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Le Caire et Ankara accélèrent leur rapprochement

Samar Al-Gamal , Mercredi, 07 août 2024

La visite cette semaine au Caire du chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, marque un nouveau dégel dans les relations égypto-turques, alors que la région est en ébullition après les assassinats israéliens en Iran et au Liban.

Le Caire et Ankara accélèrent leur rapprochement

Au cours d’une visite de deux jours, le ministre turc Hakan Fidan a parcouru l’Egypte de l’est à l’ouest, d’Al-Arich à la frontière avec Gaza à la nouvelle Alamein sur la Méditerranée, pour terminer son trajet au Caire. Il a visité les entrepôts logistiques du Croissant-Rouge qui acheminent l’aide aux Palestiniens avant d’être reçu par le président Abdel Fattah Al-Sissi et de tenir une séance de négociations élargie avec son homologue égyptien, Badr Abdelatty. Une activité qui reflète la dynamique du réchauffement entre l’Egypte et la Turquie, après une décennie d’animosité explicite et alors qu’Ankara attend une visite du président égyptien après celle en Egypte du président turc, Recep Tayyip Erdogan, au début de l’année.

Propulsées par le tremblement de terre en Turquie puis par la guerre à Gaza, les relations entre les deux pays, autrefois glaciales, se radoucissent progressivement, laissant entrevoir les prémices d’un printemps diplomatique. Les deux capitales semblent reconnaître les avantages mutuels d’une coopération plus étroite.

Les intérêts économiques ont été le principal moteur de ce rapprochement. L’Egypte, en tant que principal partenaire commercial de la Turquie en Afrique, joue un rôle crucial dans la stratégie économique d’Ankara, et Le Caire cherche à attirer davantage d’investissements turcs. Les deux pays ont annoncé qu’ils visaient à doubler le volume de leurs échanges commerciaux. « Nous avons convenu avec notre homologue turc d’attirer davantage d’investissements turcs et notre objectif est de porter les échanges commerciaux à 15 milliards de dollars dans la période à venir au lieu de 6,6 milliards actuellement », a déclaré Abdelatty lors d’une conférence de presse conjointe avec Fidan au Palais de Tahrir. Ankara est surtout intéressée par une coopération en matière d’énergie nucléaire, de gaz liquéfié et de tourisme.

Dossiers en suspens

Les deux parties ont convenu de préparer la première réunion du Conseil stratégique qui sera coprésidé par Sissi et Erdogan. Aucune date n’a cependant été fixée, laissant suggérer que des dossiers en suspens empêchent Sissi de se rendre en Turquie. Une source proche du dossier a laissé entendre que Le Caire attend davantage de démarches en ce qui a trait au soutien d’Ankara aux mouvements de l’islam politique et à l’ingérence turque en Libye.

« Nous avons discuté de l’importance de préserver l’unité de la Libye, d’organiser des élections et de rétablir l’unité des institutions, ainsi que du retrait des forces étrangères et des mercenaires de ce pays », a ainsi dit le chef de la diplomatie égyptienne, tout en saluant « la volonté de la Turquie de normaliser ses relations avec la Syrie ».

Au menu des discussions figurait également la tension dans la région après les assassinats par Israël du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en Iran et de Fouad Chokr, commandant du Hezbollah au Liban. La possible riposte de l’Iran a dominé les discussions.

« Notre région est entourée de feux de toutes parts, et nous accordons une attention particulière à la consultation entre nous. Il y a une escalade sans précédent qui pourrait conduire à une guerre régionale à grande échelle avec cette politique israélienne d’assassinats sans précédent », a dit Abdelatty. Plus tôt dans la journée, le président Sissi avait affirmé que le Proche-Orient se trouve « à un tournant critique », ce qui nécessite « le plus grand niveau de retenue ».

« Netanyahu veut mettre à feu la région et Israël représente une menace majeure pour la région », a insisté le ministre turc, critiquant les pays occidentaux pour leur soutien à Israël dans sa guerre génocidaire qui a tué environ 40 000 Palestiniens, en grande majorité des enfants et des femmes. Fidan a profité de l’occasion pour annoncer que, tout comme l’Egypte, la Turquie rejoindra le procès pour génocide contre Israël à la CIJ. Les deux parties ont affiché une position identique : une condamnation sans équivoque d’Israël et la nécessité d’agir pour éviter que l’escalade ne se transforme en guerre régionale.

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