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Un thriller réussi à l’américaine !

Yasser Moheb , Jeudi, 25 avril 2024

Amr Youssef et Mohamad Mamdouh partagent l’affiche de l’un des meilleurs films d’action de ces dernières années. Le nouveau long métrage Chëo (mon pote) fait des millions d’entrées depuis la fête du petit Baïram.

Un thriller réussi à l’américaine !
Yousra, une femme à poigne de la haute société.

Grâce à une action à l’américaine, un suspense bien construit et deux histoires d’amour tant opposées qu’acharnées, le film Chëo (mon pote) taille le portrait d’une communauté d’escrocs et d’une génération perdue qu’incarne un casting regroupant des talents émergents.

Le film réunit à nouveau le quatuor Amr Youssef, Mohamad Mamdouh, Dina Al-Cherbini et Amina Khalil, huit ans après avoir présenté avec grand succès la télésérie Grand Hôtel, projetée au Ramadan 2016. Ils présentent cette fois-ci un thriller à l’ancienne, avec suspense, action et mystères à résoudre.

Inspirés du roman Prince of Thieves (prince des voleurs) de l’écrivain américain Chuck Hogan — comme marqué dans le générique — les événements tournent autour d’un duo d’amis hors-la-loi, Ismaïl, interprété par Amr Youssef, et Hégazi, campé par Mohamad Mamdouh. Ils se livrent à des activités criminelles avec l’aide d’une bande de vilains : Kanni, joué par Ahmad Fahmy, et Mahrous, interprété par Mohamad Gomaa.

Envoyés par une femme de la haute société (interprétée par Yousra) pour cambrioler un vieux riche et malade, ils tombent sur Fatma (Dina Al-Cherbini), l’infirmière de leur victime, qui reçoit un coup sur la tête.

Ismaïl tombe amoureux d’elle. Ce coup de foudre le pousse à la demander en mariage, bien qu’elle ne soit pas au courant qu’ils étaient deux malfaiteurs.

Cette décision fait naître un premier grand malentendu entre les deux voleurs qui avaient l’habitude d’appeler l’un l’autre « chëo », ce qui veut dire mon frère ou mon pote.

Ismaïl veut faire peau neuve et échapper à tous ses problèmes, alors que Hégazi cherche à continuer sa vie comme si de rien n’était, et ce, malgré les essais de sa bien-aimée Fotna, une danseuse de cabaret, campée par Amina Khalil. Cependant, les actions illégales des deux cops les conduisent à d’autres crises majeures aux conséquences graves.


Amr Youssef, un gangster hollywoodien.

Un pitch fidèle au genre

Le scénario de Wessam Sabri est assez labyrinthique. C’est toujours le cas dans ses oeuvres où il y a toujours l’idée du labyrinthe mental, le vrai challenge des spectateurs.

On se sent pourtant plongé dans la pâte des films d’action classiques, pas tout à fait fidèle au roman américain Prince des voleurs. Le scénariste, signant sa quatrième oeuvre, présente une histoire traditionnelle et énergique, que l’on croirait sortie tout droit des polars des années 1970-80. Plein d’autres films égyptiens et étrangers ont déjà adopté des thèmes similaires, mettant en avant la relation d’un duo d’enfer, avec beaucoup d’actions, de fusillades et de destructions plutôt réussies, notamment les scènes de poursuite dans les ruelles du Caire.


Mohamad Mamdouh, plus charismatique que jamais.

Gangsters hollywoodiens

Il y est question aussi de clichés très fréquents dans les films d’action à l’américaine, avec des acteurs crédibles, parfois caricaturaux. Le scénario voulu policier reste à mi-chemin entre l’esprit vilain des membres de la mafia et celui raisonnable à la Spartacus, mais avec un canevas qui reste assez prenant et captivant. Il est rythmé par de l’action et quelques sourires qui sont les bienvenus.

En quelques minutes, on ne sait pas si la compassion qu’on éprouve pour ces cambrioleurs est légitime ou pas. Donc c’est un peu alambiqué, mais pour rassurer les spectateurs, les héros vont quitter leur entourage, après tous les crimes qu’ils ont commis, afin de laisser la parenthèse ouverte pour pouvoir attendre un nouveau tome de ces aventures des deux potes, à l’instar des héros « larrons sympas » de la télésérie Bi 100 Wech (à 100 faces).

L’aspect le plus marquant du film est sans doute son impact visuel et émotionnel. Dans cet univers sombre et tendu, poursuites ahurissantes, action et fusillades se succèdent à un rythme d’enfer. Tandis que les deux héros du film, habillés de noir, à la démarche pesante et aux biceps bien gonflés, ne font qu’imposer leurs propres lois.


Amina Khalil, danseuse de cabaret vulgaire.

Le réalisateur Karim Al-Sobki, issu d’une famille de producteurs réputés pour leurs films ludiques, reste aussi dans le registre du cinéma grand public. Chëo constitue son quatrième film en tant que réalisateur, après pas mal d’expériences dans la production aux côtés de son père Ahmad Al-Sobki. Avec ce dernier film, il affirme avoir son propre style et une vision spéciale en ce qui concerne le thriller.

Par ailleurs, le succès du long métrage repose essentiellement sur son casting. Le personnage principal d’Ismaïl, mi-bon mi-vilain, est usité mais toujours classe et plus ou moins stylé. Amr Youssef a respecté le look des « gangsters hollywoodiens ». Cela va de pair avec les décors des ruelles qui n’offrent aucune ambiance égyptienne dans la majorité des scènes. Youssef ne parle pas beaucoup, joue les gros bras et abat à lui tout seul une bande de méchants costaux bien armés ! Il tient bien son rôle et l’on peut vraiment dire que ce type de protagonistes lui va bien, tant sur le plan dramatique que physique.

Néanmoins, Chëo reste un must pour les fans de Mohamad Mamdouh ! La star, dont la réputation n’est plus à faire, offre cette fois une prestation assez compacte nécessaire au rôle, une prestation bien à la hauteur de sa verve et de ses capacités artistiques. D’une puissance charismatique, Tayson, comme l’appellent ses amis et ses fans, se donne corps et âme à son rôle de gangster. Il offre à son personnage une véritable force et dévore l’écran avec son flegme et sa densité de prestation.

Amina Khalil peut être considérée comme la belle surprise de cette oeuvre. Campant habilement le personnage d’une danseuse populaire assez vulgaire, elle prouve qu’elle a encore beaucoup à donner. Dina Al-Cherbini campe également un rôle qui lui va à merveille, scintillante comme d’habitude, même si son personnage est souvent basé sur ses capacités d’interprétation plus que sur une profondeur scénaristique. Elle y met de la tendresse et de la simplicité absolument prenantes.

Bref, Chëo est une vraie réussite pour toute l’équipe de travail, mais il ne se pose pas dans le plus haut du panier des chefs-d’oeuvre du genre.

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