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Les prix sur la courbe descendante

Gilane Magdi , Mercredi, 06 mars 2024

La chute du dollar sur le marché parallèle va entraîner un recul probable des prix des marchandises après la fête du petit Baïram. Explications.

Les prix sur la courbedescendante
Les prix des vollailles fluctuent sous l’effet du recul du prix du dollar et du maïs. (Photo : Al-Ahram)

Le dollar sur le marché noir a perdu le quart de sa valeur au cours de la semaine dernière après la signature du projet de Ras Al-Hikma entre l’Egypte et les Emirats arabes unis et le versement par ces derniers de 10 milliards de dollars au cours de cette semaine. Le billet vert s’échangeait cette semaine à 45 L.E. contre 63 L.E. le 22 février, la veille de la conclusion du projet.

La signature de ce contrat, qui alimentera les caisses de l’Etat en milliards de dollars, ne s’est pas encore répercutée sur les prix des produits alimentaires. A chaque fois que le dollar augmentait sur le marché parallèle ou officiel, les commerçants augmentaient les prix des marchandises en attribuant cette augmentation à la hausse du billet vert. Rania Farid, mère de famille, se demande pourquoi la chute du dollar n’entraîne pas une baisse des prix des produits alimentaires, notamment à l’approche du mois du Ramadan, pendant lequel la consommation des Egyptiens augmente.

Au niveau gouvernemental, le porte-parole du Conseil des ministres, Mohamed Al-Homossani, a déclaré dans un communiqué publié la semaine dernière que les prix du maïs et du soja ont baissé suite à la baisse du dollar. Cependant, d’autres produits alimentaires dans les hypermarchés, comme le lait et les huiles végétales, n’ont pas enregistré de baisse. « Les produits vendus actuellement sur le marché ont été importés il y a deux ou trois mois. Les commerçants calculent leurs coûts en fonction d’un dollar situé entre 60 et 70 L.E. et ne vont pas baisser les prix tout de suite », explique à l’Hebdo Mahmoud Gad, président du département des recherches et analyste du secteur des volailles au sein de la société de courtage Arab African Securities. Il prévoit que la baisse du prix du dollar se reflétera sur les prix dans un à trois mois. « Cela varie d’un produit à l’autre », souligne-t-il, ajoutant qu’il y aura un ralentissement dans la hausse des prix de certains produits, tandis que d’autres baisseront.

Demande saisonnière et marge de profit

Outre la baisse du dollar, Gad souligne que deux autres facteurs principaux déterminent actuellement les prix des marchandises, à savoir la demande saisonnière liée au Ramadan et la volonté de certaines entreprises de maintenir leur marge de profit. Pour le premier facteur, il s’illustre dans le secteur de la volaille qui connaît une hausse de la demande pendant le Ramadan. « Avec la hausse des prix de la viande, la demande sur les volailles augmente, entraînant la fluctuation des prix selon le niveau de l’offre sur le marché », souligne-t-il, en expliquant que le secteur de la volaille a connu une période d’instabilité des prix en raison de la fluctuation des prix des matières premières agricoles importées pour nourrir les volailles (comme le maïs et le soja). « Les prix des volailles augmentent en raison de la hausse du coût de l’importation des aliments pour animaux, qui représentent 70 % du coût total de production et ce, après l’augmentation du prix du dollar sur le marché noir », explique-t-il.

Le deuxième facteur concerne la volonté des entreprises de maintenir leur marge de profit, en ralentissant la baisse des prix. Gad avance l’exemple des fromages de l’entreprise Domty. « Domty a augmenté les prix du fromage graduellement au cours de la dernière période sans être capable de réaliser sa marge de profit. Et donc, elle va continuer à augmenter légèrement les prix de ses produits au cours de la prochaine période », prévoit-il.

De son côté, Doha Abdel-Hamid, ancienne conseillère du ministre des Finances, attribue la résistance des commerçants à baisser les prix à la cupidité et à la spéculation du secteur privé, qui n’ont rien à voir avec les fondements de l’économie ou le cycle des affaires commerciales. « Au niveau mondial, la baisse des prix des devises entraîne normalement une baisse de l’inflation et des prix des marchandises, et vice-versa. Le cas est différent en Egypte où les prix évoluent dans une seule direction en raison de l’absence des principes de concurrence. C’est un marché basé sur la spéculation et les monopoles », souligne-t-elle. Elle explique que le produit, de sa sortie de l’usine jusqu’à son arrivée au consommateur, traverse une longue chaîne de distribution, entraînant une multiplication par deux ou trois du prix de vente. Elle souligne qu’au moment de la hausse du prix du dollar à 70 L.E., les commerçants avaient des stocks de produits qu’ils avaient importés à des prix plus bas en dollar. « Donc, lors de la baisse du prix du dollar, ils devaient réduire les prix des marchandises. Cependant, les commerçants expriment leur inquiétude et leur incertitude quant à l’évolution future du prix du billet vert. Cet état d’incertitude les empêche d’effectuer leurs calculs en se basant sur le nouveau prix du dollar », affirme-t-elle.

De son côté, le secrétaire général de l’Union égyptienne des industries, Alaa Ezz, a déclaré à la chaîne Al-Arabiya le 26 février que les réductions des prix commenceront d’abord sur le marché du gros, mais ne se traduiront pas immédiatement dans le commerce de détail. « Pour que les prix diminuent dans le secteur de la vente au détail, nous avons besoin d’une baisse ou au moins d’une stabilité des taux de change du dollar », prévoit-il, insistant sur l’importance d’accélérer l’application des accords d’investissement en cours.

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