Al-Ahram Hebdo : Qu’en est-il des nouveaux investissements des membres de Business France en Egypte ? Peut-on dire qu’il existe un intérêt croissant de la part d’entreprises françaises d’investir en Egypte ?
Romain Guizard : Business France est l’agence nationale en charge de l’internationalisation de l’économie française. A cet égard, l’agence accompagne les entreprises françaises dans leur développement à l’export, c’est notre première mission. Nous accompagnons également les investisseurs étrangers et les investisseurs égyptiens qui souhaitent investir en France. Nous sommes l’opérateur du Volontariat international en entreprise. Nous sommes également chargés de promouvoir l’attractivité de la France auprès des influenceurs, en collaboration avec le service de communication et de presse de l’ambassade. En réponse à votre question, oui, on a aujourd’hui constaté un regain d’intérêt des entreprises françaises, en particulier des Petites et Moyennes Entreprises françaises (PME), pour développer leur activité en Egypte et investir dans différents secteurs. C’est une mission que nous menons dans le cadre du dispositif de la Team France Export, qui associe le réseau des CCI (Chambres de commerce et d’industrie) et en particulier la Chambre de commerce et d’industrie française en Egypte. Les réseaux des partenaires référencés de Team France Export, qui sont à la fois des avocats, des consultants qui vont intervenir en appui de ces entreprises françaises qui souhaitent se développer à l’étranger. Bien évidemment, il y a également le service économique, l’Agence Française de Développement (AFD), le Conseil franco-égyptien des affaires et puis le Comité Egypte des conseillers du commerce extérieur de la France. Donc oui, davantage d’entreprises s’exportent et investissent en Egypte.
— Quels sont les secteurs d’intérêt des entreprises françaises en Egypte ?
— Nos entreprises sont intéressées par de nombreux secteurs. J’aimerais citer le secteur de la santé, en particulier celui des dispositifs médicaux et du tourisme médical, où il existe un vrai besoin et une vraie opportunité de développement et d’investissement. Nos entreprises sont aussi dans les secteurs des solutions d’élevage, le végétal, la Ed-tech, c’est-à-dire l’éducation et la tech appliquée à l’éducation, et qu’on mène en étroite association avec l’Institut français d’Egypte, qui est le service culturel de l’ambassade de France en Egypte. La fintech également, puis pour terminer tout ce qui a trait à l’industrie en Egypte, par là j’entends bâtiment, énergie renouvelable, architecture, électricité, travaux publics sécurité, ferroviaire, mer et maritime, ville durable et environnement. Plus précisément, dans le moment actuel, notre équipe accompagne des entreprises dans la cosmétique, la pharmaceutique, le traitement de l’air, dans les élevages des cantons, dans les arômes et les parfums appliqués à l’agroalimentaire, dans la pâtisserie, la grande distribution et dans les télécoms. On accompagne également de manière collective les entreprises françaises qui souhaitent se développer en Egypte et y investir à travers des missions en Egypte, en France et au Proche et Moyen-Orient. Et parmi ces missions figure le dispositif « l’export commence en France » qui est un dispositif très intéressant visant à accompagner nos partenaires égyptiens en France pour les mettre en relation avec des entreprises françaises qui pourraient répondre à leurs besoins en termes de fourniture de services et de produits.
— Un « Forum d’affaires Egypte » devrait se tenir en France à la fin septembre. En quoi réside l’importance de ce forum ?
