Al-Ahram Hebdo : L’Ethiopie a installé deux nouvelles turbines sur le barrage de la Renaissance. Comment percevez-vous cette mesure ?
Abbas Sharaky : Techniquement parlant, la mise en place de deux turbines supplémentaires devrait, en cas de fonctionnement effectif, augmenter les quantités d’eau à destination de l’Egypte de 50 millions de m3 d’eau par jour. Mais il faut savoir que depuis le début de la construction du barrage, les deux turbines qui avaient été mises en place en 2022 ne sont entrées en fonction qu’il y a six mois. Aujourd’hui, deux autres turbines ont été mises en place, mais on ne sait pas quand elles entreront en fonction. Donc, on ne peut pas parler de bénéfices pour les pays en aval.
— L’Ethiopie avait au départ annoncé que le barrage compterait 13 turbines. Aujourd’hui, quatre seulement ont été installées. Quel effet cette situation aura-t-elle sur les quantités d’eau envoyées à l’Egypte ?
— Toute turbine manquante réduit les quantités d’eau qui arrivent à l’Egypte. A l’origine, l’Ethiopie avait annoncé que son barrage compterait au total 16 turbines, mais a par la suite baissé leur nombre à 13. Jusqu’à aujourd’hui, seules quatre ont été installées, dont deux seulement fonctionnent réellement. Elles laissent passer 50 millions de m3 d’eau par jour. Les deux premières, qui devaient être installées en 2014, ont été mises en place en 2022. Leur fonctionnement n’est devenu régulier que cette année. Les Ethiopiens affirment que vers la fin de l’année, trois turbines supplémentaires seront installées. Avant la construction du barrage éthiopien, l’Egypte recevait durant la saison des crues entre 500 et 600 millions de m3 d’eau par jour.
— Pourquoi, selon vous, l’Ethiopie a fermé les trois vannes de son barrage ? Est-ce pour empêcher le passage de l’eau vers les pays en aval ?
— Le barrage de la Renaissance possède 6 vannes. Elles s’ouvrent seulement en cas d’urgence durant la crue du Nil et lorsque la quantité d’eau dépasse la capacité du stockage du barrage.
Le lac de stockage contient environ 54 milliards de m3 d’eau après ce cinquième remplissage. Donc, l’Ethiopie se trouvera obligée d’ouvrir ces vannes durant la crue du Nil, pour éviter qu’une catastrophe ne se produise. L’eau passe en cas de fermeture des vannes par les turbines. Mais lorsque le stockage sera arrivé à sa capacité maximale de 64 milliards de m3, l’Ethiopie sera obligée d’ouvrir les portes du barrage.
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