Rénover la décoration de sa maison ou même ajouter quelques touches qui donnent une impression de changement est un désir auquel tout le monde aspire. Lorsque les meubles de la maison deviennent désuets en raison du temps, du changement de mode et de goûts, il est temps de chercher de nouvelles idées pour redonner un coup d’éclat à son intérieur. Le découpage est la solution pour rénover ses meubles. Il est, en fait, l’art des détails magiques permettant d’utiliser divers designs et couleurs frappantes qui cassent la monotonie des lieux et contribuent à leur transformation radicale.
Il suffit d’ajouter des oeuvres d’art ayant pour thème découpage et collage sur les murs ou dans certains endroits pour redonner vie à la maison et faire du relooking à de vieux meubles en utilisant des idées, des couleurs et des dessins, une tâche sérieuse et difficile à accomplir mais qui donne un résultat époustouflant !
Soha Shalakami est l’une des passionnées de cet art. Une fois que les enfants ont grandi, elle a ressenti un vide et s’est réfugiée dans cet art pour meubler son temps. Un nouveau départ en commençant cette activité artisanale à un âge tardif afin de rompre la monotonie et changer le décor de sa maison. Tout a commencé en 2019, quand elle a décidé de suivre différents types de stages de formation dans le domaine de l’artisanat qui avait déclenché sa fascination depuis son jeune âge. Mais c’est l’art du découpage qui l’a surtout intéressée. Une occasion pour elle de réveiller son âme d’artiste qui sommeillait, car elle a toujours été occupée par les tâches ménagères et la vie de tous les jours.
« J’ai suivi plusieurs stages en ligne puis j’ai commencé à développer mes talents grâce à la lecture. Je me suis rendue compte que c’était exactement ce que je voulais faire, surtout que la rapidité d’exécution des pièces de découpage a été la première chose qui m’a le plus attirée, contrairement à certains métiers artisanaux qui prennent beaucoup plus de temps pour réaliser une seule pièce. Une chose qui me comble de satisfaction et dont j’ai vraiment besoin à cette période de ma vie », assure Soha. « J’ai eu l’impression d’ouvrir le livre de mes rêves. Je suis tombée amoureuse du découpage. Chaque pièce est devenue le fruit non seulement d’un travail ardu, mais aussi l’aboutissement de mes créations lié à mon inspiration et mon imagination ».
De la magie …
C’est en ces termes que Soha décrit sa situation après avoir appris et maîtrisé l’art du découpage qui a changé sa vie. Soha précise qu’aujourd’hui, elle est capable de transformer de vieilles pièces de meubles, leur donnant un nouveau look moderne pour s’adapter au reste du mobilier de la maison. « Le découpage m’a permis de sauver de nombreuses pièces anciennes dont les propriétaires refusaient de se défaire tout en ne pouvant pas les utiliser en leur état actuel ». Elle indique que le coin café et la boîte de rangement pour le pain font partie de ses créations les plus demandées, ainsi que certaines pièces qui évoquent une époque révolue.
Soutenue par ses enfants et son mari qui ont eu une influence sur sa motivation pour continuer et aller de l’avant, elle fait l’éloge de son conjoint, qui l’a aidée financièrement, psychologiquement, et même pendant les longs moments d’attente qui pouvaient durer des heures jusqu’à ce qu’elle achève chaque pièce. Son mari et ses enfants ayant été ses premiers fans, elle a décidé d’aller plus loin en présentant ses oeuvres à son entourage. Et elle a été étonnée de voir que ses pièces avaient reçu un avis favorable. Les demandes commencent à pleuvoir, elle décide alors de lancer son petit business. Créer des pièces uniques a été son objectif. Pour enrichir sa vision d’une dimension créative qui lui permet d’innover et d’exécuter des pièces hors norme, elle décide alors de se rendre dans les musées, visiter les expositions, se promener dans la nature et voyager.