— Ce forum est né du constat d’un déficit de visibilité des opportunités d’investissement en Egypte. Il a pour objectif de promouvoir le marché égyptien auprès d’entreprises et d’investisseurs français qui souhaitent investir en Egypte et nouer de partenariats avec des entreprises égyptiennes. Il est organisé par Business France, avec le soutien de l’ambassadeur de France en Egypte, en lien avec le service économique de l’ambassade, la Chambre de commerce et d’industrie française en Egypte, le Conseil franco-égyptien des affaires et le Comité Egypte des conseillers du commerce extérieur de la France. C’est une démarche collective qui associe aussi le GAFI (Autorité générale d’investissement égyptienne). Il sera composé de sessions plénières et de sessions d’entretien individuel, soit de B to B, qui visent à, encore une fois, pouvoir connecter cet écosystème d’entrepreneurs français aux acheteurs et aux partenaires égyptiens. C’est la première fois qu’on organise, à cette échelle-là, un forum qui se tiendra d’une journée à Paris (le 30 septembre) et d’une journée à Marseille (le 1er octobre). Il intervient trois mois après la tenue de la Conférence sur l’investissement Union européenne-Egypte. L’idée est de bien présenter une nouvelle Egypte qui comprend notamment un axe digitalisation très fort et repose à la fois sur les talents accessibles en Egypte et la main-d’oeuvre disponible compétente, y compris pour le sujet start-up innovation, à travers des infrastructures qui peuvent permettre de développer cette Syntech qui est déjà une des premières Syntech en Afrique. Ce n’est pas par hasard qu’une deuxième séquence se tient à Marseille, ceci dans la volonté de promouvoir l’Egypte dans son intégralité, y compris à travers la promotion de l’écosystème accessible à Alexandrie et dans l’Egypte dans son ensemble en promouvant cet axe Marseille-Alexandrie.
— Quel était le niveau de la participation française à la Conférence Union européenne-Egypte tenue au Caire il y a deux semaines ?
— Cette conférence est fondamentale. Je considère qu’il s’agit d’un momentum qui peut présenter des opportunités d’investissement et commerciales pour les investisseurs français et étrangers en général en Egypte. La France est un partenaire commercial de premier plan de l’Egypte, on est le deuxième partenaire commercial européen de l’Egypte avec près de 2 500 entreprises françaises qui exportent leurs produits et leur savoir-faire vers le pays. La présence française dans cette conférence était très remarquée et saluée par nos partenaires, amis, ainsi que par les autorités égyptiennes. Nous étions la première délégation avec environ 60 personnes dont plusieurs PDG, on entendait le français dans tous les couloirs et les équipes dirigeantes de grands groupes français établis en Egypte se sont rendues depuis la France à la conférence, mais on a eu la chance de pouvoir accompagner à cette occasion-là des PME françaises qui envisagent de faire des affaires en Egypte, que l’équipe de Business France a pu mettre en relation, d’une part, avec des potentiels partenaires égyptiens et, d’autre part, avec de grands groupes français déjà établis. C’était une très belle opportunité pour ces entrepreneurs d’avoir une meilleure compréhension des conditions d’accès au marché en Egypte. Pour Business France, c’était l’occasion aussi de rappeler la relation profonde que nous entretenons avec nos partenaires locaux. L’équipe de Business France travaille avec un réseau de 300 partenaires égyptiens. Le travail quotidien de Business France consiste à être à l’écoute de nos partenaires pour répondre le mieux à leurs besoins. Ces partenaires étaient présents à la conférence et donc l’une des raisons de notre participation à la conférence consistait à mettre en relation nos partenaires égyptiens avec les investisseurs européens, en particulier français.
— Y a-t-il de nouveaux secteurs que Business France aimerait exploiter ?
— Nous souhaitons davantage travailler avec l’Institut français d’Egypte sur les sujets liés à ses activités, et je pense en particulier aux sujets de l’éducation, des industries culturelles et créatives, ainsi que le sport. C’est important parce qu’on a une vraie expertise intéressante et attractive pour répondre aux besoins des Egyptiens dans ces domaines. Au niveau du sport, je veux mentionner en cette année olympique que l’organisation d’événements sportifs est une filière d’excellence française, sur laquelle nous serons heureux d’accompagner les entreprises françaises qui souhaitent se développer en Egypte. La dernière année s’est tenue la première séquence du tour de France en Egypte, au Sinaï, une autre étape se tiendra au début du mois d’octobre au Caire. Il y a un semi-marathon de sable qui devrait se tenir en Egypte, mais on n’a pas également de date. D’autre part, promouvoir l’éducation et la francophonie et promouvoir les liens entre la francophonie en Egypte et le développement des affaires franco-égyptiennes en Egypte nous est prioritaire. Beaucoup d’aventures entrepreneuriales des entreprises familiales égyptiennes sont marquées par un parcours éducatif dans des écoles francophones. Le renforcement de l’enseignement de la langue française développé par l’Institut français d’Egypte est pour nous un point intéressant à développer sur le plan d’investissement et sur le plan commercial.
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