
Le sacrifice fait partie des rites du pèlerinage.
Hadj. « Ce mot, qui signifie pèlerinage, existe dans la langue de l’Egypte Ancienne et signifie blanc », souligne le coptologue Louay Saïd, dont la thèse de doctorat porte sur la religion dans l’Egypte Ancienne. Beaucoup de rites et de traditions pratiqués aujourd’hui trouvent leur origine dans des époques lointaines. En effet, les premières traces du rite du pèlerinage remontent aux époques de la préhistoire et de la prédynastie. « Par exemple, on trouve des représentations de la divinité céleste Nieth sur des bateaux, gravées sous plusieurs formes dans les grottes préhistoriques sur la route Qift-Al-Qosseir. On la voit dans son sanctuaire sur un bateau symbolisé par des flèches croisées », explique Khaled Saad, directeur général du département de la préhistoire au ministère du Tourisme et des Antiquités.
Néanmoins, les rites du pèlerinage ont vu le jour dès la première dynastie de l’Egypte Ancienne à Abydos, dans le gouvernorat de Sohag en Haute-Egypte. Ce site est devenu le principal lieu de pèlerinage à partir des premières dynasties de l’Egypte Ancienne. Ce pèlerinage, étroitement lié au fleuve du Nil, était le voyage saint le plus important pour l’Ancien Egyptien. « Parmi les indications les plus claires d’une telle excursion sainte, on trouve les scènes qui ornent les parois de la tombe de Mey Roca à Saqqara. On y voit la divinité Wobwawout, prenant la forme d’un chien, gravée sur le devant des bateaux naviguant pour le pèlerinage vers Abydos », souligne Saad, expliquant que « si le visage de Wobwawout est gravé vers le sud, cela indique le départ du bateau vers Abydos, et si son visage regarde vers le nord, cela indique le retour des pèlerins ».
Ce constat est partagé par l’égyptologue et inspecteur en chef au ministère du Tourisme et des Antiquités, Magdi Chaker, mettant en avant la période privilégiée du pèlerinage, qui est la saison Chemou, ou l’été, bien que le pèlerinage soit possible tout au long de l’année. Selon Chaker, la plupart des pèlerins portaient des habits blancs courts. « Ces vêtements couvraient le côté gauche du pèlerin, là où se trouve le coeur, qui est la source des péchés et des douleurs », précise-t-il. Le pèlerin devait également offrir un taureau en sacrifice, examiné par les prêtres avant d’être abattu. « Les prêtres examinaient la langue de l’animal, comptaient le nombre de poils de sa queue et sentaient l’odeur de son sang. Une fois le taureau accepté comme sacrifice, il était orné de fleurs, et le pèlerin lui attachait une cloche au cou pour lui accorder une importance ultime en lui donnant la meilleure qualité de nourriture », ajoute Chaker. Le sacrifice était ensuite réparti en trois parties : un tiers pour les prêtres, un tiers distribué aux pauvres et un tiers conservé par le pèlerin lui-même.
Parmi les traditions pratiquées, le pèlerin devait se laver, se purifier et se parfumer. Il devait aussi laisser à Abydos un marqueur comme une stèle ou une statue de granite ou d’argile, sur laquelle étaient inscrits ses souhaits, désirs et prières. « Ces offrandes votives, ayant pour but d’éterniser le nom du pèlerin auprès d’Osiris, variaient en matière et en taille selon les ressources économiques du pèlerin », explique l’égyptologue, soulignant que le pèlerinage était très coûteux, chaque étape demandant des frais considérables. Seule la couche sociale riche pouvait se permettre une telle excursion sainte.

S’agenouillant en priant apaise l’âme souffrante, pensaient les Anciens Egyptiens.
Pour le grand public, graver les rites du pèlerinage sur les parois de la salle verticale de sa tombe était une manière de participer symboliquement au pèlerinage à Abydos, même sans s’y rendre. Parfois, des colliers d’amulettes ornés par le symbole de la divinité de l’au-delà, Osiris, étaient portés.
Les égyptologues soulignent que dans l’Egypte Ancienne, le pèlerinage était également valable pour les morts. Ainsi, la famille du défunt amenait sa momie dans le bateau du pèlerinage, débarquait à Abydos et accomplissait toutes les pratiques saintes pour réaliser le pèlerinage en son nom.
Par ailleurs, des milliers d’assiettes votives en argile ont été découvertes à Abydos. « Il s’agit de petites assiettes contenant des céréales et de l’encens offertes aux divinités », précise Saad. Les missions archéologiques ont également révélé sur le site d’Abydos les tombes des souverains de la première dynastie, tels que les rois Den, Edimou, Rahourakhti et Djer, ainsi qu’un magnifique temple du roi Séthi Ier, renfermant la liste des souverains égyptiens depuis la Ire dynastie jusqu’à la XIXe, soulignant la valeur religieuse d’Abydos depuis les débuts de l’Egypte Ancienne jusqu’à la XXXe dynastie.
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