Al-Ahram Hebdo : Avec la reprise des réunions du Dialogue national dans sa deuxième phase, le conseil des curateurs a décidé de discuter, comme premier dossier prioritaire, des législations relatives à la détention provisoire. Pour quelle raison ce dossier a-t-il été choisi ?
Talaat Abdel-Qawi : Dès la tenue de la première séance du Dialogue national il y a deux ans, le conseil des curateurs a décidé de travailler sur trois axes différents : politique, économique et social. Nous avons discuté de plusieurs dossiers et déterminé que nous commencerions nos sessions politiques dans cette phase par le dossier de la détention provisoire. Il est également important de noter que le timing de nos discussions est très pertinent, car il coïncide avec les séances au sein du comité législatif concernant les modifications du code pénal, y compris les articles sur la détention provisoire. Ainsi, il était indispensable de traiter ce dossier avec une cinquantaine de personnes de différentes tendances politiques pour parvenir à des résultats appropriés. Le conseil des curateurs a demandé aux parties intéressées d’envoyer leurs propositions concernant le dossier pour les formuler avant de présenter la version finale au président de la République qui, à son tour, les transmettra au Conseil des députés.
— Concrètement, qu’avez-vous discuté concernant ce dossier lors de la première séance qui a duré 12 heures ?
— Nous avons profondément discuté de 5 axes. Les participants se sont presque mis d’accord sur la réduction des périodes de détention, par exemple, 6 mois au lieu de 8 et 12 mois au lieu de 18, et ainsi de suite. Concernant l’article proposant des alternatives à la détention provisoire, les experts ont préféré le conserver tel quel, car chaque cas est différent. Les cas de détention provisoire dans le cadre de crimes multiples ou de mesures d’interdiction de voyage liées à des procès pénaux ne peuvent pas être traités de la même manière que les accusations dans des affaires de corruption. Nous avons également convenu que l’indemnisation des personnes injustement détenues est un droit constitutionnel et indispensable. Lors de la séance, les membres présents se sont accordés à dire que chaque personne injustement détenue doit reprendre son travail normalement et recevoir toutes ses cotisations. Elle devra également recevoir une indemnisation financière, probablement présentée par la trésorerie générale de l’Etat. Le conseil s’est aussi engagé à recommander la libération de certains détenus, saluant la décision présidentielle de libérer 79 détenus.
— Avant la tenue des séances, un lexique de la détention provisoire a été publié sur la page officielle du Dialogue national. De quoi s’agit-il ? Et quel en est l’objectif ?
— La détention provisoire est régie par des législations et des lois. C’est une question très importante, notamment en ce qui concerne les droits de l’homme. Il est également essentiel de définir de manière claire la terminologie utilisée pour expliquer aux Egyptiens ce qu’est la détention provisoire, sa durée, les mesures de précaution, les peines, le code pénal et le procès équitable. Ce lexique est très important pour chaque citoyen, car il leur permet de connaître tous leurs droits.
— Comment jugez-vous la décision du président du syndicat des Journalistes d’organiser une manifestation au sein du syndicat lundi dernier pour dénoncer la détention provisoire de 23 journalistes ?
— Chacun est libre de faire ce qu’il veut. Khaled Elbalshy assiste aux séances du Dialogue national et a présenté dans son discours quelques cas de détention provisoire concernant les journalistes, ainsi que des propositions. Leur affaire est présentée devant la justice, et c’est à elle seule de prendre les décisions qu’elle juge appropriées.
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