Le gouvernement a fixé un plafond de 1 000 milliards de L.E. pour les investissements publics afin de créer davantage d’opportunités pour le secteur privé. (Photo : Reuters)
Le budget 2024-2025 serait un budget exceptionnel visant à réaliser un surplus primaire de 3,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB), selon les déclarations du ministre des Finances, Mohamed Maait. Le ministre a révélé les informations-clés sur le projet de budget de l’Etat pour le nouvel exercice budgétaire qui commence en juillet, lors de discussions la semaine passée avec les représentants de la Fédération des industries, ceux des associations d’hommes d’affaires et ceux de la Fédération des Chambres de commerce. L’excédent ciblé pour le prochain exercice serait un excédent record, contre 1,5 % prévu pour l’année en cours et 2,3 % lors de l’exercice précédent. Le ministère des Finances prévoit un déficit budgétaire de 6 % pour le prochain exercice, alors qu’il a atteint 6,7 % les huit premiers mois de l’exercice fiscal en cours entre juillet 2023 et février 2024. Le gouvernement prévoit de réduire le déficit budgétaire à 5 % pour l’exercice fiscal 2026-2027.
Dans le document de préparation du budget publié sur le site du ministère des Finances, le gouvernement a souligné que la préparation du budget 2024-2025 coïncide avec des perspectives moroses et des incertitudes causées par les tensions géopolitiques et les chocs violents devenus la norme pour l’économie mondiale fragile, caractérisée actuellement par une croissance faible, une inflation et des taux d’intérêt élevés. Cependant, Maait s’est montré optimiste, confirmant que les conditions économiques en Egypte s’améliorent et que « la période à venir sera meilleure ». « Nous nous attendons à ce que les mesures globales, intégrées et cohérentes prises par le gouvernement contribuent efficacement au retour rapide de l’activité économique, tout en favorisant la production agricole et industrielle et les exportations », a-t-il souligné. Mohamed Shadi, économiste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, souligne que deux facteurs principaux vont permettre au gouvernement de réaliser un grand surplus primaire : la baisse du dollar et celle des taux d’intérêt qui auront un effet positif sur le service de la dette. « A cela s’ajoutent les prévisions liées à la baisse des prix des produits de base au niveau mondial, que ce soit le pétrole ou le blé, ce qui réduira la facture des subventions », ajoute Shadi.
Le ministre prévoit des dépenses publiques totales de 3 900 milliards de L.E. pour le prochain exercice 2024-2025, tandis que les recettes attendues atteindront environ 2 600 milliards de L.E. Au niveau des recettes, un communiqué publié par le ministère a précisé que les recettes fiscales, principale source de revenus de l’Etat dans le nouveau budget, sont prévues d’atteindre 2 000 milliards de L.E., « sans ajouter de nouvelles charges aux citoyens ou aux investisseurs, en maximisant les efforts d’intégration de l’économie informelle et l’optimisation des systèmes fiscaux disponibles », a souligné le ministre.
En ce qui concerne les dépenses, le ministre a affirmé que le gouvernement avait fixé un plafond pour les investissements publics qui ne devraient pas dépasser les 1 000 milliards de L.E. dans l’objectif de créer davantage d’opportunités pour le secteur privé, soulignant que tous les projets d’investissement entrepris par des entités publiques seront soumis à cette limite qui ne pourra être dépassée qu’avec l’approbation du président de la République, du Conseil des ministres et du Conseil des députés. « C’est l’un des facteurs pour régler les problèmes liés aux liquidités et à l’inflation dans la prochaine période », a clarifié le ministre. Ceci représente une disposition approuvée par le gouvernement et le Fonds Monétaire International (FMI) dans leurs discussions sur le programme de financement de 8 milliards de dollars alloués par l’institution de Bretton Woods. « Le secteur privé se plaignait d’être en rivalité avec l’Etat et réclamait plus d’opportunités. Nous allons donner au secteur privé l’occasion d’accélérer le processus afin de créer des emplois car il en est plus capable », a dit Maait lors d’une autre réunion avec les médias. « Le gouvernement peut créer 100 000 à 120 000 emplois au maximum, mais le secteur privé pourrait en créer davantage. Nous avons besoin de créer un million d’emplois par an, c’est le secteur privé qui peut atteindre ces niveaux », a-t-il renchéri. Il a rappelé que le programme de réforme économique du gouvernement vise à unifier le taux de change, à réduire l’inflation, à encourager le secteur privé à investir davantage, à consolider les finances publiques, à réduire la dette et à restaurer la stabilité macroéconomique.
Le gouvernement cherche également à contenir la dette publique. Au cours des trois prochaines années, il vise à réduire le ratio dette/PIB à moins de 80 %, contre 92,2 % prévu pour l’exercice en cours. Pour garantir la réalisation de cet objectif, le ministre a révélé que l’excédent primaire et la moitié des revenus du Programme d’introduction en Bourse (IPO) seront acheminés vers le budget de l’Etat, ce qui permettra de réduire le déficit budgétaire, la dette publique et le service de la dette.
Sur le volet social, le ministre a déclaré que la hausse des dépenses allouées aux différents secteurs dans le budget est d’environ 5 %, à l’exception des secteurs de la santé et de l’éducation qui devraient connaître une hausse de 20 %. « Le gouvernement a décidé de rationnaliser les dépenses pour tous les autres secteurs afin de dépasser cette période, mais nous avons choisi de traiter différemment les secteurs de la santé et de l’éducation », a dit Maait.
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