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Gaza dans l’expectative

Abir Taleb , (avec AFP) , Mercredi, 28 août 2024

Les discussions pour une trêve à Gaza butent toujours sur des questions essentielles. Malgré le blocage actuel et la poursuite de la guerre sur le terrain, les médiateurs tentent de faire pression pour parvenir à un accord.

Gaza dans l’expectative
(Photo : AFP)

Tous les regards étaient tournés cette semaine vers Le Caire, où d’intenses échanges diplomatiques se sont tenus du jeudi 22 au dimanche 25 août en présence des chefs de renseignement égyptien, qatari et israélien, ainsi que du directeur de la CIA dans l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Le Hamas n’a pas participé directement aux pourparlers, mais une délégation du mouvement a rencontré au Caire les médiateurs égyptiens et qataris, selon un cadre du Hamas, avant de quitter l’Egypte dimanche 25 août.

Malgré ce ballet diplomatique, l’heure de la trêve n’a pas encore sonné. Suite aux discussions menées au Caire, aucun accord n’a été trouvé. Ni le Hamas ni Israël n’ont accepté les compromis présentés par les médiateurs, ont annoncé des sources de sécurité égyptiennes. Les envoyés du Hamas ont « rencontré les médiateurs égyptiens et qataris qui les ont informés des résultats des dernières négociations », a affirmé Ezzat Rishq, l’un des cadres du Hamas, qui a réitéré que les positions du mouvement restent inchangées, à savoir « un cessez-le-feu complet, un retrait complet des troupes israéliennes, le retour des déplacés, l’entrée de l’aide humanitaire, la reconstruction et un accord d’échange » entre prisonniers palestiniens et otages à Gaza. Le Hamas estime également qu’Israël a ajouté trop de nouvelles conditions au plan proposé par le président américain, Joe Biden, en mai dernier.

Les négociations sont dans l’impasse depuis des mois, malgré les récentes déclarations américaines selon lesquelles elles seraient en phase finale. Les discussions achoppent en outre toujours sur le couloir de Philadelphie, dont Israël veut garder le contrôle, ce qui est catégoriquement rejeté par Le Caire (voir article page 8) et par le Hamas, qui exige également l’arrêt total des combats et un retrait des forces israéliennes de l’ensemble de la bande de Gaza.

« Chaque partie est intransigeante et considère que ses exigences sont liées à sa sécurité nationale. C’est pour cela que les discussions sont difficiles », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques. Et d’ajouter : « Parmi ses exigences, le Hamas a donné une liste de noms de prisonniers dont il demande la libération mais qu’Israël refuse de libérer ».

Paradoxe américain

En dépit du blocage actuel, Washington insiste sur le fait de se montrer optimiste. Un haut responsable américain a qualifié les pourparlers de « constructifs », affirmant que le processus se poursuivra « dans les jours à venir par l’intermédiaire de groupes de travail chargés d’examiner les questions en suspens et les détails ». « Les groupes de travail se réunissent et se parlent, donc il y a toujours du progrès et notre équipe sur place continue à dire que les discussions sont constructives », a déclaré, lundi 26 août, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

S’adressant aux journalistes lors d’un point presse en ligne, John Kirby a réfuté les informations selon lesquelles les discussions auraient pris fin. « Les pourparlers ont progressé à un point tel qu’ils ont estimé que la prochaine étape logique était d’avoir des groupes de travail à des niveaux inférieurs pour (…) régler des détails plus précis ». Les groupes de travail évoqueront notamment le nombre d’otages pouvant être échangés, leur identité et le rythme de leur libération potentielle, ainsi que les prisonniers palestiniens qui seront libérés, a indiqué John Kirby. « Nous nous attendons à ce que ces discussions (…) continuent au moins ces prochains jours », a-t-il indiqué, assurant que la situation sur le front nord entre Israël et le Hezbollah libanais « n’a pas eu de conséquences » sur les discussions.

En effet, c’est la position des Etats-Unis qui peut, dans les jours à venir, changer la donne. Selon Mona Soliman, un dilemme existe toutefois. « Les Etats-Unis font actuellement pression sur Israël parce qu’il est dans l’intérêt de l’Administration de Joe Biden de finir la guerre avant l’élection de novembre prochain ou au plus avant la fin du mandat de Biden. C’est pour cela qu’à mon avis, il peut y avoir un accord d’ici à quelques semaines. En revanche, selon certaines informations, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, aurait rencontré Donald Trump lors de sa dernière visite aux Etats-Unis en juillet et les deux hommes se seraient mis d’accord de prolonger la guerre jusqu’à l’élection, pour que ce soit Trump qui mette fin à la guerre, s’il est élu »

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