Le comité de tarification des produits pétroliers a décidé la semaine dernière d’augmenter le prix du diesel de 21,2 % pour le situer à 10 L.E. le litre contre 8,25 L.E. pour la première fois après 10 mois de stabilisation.
La hausse du diesel, le combustible le plus utilisé dans les moyens de transport et certaines industries, soulève des interrogations sur les prix des différents biens, surtout avec les tentatives gouvernementales de faire baisser les prix.
« Cette hausse de 20 % du diesel ne se traduira que par une augmentation minime des prix destinés au consommateur, notamment en ce qui concerne les moyens de transport publics, les chemins de fer et les poids lourds », note à l’Hebdo Mohamed Al-Bahey, membre de la Fédération égyptienne des industries, affirmant que le diesel n’entre plus autant qu’avant dans le processus industriel. « La plupart des usines sont passées aujourd’hui au gaz naturel parce qu’il est moins coûteux », explique Al-Bahey. Et d’ajouter que 70 % des boulangeries travaillent aujourd’hui avec le gaz naturel. Dina Al-Wakad, analyste à Ostoul Capital Group, affirme que la hausse du prix du diesel n’affectera que minimalement les perspectives de l’inflation. Celle-ci devrait baisser en mars à 32,7 % contre 36,4 % en février.
Vers l’autosuffisance
Selon les chiffres de l’Agence centrale de la mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS), l’Egypte a consommé en 2023 environ 14,3 millions de tonnes de diesel. 5,1 millions de tonnes étaient importés en 2023 contre 3,3 millions en 2022. « Le problème est que nous importons aujourd’hui environ 30 % de nos besoins en diesel. C’est la raison pour laquelle ce carburant a été affecté par la libéralisation des taux de change », ajoute Hafez Salmawy, expert pétrolier. Selon lui, la différence entre les coûts de production et les prix destinés à la consommation demeure grande, même après la hausse.
Pour combler la lacune, l’Etat s’oriente vers les énergies propres et une autosuffisance en diesel via un plan de développement des raffineries. Un projet de raffinage du diesel, d’un coût de 8 milliards de dollars, avait été lancé il y a 4 ans et sera finalisé fin 2024. « Il sera mis en oeuvre au niveau des raffineries d’Assiout, de Mostorod de la compagnie ERC, ainsi que des raffineries des projets Medor et Suez. L’objectif est d’améliorer la qualité du diesel. L’un des problèmes en Egypte est que le diesel contient une grande quantité de soufre. Les émissions de soufre résultant du diesel dans les nouvelles raffineries seront beaucoup moins importantes », conclut Salmawy.
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