Autre expérience, celle de Reham Al-Barqouki qui n’a jamais imaginé qu’un jour, elle se tournerait vers les arts. Elle a étudié le commerce et n’a jamais travaillé après l’obtention de son diplôme afin de se consacrer pleinement à ses enfants, mais les circonstances l’ont amenée à se séparer de son mari et elle a ressenti le besoin de changer de vie dès que ses enfants avaient grandi. Elle a créé un studio de photographie privé et elle a appris le découpage pour accomplir les décors d’un lieu, ce qui est nécessaire pour une photo insolite. Par le biais du découpage, elle a l’impression de transformer l’univers de la photo en un monde magique en redécouvrant la splendeur d’un art ancien. Reham souligne que les changements apportés par le découpage sont surprenants et magnifiques, notamment en ce qui concerne les vieilles pièces de la maison qui peuvent être transformées en pièces modernes dont les prix sont dérisoires par rapport à l’achat de nouvelles pièces, et ce, sans compter l’impact de cet art sur sa psychologie en cette période de sa vie, car elle avait besoin de ressentir un vrai changement, interne et externe. Elle affirme que la transformation de vieux meubles par le découpage dégage un sentiment de plaisir, soulignant que c’est un art qui a aidé les Egyptiens à se défaire d’une mauvaise habitude, celle de garder de vieux objets, les stocker et avoir du mal à s’en débarrasser car la plupart d’entre eux ont des souvenirs avec ces pièces, alors que le découpage est comme un processus de retour à l’âme de ces vieilles pièces abandonnées qui vont renaître sous une nouvelle forme, ce qui évite d’acheter de nouveaux meubles, surtout que le vieux bois est de meilleure qualité et plus durable.
En effet, le découpage est l’art de décorer en découpant et en collant du papier sur des surfaces, un art qui est appliqué avec l’aide de techniques de découpage sur une autre surface, qu’il s’agisse de bois, de métal, de verre, de poterie ou même du carton, mais la plus courante et la plus populaire est celle du bois. Un art ancien qui a été découvert dans une tombe en Serbie, mais l’origine de la pratique vient de Chine, plus précisément au XIIe siècle, où l’on utilisait des morceaux de papier pour décorer des fenêtres, des boîtes et certains cadeaux, mais à une échelle simple et réduite. Une raison pour laquelle on le surnommait « l’art des pauvres » à cause de son utilisation pour la décoration de vieux meubles sans engager de grands frais.
Et de la nostalgie
Un art ancien mais qui semble aujourd’hui changer la vie de ces femmes? Peut-être. Si le découpage est l’art de faire revivre de vieilles pièces, il peut être en mesure de changer aussi la vie de beaucoup de gens et de raviver des sentiments qui sommeillaient comme la passion pour un art ou un travail. Mais la start-up de ce projet nécessite sans doute un savoir-faire. Soha assure que la phase d’apprentissage est chargée de cours de formation et d’ateliers de travail pour apprendre l’art du découpage à différents niveaux, des cours qui ont confirmé son extension en Egypte, outre l’apprentissage en ligne.
Mona Sami, l’une des plus anciens professeurs de découpage en Egypte, est fortement recommandée par elle à tous ceux qui veulent apprendre et maîtriser le découpage et atteindre un stade avancé, expliquant que l’idée principale du découpage est qu’il s’agit d’étapes fixes ou d’une « technique » que tout le monde suit, mais la technique et la méthode de mise en oeuvre diffèrent, ainsi que le goût personnel et artistique de chaque praticien de cet art, en plus de la différence concernant le matériau utilisé, qui se fait selon le choix de l’artiste qui voit de son point de vue qu’un certain matériau est en mesure de fournir un meilleur résultat dans la confection d’une pièce.
Reham Al-Barqouki présente ses oeuvres.
« Pour le coût de ces cours, il y a des prix élevés, que l’on dit exagérés, et des prix moyens et abordables, et il y a aussi des vidéos YouTube pour enseigner aux débutants, mais certains praticiens du découpage les déconseillent en raison du manque d’interaction sensorielle et de technique de contact pour certains matériaux et du fait qu’ils ne font que regarder, mais les cours en ligne restent le seul moyen disponible pour certains », avance-t-elle.
Une thérapie aussi
Or, si l’objectif de cet art est de donner vie à l’ancien, il s’avère être un refuge pour certaines femmes dans cette période transitoire de leur vie pour entamer une carrière. Dr Jamal Farwiz, psychiatre consultant, assure que l’état de passion et d’attirance ressenti par la plupart des praticiens et amateurs de découpage comme un état de « nostalgie » et de nostalgie du passé peut provenir d’un vide temporel ou émotionnel que la personne ressent et elle décide de retrouver la joie de vivre. « La pratique de tout ce qui touche à l’art, que ce soit la peinture, la musique, le sport ou les travaux manuels comme le découpage, entraîne une augmentation du taux de dopamine dans le sang, ce qui augmente le taux de concentration et le sentiment de bonheur».
Le coin café est la pièce la plus en vogue chez Soha Shalakami.
Et de conclure: « L’art-thérapie est en fait reconnu et admis, car chaque oeuvre d’art qu’une personne réalise elle-même, ou chaque talent ou hobby qu’elle exploite et avec lequel elle cherche à interagir, sert de compensation émotionnelle qui lui manque. C’est peut-être la raison pour laquelle certaines personnes de plus de 60 ans se tournent vers des professions totalement inattendues, la passion et l’émotion les conduisant à les pratiquer ».
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