Vendredi, 04 octobre 2024
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La guerre dicte ses lois

Mercredi, 04 septembre 2024

Quatre spectacles, programmés durant le Festival du théâtre expérimental, tournent autour de la guerre et ses séquelles. Pour leurs créateurs, le théâtre reste un acte de résistance incontournable.

La guerre dicte ses lois
Muet.

Le cri de Sulayman

Soucieux de dénoncer les crises politiques de la région arabe, le metteur en scène koweïtien, également dramaturge et fondateur de la troupe de théâtre Sabab, Sulayman Al-Bassam participe au festival avec sa plus récente production, Mute (muet).

La pièce aborde l’explosion du port de Beyrouth dont les répercussions ont secoué tout le Liban ; ses retombées socioéconomiques ont été catastrophiques. Le Liban a plongé depuis dans des crises successives et vu la corruption politique et économique. La pièce est interprétée par la comédienne syrienne Hala Omran, accompagnée de musique jouée en direct.

Muet est un texte poétique et politique à la fois dans lequel Al-Bassam teste les formes possibles de résistance face à l’escalade de la violence et à une manipulation médiatique sans précédent. Muet est aussi une métaphore personnelle de l’artiste qui choisit le silence absolu, la négation totale de la parole, comme forme souveraine d’expression.

Face à la dissolution des concepts politiques de gauche et de droite et aux changements géopolitiques qui s’opèrent dans le monde arabe, Al-Bassam pose la question suivante : comment définissons-nous la résistance artistique aujourd’hui ? Que se passerait-il si nous abandonnions les formes traditionnelles de critique narrative et posions le silence comme un outil de résistance ? (Les 8 et 9 septembre, à 20h, au théâtre Al-Falaki, Bab Al-Louq, centre-ville).

 La tour de Babel à l’envers


Babel. (Photo: Ida Zenna)​

 La mère de toutes les guerres est l’incompréhension. En raison de déclarations peu claires ou d’interprétations erronées, les conversations se terminent souvent par des disputes indésirables. Le déclencheur peut avoir été un geste, un langage corporel ou des expressions faciales. Dans le spectacle allemand Bab(b)el, les chorégraphes Fernando Melo et Roberto Scafati examinent conjointement les canaux de communication non verbaux et la dynamique de la compréhension : qu’est-ce qui sépare les gens et qu’est-ce qui les rapproche ? Bab(b)el, interprété par la troupe Theater Trier (théâtre de Trèves), repense l’histoire de la Tour de Babel à l’envers et montre, outre des scènes de solitude sans voix, des moments où les gens peuvent à nouveau communiquer, se comprendre et travailler ensemble malgré les barrières linguistiques.

Sur scène, tout est gris. Le bruit menaçant des avions militaires s’accentue. Devant un mur en noir, des gens rassemblés créent une sculpture en forme de tour. Les danseurs en noir représentent une personne malade, une personne blessée ou peut-être un misérable qui a besoin d’aide et doit être accueilli à nouveau dans la communauté humaine. D’innombrables chaussures tombent du ciel sur le sol. Des chaussures de morts, de martyrs de guerre ou encore de réfugiés. Mais ce sont aussi les chaussures que les gens doivent enfiler pour pouvoir contribuer à un monde meilleur.

Melo et Scafati utilisent l’histoire de la Tour de Babel dans l’Ancien Testament comme métaphore et comme symbole. La construction de la Tour ici signifie un rassemblement autour de l’humain et de la paix malgré la diversité des peuples.

Les chorégraphes décomposent le mur sombre paru à l’arrière-fond en éléments individuels et transforment les planches en partenaires de danse avec les danseurs sur scène. Et ce, dans une alternance de construction et de déconstruction, d’inclinaison, de redressement, de montée, d’abaissement, d’enchaînement, d’ouverture et de fermeture. (Les 6 et 7 septembre, à 21h, au théâtre Al-Samer, Agouza).

 Un citoyen, un pays


L’histoire de Darandash.​

Darandash’s Tale (l’histoire de Darandash) est un monodrame basé sur l’autobiographie du comédien iraqien Magued Darandash. Son histoire personnelle raconte aussi celle de son pays.

Magued Darandash avait fui le régime de Saddam Hussein et a souffert des difficiles conditions de vie sous l’embargo imposé sur son pays après l’invasion du Koweït. Il a choisi de s’échapper dans d’autres territoires : la Jordanie, le Yémen, l’Inde et l’Australie. Dans chaque pays, il faisait semblant d’avoir une identité différente afin de vivre en paix.

En 2009, le comédien est revenu chez lui, après la chute de Saddam Hussein. Il narre les années d’exil, de souffrance et de terrorisme. Une narration très touchante. (Le 4 septembre, à 20h, au théâtre des Marionnettes, place Ataba, centre-ville).

 Une femme dans les cellules israéliennes


Détenue.​

 Détenue, de la troupe Rassael, est le seul spectacle palestinien du festival. Ecrit et mis en scène par Moatassem Abou Al-Hassan, il mise sur l’expression physique d’une prisonnière dans les cellules israéliennes. Le spectacle nous emmène dans un voyage intense de douleur et d’oppression, loin de tout récit traditionnel d’héroïsme.

A travers un dialogue entre la prisonnière et son gardien de prison, les secrets d’une femme en tant que détenue se révèlent. Le spectacle dévoile d’autres histoires de prisonniers et de leurs familles. Avec les comédiens Shaza Yassine et Moatassem Abou Al-Hassan. (Les 7 et 8 septembre, à 18h, au théâtre Al-Talia, place Ataba, centre-ville).

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