L’idée est de sensibiliser les adolescentes pour augmenter leur chance de réussite à l’âge adulte.
Elles ne sont plus enfants, pas encore femmes et ont des besoins spécifiques. Et c’est pour répondre aux besoins des filles âgées entre 10 et 14 ans que le Conseil national de la femme a créé le programme Noura. L’idée est née suite à une rencontre entre Maya Morsy, présidente du Conseil national de la femme, avec une adolescente qui s’appelait Maya Abou-Zeid. Cette dernière voulait adresser un message au Conseil national de la femme : les filles de son âge ont besoin d’échanger des idées et des opinions, ce qui pourrait contribuer à l’épanouissement de leur personnalité et d’éviter tout dérapage durant cette période de l’adolescence marquée par d’importants bouleversements. « Le Conseil national de la femme accorde un grand intérêt aux programmes qui s’intéressent au développement de la nouvelle génération. Nous voulons faire prendre conscience aux jeunes filles de leurs droits, ce qui peut conduire à un changement dans la société. Quand l’autonomisation des filles se fait tôt, on évite d’avoir plus tard des femmes victimes de violence ou d’ignorance », déclare Maya Morsy, présidente du Conseil national de la femme.
Une poupée portant le nom propre Noura a été créée. Elle est devenue le symbole dont s’inspire Maya Abou-Zeid. La stratégie du programme est de se rendre dans les villages lointains de Haute-Egypte pour doter les filles de connaissances utiles à la vie courante. Les facilitatrices chargées de simplifier cette action de grande envergure ont suivi un stage de formation à Assiout et à Sohag. Des villes où habitent les personnes bénéficiaires du projet national « Vie décente ». Ces dernières avaient véritablement besoin d’une éducation sensible au genre afin de compléter les objectifs durables de développement 2030. Les facilitatrices, dont l’âge varie entre 18 et 24 ans, sont issues du même village que les adolescentes participant au programme Noura. Leur mission est d’offrir aux adolescentes des séances de formation d’une durée de 10 mois répartis sur 40 semaines. « Nous avons participé à plusieurs activités visant à renforcer la confiance en soi. Nous avons également reçu une formation en narration pour apprendre à raconter des histoires. En plus, nous avons suivi un programme d’entraînement pour développer des habiletés sociales, comme apprendre à communiquer avec les filles, les comprendre et parvenir à résoudre leurs problèmes », relate Doaa Abdel-Rahman, facilitatrice à Assiout. Elle ajoute que la période de formation a été très bénéfique. Les facilitatrices aident les filles à parler d’elles-mêmes, à raconter leurs soucis ou à aborder n’importe quel sujet pour mener plus tard une vie saine, tracer leur chemin et réaliser leurs rêves.
Parler aux ados et à leurs parents
Le programme Noura est également destiné aux parents des adolescentes qui sont également sensibilisés afin d’inciter leurs filles à profiter du programme. « Au début, mes parents n’ont pas apprécié le fait que je participe à un programme d’autonomisation craignant de perdre leur autorité sur moi », raconte Marianne, 12 ans. C’est bien la raison pour laquelle le programme devait sensibiliser les membres de la famille tout en leur faisant comprendre que l’indépendance des filles pourrait avoir un impact positif sur leur vie. « Noura m’a appris comment faire un planning journalier pour bien gérer mon temps entre les études et les loisirs. J’aimerais que mes proches suivent ce programme », décrit Marianne. L’impact de Noura est évident, puisque les familles de Haute-Egypte ont autorisé à leurs filles de faire du sport en s’inscrivant dans les centres de jeunesse. « Les filles ont commencé à s’exercer aux jeux de combat comme le karaté et le taekwondo. Des activités sportives qui permettent d’évacuer le stress, d’améliorer leur santé psychique et se protéger contre les différentes formes de violence externe », énumère Hébatallah Zakariya, facilitatrice. Le sport n’est pas le seul moyen qui aide les filles à s’exprimer et avoir confiance en elles-mêmes ; le programme Noura leur donne également la possibilité de jouer des rôles de personnages dans de petites pièces de théâtre. « Ces pièces abordent des problèmes ou des phénomènes sociaux tels que le mariage précoce ou l’excision et se terminent avec une morale pour bannir ces pratiques barbares », explique Hébatallah. Le programme Noura fait tout pour que la fille ne soit plus victime de certaines traditions qui lui sont nuisibles. Car ce n’est pas parce que les parents n’ont pas eu de chance en éducation qu’il faut rester inactif.
Apprendre aux filles à se défendre et à négocier est l’un des objectifs du programme Noura.
Toucher à tous les domaines
Le programme Noura est conscient que les filles et les femmes sont des acteurs-clés du développement en Egypte, qui compte 9 millions de filles dont l’âge varie entre 10 et 19 ans, dont le tiers vit dans des zones rurales. Le programme signale que si la femme participe au marché du travail après l’âge de 18 ans, elle pourra contribuer à l’augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB) jusqu’à 34 %.
Dans ce même contexte, le programme Noura a appris aux filles comment gérer leur argent tout en appuyant sur l’importance de faire des économies. « De temps en temps, le Conseil national de la femme nous envoie des spécialistes en économie, en santé et dans d’autres domaines. Le programme nous a fourni les sources nécessaires contribuant à notre formation. Cette expérience d’acquérir des connaissances plus claires et plus précises nous aide à bien choisir les sujets traités sur Internet », affirme Aya, 14 ans.
Développer les différentes compétences des filles n’est pas uniquement le souci du Conseil national de la femme, puisque le ministère de la Solidarité sociale a adopté en 2023 un autre programme complémentaire à celui de Noura, intitulé « Des Filles leaders », qui vise à une égalité des chances dans l’éducation. « Le ministère de la Solidarité sociale consacre 500 millions de L.E. pour soutenir l’égalité des chances dans le processus de l’éducation. Par ailleurs, le taux des filles qui bénéficient de l’éducation communautaire s’élève à 57 %. D’un autre côté, le soutien financier est accordé sous conditions : les filles doivent aller à l’école et ne pas se marier avant l’âge de 18 ans », précise Nevin El-Kabbaj, ex-ministre de la Solidarité sociale.
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