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L’axe de Philadelphie, ligne rouge pour l’Egypte

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 28 août 2024

L’Egypte a réaffirmé à nouveau cette semaine son opposition catégorique à la présence permanente des forces israéliennes dans l’axe de Philadelphie. Décryptage.

L’axe de Philadelphie, ligne rouge pour l’Egypte
(Photo : AFP)

L’axe de Philadelphie (Salah Al-Dine) a été au coeur des négociations israélo-palestiniennes tenues au Caire cette semaine. Après plus de dix mois de guerre à Gaza, la demande d’Israël de contrôler en permanence ce corridor frontalier entre l’Egypte et l’enclave palestinienne complique la conclusion d’une trêve.

L’Egypte, qui a accueilli le 25 août une nouvelle phase des négociations en présence des médiateurs qataris et américains, a réaffirmé son opposition à toute présence israélienne permanente dans l’axe de Philadelphie. Ainsi, l’Egypte a rejeté une proposition israélienne de construire huit tours de guet, ainsi qu’une proposition américaine de construire deux tours sur ce corridor de 14 kilomètres.

Un retrait israélien non négociable

Le Hamas, qui a refusé de participer aux négociations du Caire, s’est contenté d’envoyer au Caire le 24 août une délégation pour s’informer des développements des pourparlers. Le mouvement palestinien accuse Israël d’avoir ajouté de « nouvelles conditions », notamment sur le maintien de troupes israéliennes le long du couloir de Philadelphie. Le Hamas exige un retrait complet des troupes d’occupation de toute la bande de Gaza, couloir de Philadelphie inclus, une condition considérée comme sine qua non pour la signature d’un accord.

Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, répète que l’armée israélienne doit avoir le contrôle de cette zone stratégique. Israël avait affirmé le 22 août qu’elle n’accepterait pas d’accord de trêve à Gaza sans « le contrôle du couloir de Philadelphie, afin d’empêcher un réarmement du Hamas », indique le bureau de Netanyahu.

De son côté, des sources égyptiennes de haut niveau avaient nié l’existence d’accords ou d’ententes entre l’Egypte et Israël concernant l’axe de Philadelphie.

La chaîne Al-Arabiya a affirmé qu’Israël souhaitait se retirer à 3 kilomètres de l’axe de Philadelphie. L’Egypte, pour sa part, exige un retrait complet d’Israël de l’axe de Philadelphie, mais « pour éviter de perturber l’accord, Le Caire souhaite que le retrait se fasse en deux étapes », a annoncé la chaîne. Assurant que le retrait total des troupes n’est pas une option négociable par Le Caire.

Allégations non fondées

Les Israéliens prétendent que des opérations de contrebande d’armes ont lieu à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza. Leur seul et unique objectif est de « justifier leur stationnement dans (l’axe de Philadelphie) ». Ce sont des allégations que l’Egypte a déjà niées à plusieurs reprises, explique le général Nasr Salem, expert militaire et conseiller auprès de l’Académie militaire. « Toutes ces allégations sont non fondées. Le Caire a pris des mesures qui ont conduit à la fermeture des tunnels dans cette zone depuis 2014, ce qui signifie l’arrêt de toute éventuelle opération de contrebande », explique l’expert.

Le président de l’Organisme général de l’information, Diaa Rashwan, avait également rappelé dans un communiqué de presse en janvier dernier, en réponse aux prétentions israéliennes, que l’Egypte « a renforcé le corridor frontalier avec la bande de Gaza, qui s’étend sur 14 kilomètres. Celui-ci est doté d’un mur de béton de 6 mètres de long au-dessus du sol et de 6 mètres sous terre, il y a donc 3 barrières entre le Sinaï et la ville palestinienne de Rafah, avec lesquelles toute opération de contrebande est impossible, que ce soit en surface ou sous terre ».

Nasr Salem tient également à rappeler que les relations entre l’Egypte et Gaza ne sont pas régies seulement par l’accord de paix avec Israël, mais également par l’accord sur les points de passage signé en 2005 et précisant que le côté palestinien des points de passage est géré par l’Autorité nationale palestinienne. « Les Israéliens essayent de saisir toutes les occasions pour compromettre cet accord et imposer la politique du fait accompli concernant le droit d’établir une force d’occupation, ce que l’Egypte rejette radicalement. C’est une question indiscutable », dit-il.

Manoeuvres israéliennes

Salem souligne qu’Israël veut une présence permanente dans la zone tampon de Philadelphie, car ainsi, l’Etat d’occupation contrôlera Gaza de tous les côtés et pourra mieux contrôler les Palestiniens en leur imposant de nouvelles restrictions, sous le même et unique prétexte de vouloir anéantir le Hamas. Il ajoute également que cette condition nouvellement imposée dans les négociations est pour Netanyahu le seul moyen de prolonger la guerre à Gaza pour se protéger de la colère des familles des otages et éviter d’être jugé par la justice internationale.

Cependant, l’expert estime que la proposition américaine garantissant un retrait progressif selon un calendrier fixe des forces d’occupation du passage de Philadelphie est négociable par l’Egypte. « Cette proposition garantit à la fois le retrait final des troupes israéliennes de cette zone tampon et la mise en oeuvre d’un accord de trêve », explique Salem, qui conclut que l’Egypte poursuivra ses efforts dans les négociations et ne renoncera jamais au retrait complet d’Israël de l’axe de Philadelphie et du passage de Rafah.

L’Egypte a informé le 25 août la délégation israélienne qu’elle coordonnerait uniquement avec la partie palestinienne au sujet du point de passage de Rafah .

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