenir un look chic, moderne et pudique, cela a évolué avec le temps. Maintenant que je suis maman, je donne également à mes followers des conseils pratiques et des idées pour habiller les filles. En somme, je présente un style de vie complet », souligne-t-elle. Fouad a acquis une grande culture dans le domaine vestimentaire en suivant les semaines de la mode à travers le monde, ainsi que les grands événements mondiaux et locaux, sans oublier les célèbres blogueurs et stylistes, grâce aux réseaux sociaux. « J’ajoute souvent ma propre touche pour encourager les filles à porter certains vêtements. Cela donne à ces pièces une valeur ajoutée, ce qui rehausse la réputation de la fashionista auprès des marques de mode. Personnellement, je fixe un tarif pour chaque publication. Ce tarif varie en fonction des demandes, que la marque souhaite simplement me voir porter un vêtement ou qu’elle désire un avis détaillé sur le matériel et la fabrication. D’ailleurs, le tarif change également selon que la publication soit une photo ou une vidéo. Chaque type de contenu a son propre tarif », précise-t-elle.
Nouran Khalifa se distingue par des touches simples mais qui confèrent élégance et grâce.
« J’aime beaucoup suivre les comptes des fashionistas hijabis. Je pense qu’elles ont réussi à changer l’image de la femme voilée dans notre société. Avec leur look chic et moderne, elles ont encouragé beaucoup de filles de notre génération à adopter cette tenue pudique. En suivant leurs publications, je me sens plus sûre de moi », confie Mariam Alaa, pharmacienne de 23 ans. Aicha Khalil, étudiante en communication de masse, partage ce sentiment. Elle ajoute : « Ces fashionistas nous inspirent, surtout pour les robes de soirée pour femmes voilées, car la plupart de celles disponibles sur le marché ont des bretelles ou des décolletés profonds ».
D’autres préfèrent suivre des fashionistas non voilées. « Je suis souvent les tenues de la blogueuse Nouran Khalifa (227 000 followers). Elle se distingue par des touches simples mais élégantes. Une ceinture, un foulard ou un accessoire, son goût est raffiné et ses créations audacieuses. Bien que la reine Rania soit ma fashionista préférée, je n’ai pas accès à ses robes, contrairement aux autres fashionistas connues qui sont plus proches de notre quotidien et de nos moyens », poursuit Nour Keraidy, 22 ans, étudiante en ingénierie.
Cependant, si certaines fashionistas attirent leurs fans par leurs conseils, leur parcours inspirant ou leur quotidien dynamique, Nourhanne Eissa a également ses propres astuces. Cette influenceuse égyptienne est très populaire et fondatrice de l’agence de conseil Ness Communications. Avec un style insouciant et une perspective positive et énergique, elle inspire ses followers sur Instagram à travers ses tenues quotidiennes et ses voyages vers des destinations de luxe.
Autre astuce : celle de LoCa. Cette blogueuse de mode, maquillage et lifestyle a rapidement intégré sa famille dans son activité. Bien qu’elle soit mise en avant, certains membres de sa famille gèrent le travail dans les coulisses. LoCa, qui a fondé la marque de mode Ella (@ella.egp) pour femmes et enfants, a accumulé un grand nombre de fans. Une autre blogueuse, Aya, dont le fil d’actualité est alimenté par des photos avec son mari Khaled, est également influente. Elle est une « fashion addict » et propriétaire de @ayno_store, une boutique de mode en ligne en Egypte. Son compte se nourrit de ses tenues colorées et de ses photos avec Khaled, selon le site ITP.
Un nouveau profil sur la toile
Une chose est sûre : le monde virtuel a créé ses propres icônes, dont les fashionistas font partie. Un outil de promotion semblable aux mannequins, comme l’explique le styliste Youssef Spahi, qui estime que le terme fashionista désigne une femme à la pointe de la mode, qui existe depuis toujours comme une personne qui conçoit, vend ou s’intéresse à la mode vestimentaire. Selon le styliste, si le rôle du mannequin, avec ses critères stricts, est de promouvoir un modèle dans son look idéal, le rôle de la fashionista est peut-être de le présenter à un public plus large et de le rendre plus accessible à la vie quotidienne.
Mais être fashionista est-il devenu le rêve de la génération Z, qui a grandi avec Internet ? Bien sûr, comme le pense Dr Nihal Lotfi, professeure de psychologie pédagogique à l’Université du Canal de Suez. « Les générations X et Y aspiraient à devenir médecins ou ingénieurs, car ces métiers étaient considérés comme les plus prestigieux et rentables de l’époque, afin d’obtenir reconnaissance et estime de soi. Aujourd’hui, la nouvelle génération se tourne vers des métiers qui offrent un gain rapide avec moins d’efforts, tout en obtenant une estime de soi selon les critères actuels, la célébrité étant un atout supplémentaire. Avec peu de compétences, des possibilités limitées et un peu de chance, ces fashionistas deviennent des tendances. Les applications d’intelligence artificielle facilitent également leur mission en transformant des personnes ordinaires en stars », explique la psychologue, ajoutant que certaines familles sont prêtes à financer le projet de création d’une fashionista, croyant en la rentabilité de cette entreprise.
Raneem Essam, maquilleuse suivie par un million de followers, partage sur son compte Instagram des conseils pour le jour J.
D’après la sociologue Nadia Radwan, les nouvelles technologies ont donné naissance à de nouveaux métiers étroitement liés à l’industrie de la mode, synonyme de glamour, splendeur et raffinement. Autrefois, les dernières tendances de mode étaient apprises par le biais des voyages. Les personnes qui partaient à l’étranger ramenaient cette culture et étaient les influenceuses et fashionistas. « Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont ouvert une porte sur le monde entier, nous permettant de suivre les défilés de mode à Paris et d’apprendre ce qui nous convient à travers ces fashionistas, et comment adapter les tendances selon nos besoins », explique la sociologue. Elle ajoute que ce métier est une arme à double tranchant, car la majorité de la société égyptienne appartient aux couches défavorisées et peut se sentir dépréciée en suivant ces blogueuses qui présentent un mode de vie éloigné de leur réalité.
Les défis des blogueuses de mode
Cependant, si la fashionista semble être une star brillante sur la toile, le métier présente également de nombreux défis. « Au début de ma carrière, j’ai rencontré une grande opposition de la part de ma famille. Mon père, très conservateur, n’acceptait pas que mes photos soient accessibles à tout le monde et que mon fil d’actualité soit public. Il n’était pas non plus convaincu que je quitte un poste d’ingénieur dans une faculté prestigieuse pour un métier qu’il considérait comme peu sérieux », explique Fouad qui, malgré son succès, éprouve des inquiétudes quant à l’avenir de la fashionista, car de nombreuses personnes non qualifiées rejoignent ce métier. « Le problème est que l’attitude et les compétences de ces personnes peuvent ne pas être à la hauteur, ce qui peut ternir l’image de la fashionista, d’autant que le public égyptien a souvent tendance à mettre tout le monde dans le même panier », confie-t-elle. Elle ne prête guère attention aux avertissements sur la nécessité d’envisager une autre carrière, car la vie d’une fashionista est courte. Elle conclut : « Mon grand rêve est de rester en forme et de devenir un modèle pour mon âge. Peut-être serais-je la première fashionista de 60 ans ».
LoCa est une blogueuse de mode, maquillage et lifestyle dont le fil d’actualité est rempli de contenu qu’elle crée avec son mari et leurs deux filles.
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