Le trio formidable : Amina Khalil, Mohamad Mamdouh et Hicham Magued.
Parfois, tout ce dont le spectateur a besoin est de rire. Avec l’agitation de la vie, il est important de faire une pause et de se livrer à l’humour, loin des tensions et de toute sophistication. Le film égyptien X Merati (l’ex de ma femme) mise sur la comédie de situation et la performance des héros, Hicham Magued, Mohamad Mamdouh et Amina Khalil. La comédie a marqué des recettes record tablant autour de 40 millions de L.E. et elle vient d’être projetée en Arabie saoudite et dans plusieurs pays arabes depuis le début du mois d’août.
Tout commence comme dans les comédies romantiques à l’américaine. On a affaire à un couple sympathique, le psychiatre Youssef Bakr, joué par Hicham Magued, et Sahar, campée par Amina Khalil. Ils élèvent l’enfant de cette dernière d’un premier mariage.
Ensemble, ils constituent une famille heureuse et stable, jusqu’à ce que Youssef soit convoqué pour effectuer l’examen psychique du dangereux criminel Taha, interprété par Mohamad Mamdouh. Au terme de ses années de prison, il compte sur ce test afin d’être libéré. Alors, il fait les yeux doux et joue au candide, jusqu’à convaincre Youssef de son innocence. Une fois sorti de prison, il se met à chercher son fils et son ex-femme qui a réussi à obtenir le divorce. Youssef découvre par hasard que ce criminel n’est que l’ex-mari de sa femme et le père de son enfant. D’où une série d’aventures et de quiproquos, offrant à la trame un goût de suspense hilarant.
C’est une comédie qui a vraiment tout ce qu’il faut là où il faut. Les dialogues, un régal et un plaisir pour les oreilles. Les scénaristes Karim Sami et Ahmad Abdel-Wahab forment un très beau tandem. Ils ont déjà signé quelques séries télévisées à succès telles que Azmi et Achgane, Khaled Nour wa Walado Nour Khaled (Khaled Nour et son fils Nour Khaled) et les deux tomes d’Al-Beit Beiti (la maison est la mienne), mais aussi des scénarios pour le cinéma comme Al-Machi (le flâneur), Al-Daawa Amma (invitation pour tous) et Al-Khétta Al-Ayma (un plan absurde).
L’ensemble frôle la caricature, puisque chacun des personnages cache une ou plusieurs facettes, alors que souvent ils ne cherchent qu’à montrer leur gentillesse. Une belle énergie est portée par les acteurs. La mise en images, les mouvements de la caméra et le montage permettent parfois de donner plus de vigueur aux propos et plus de fantaisie au récit et à ses développements.
Pour sa part, le réalisateur Moätaz Al-Touni sert au plus près ses sujets ou plutôt les quelques événements de la trame, en jouant d’une façon énergétique avec les focales, les échelles de plan, les légers mouvements de caméra, les zooms, pour traduire l’effervescence puis, au contraire, une ambiance cocasse qui se fend. Il parvient aussi à dessiner caricaturalement les traits de chacun des « vilains » ou la bande d’amis de Taha.
Le réalisateur casse un peu les codes des genres, en proposant de mettre au centre du film des thèmes comme la liberté et les sacrifices des parents pour leurs enfants, mais il ressasse sans grande subtilité certains clichés sarcastiques sur le monde des criminels. Les dialogues bondissent, quelques rires aussi, étant donné que le réalisateur excelle dans l’art de la dérision.
Un casting irréprochable
X Merati fait preuve d’une grande générosité s’agissant du jeu des comédiens. Tous les personnages sont sur un pied d’égalité. Le choix du duo Mohamad Mamdouh et Amina Khalil tient de la valeur sûre. Les deux comédiens ont une attirance, une connivence de tous les jours, ce qui leur a offert un grand succès dans leurs anciennes oeuvres communes.
La comédie repose essentiellement sur les épaules de Hicham Magued qui trouve là un rôle bien taillé, lui offrant la chance et l’aptitude d’aiguillonner son personnage avec autant d’humanisme et de spontanéité. Il livre une bonne performance, sans rien de plus par rapport à ses anciens rôles ; bref, il semble nager formidablement dans sa mer préférée.
Les comédiens sont tous bons et chacun a droit à sa petite scène de gloire. Parfois même les scénaristes introduisent précipitamment certains personnages dans la toile dramatique, comme celui du chauffeur de bus de l’école, campé par le jeune comédien Moustapha Gharib, ou le vilain, joué par Hamza Al-Aïli.
La musique de Mohamad Medhat, ainsi que la photographie d’Ahmad Gabr entretiennent une détente qui nous garde plongés dans les événements, alors que se cristallise le lien entre les deux rivaux à leur insu, Youssef et Taha, arrivés au bout de leur quête.
Suivant un rythme endiablé, les rires nous embarquent tout au long de cette comédie sans prétention.
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