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Aux Etats-Unis, la campagne de tous les dangers

Abir Taleb , Mercredi, 17 juillet 2024

La campagne présidentielle américaine était déjà hors normes, elle se trouve basculée par la tentative d’assassinat de Donald Trump. Décryptage.

Aux Etats-Unis, la campagne de tous les dangers
Après le tir, Donald Trump s’est relevé sur scène, l’oreille en sang et le poing levé, en signe de défi. (Photo : AFP)

Un ex-président républicain candidat au retour victime d’une tentative d’attentat et en proie à des déboires judiciaires, un président démocrate candidat à sa propre succession mais de plus en plus mis en cause au sein de son propre camp en raison de sa sénilité … Rien ne va plus aux Etats-Unis où la campagne pour la présidentielle de novembre 2024 s’annonce comme l’une des insolites de toutes, si ce n’est la plus insolite.

Dans un rebondissement digne des films hollywoodiens, une tentative d’assassinat a visé l’ex-président américain, Donald Trump, samedi 13 juillet, en plein meeting en Pennsylvanie. Trump a été légèrement blessé à l’oreille droite. Le tireur, identifié, est mort, ainsi qu’un spectateur. Deux autres personnes ont été grièvement blessées. Le tout, sous l’oeil des caméras.

Avant d’être évacué, Trump s’est relevé sur scène, l’oreille en sang et le poing levé, signe de résistance. Une image qui, depuis, n’a cessé de circuler en boucle sur les chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux. Une image forte en symbole, celle d’un candidat que rien ne peut arrêter. Et qui marquera sans aucun doute un tournant dans la campagne électorale pour la prochaine présidentielle prévue en novembre prochain, d’autant plus qu’elle contraste avec celle du président démocrate Joe Biden, fatigué, vieillissant, multipliant les gaffes, et surtout de plus en plus lâché par son propre camp.

Donald Trump n’a pas tardé à reprendre les affaires politiques. Le lendemain, il est arrivé en star à Milwaukee (Wisconsin), dans le nord-est des Etats-Unis, pour la convention des républicains, qui a débuté lundi 15 et qui s’achève ce jeudi 18 juillet. Une grand-messe historique sous haute tension pour le désigner officiellement comme candidat des républicains et où sont présents quelque 50 000 cadres, élus et supporters républicains pendant quatre jours avec, au menu, des conférences, des réceptions et surtout des discours. Celui de Donald Trump attendu jeudi soir sera particulièrement scruté. Ce sera la première fois qu’il reprendra la parole après avoir frôlé la mort.

Des interrogations

Au-delà du show de cette convention, plusieurs questions se posent après cette tentative d’assassinat. Sur l’attentat lui-même et sur ses conséquences. Comment expliquer les failles sécuritaires qui ont permis une telle tentative d’assassinat ? Quels sont les motifs de son auteur ? Comment cela explique-t-il le malaise au sein de la société américaine ? Et surtout, quel impact sur la prochaine présidentielle ?

Selon les analystes, la tentative d’attentat risque de booster considérablement la popularité de Trump, qui entend surfer sur une vague de sympathie. Et ce, d’autant plus qu’autour de la candidature de son rival Joe Biden, la polémique n’a cessé de prendre de l’ampleur ces derniers jours. En face d’un Trump miraculé et l’air déjà triomphant, un Joe Biden embarrassé par ses multiples bourdes et par le débat autour de sa santé et de sa capacité à diriger la première puissance mondiale.

Dans un discours solennel prononcé depuis le Bureau ovale, le président américain a condamné toute violence politique au lendemain de la tentative d’assassinat contre son rival. « La politique ne devrait pas être un champ de bataille », a dit Biden. Le président américain, qui a parlé à son rival suite à la tentative d’assassinat, a plaidé pour « faire baisser la température » de la vie politique, assénant une fois de plus que « la violence n’a pas sa place en Amérique ».

Mais au-delà de ses déclarations de circonstance, après l’incident de samedi, Biden est, d’une certaine manière, contraint au silence. Impossible de continuer à faire campagne en attaquant frontalement son adversaire dans cette période. Cela ferait mauvais genre. Les interrogations autour de sa candidature, remise en cause par un nombre croissant de membres du parti, sont aussi temporairement en pause. Mais pour combien de temps ? Avant l’incident de Pennsylvanie, le camp démocrate était en proie à des divisions inédites concernant le maintien de Joe Biden. Un changement de candidat était demandé par une minorité grandissante d’élus, avec les risques que comporte une telle opération, inédite dans l’histoire récente de la présidentielle américaine. Or, les démocrates se trouvent aujourd’hui dans une situation encore plus délicate que celle qui prévalait à la veille du 13 juillet. Car il ne s’agit plus uniquement du débat autour de la santé de Biden, mais aussi du discours de la campagne électorale.

Mais la pause sera certainement de courte durée. Si Joe Biden insiste toujours à dire qu’il reste candidat et qu’il est le meilleur placé pour diriger le pays, communiqué après communiqué, ce sont maintenant près d’une vingtaine de parlementaires qui ont demandé à Biden de se retirer de la course à la Maison Blanche. Et le chiffre risque de croître d’ici à la convention démocrate, prévue du 19 au 22 août.

Reste à savoir si Joe Biden va, in fine, céder la place. Cela donnerait évidemment lieu à des rebondissements sans nom chez les démocrates, mais pourrait aussi grandement troubler à nouveau la campagne électorale.

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