Alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, atterrissait à l’aéroport d’Orly, vendredi 16 février, pour signer avec son homologue français, Emmanuel Macron, un accord de sécurité, l’armée ukrainienne annonçait son retrait d’Avdiïvka, après des mois de rudes combats et l’intensification des attaques russes en vue de s’emparer de la ville, désormais en grande partie en ruines. Un retrait présenté par le président ukrainien comme « une décision juste » destinée à « sauver le plus de vies possibles ». « Afin d’éviter d’être encerclés, il a été décidé de se retirer sur d’autres lignes », a ajouté Zelensky. De son côté, la Russie n’a pas tardé à revendiquer, samedi 17 février, le « contrôle total » de la ville d’Avdiïvka, qui était « un puissant noeud défensif des forces armées ukrainiennes ». Une « importante victoire » saluée par le président russe, Vladimir Poutine. Depuis cette avancée militaire, les troupes russes tentent d’avancer davantage dans l’est de l’Ukraine. Elles ont lancé de multiples attaques à l’ouest d’Avdiïvka, selon le commandant ukrainien de ce secteur.
Face à ses difficultés sur le terrain, Kiev multiplie ses efforts pour garantir la poursuite du soutien occidental, notamment européen. A Paris, Zelensky a signé avec Emmanuel Macron un accord bilatéral de sécurité en vertu duquel la France s’engage à fournir, en 2024, « jusqu’à 3 milliards d’euros » d’aide militaire « supplémentaire » à Kiev, après un soutien qu’elle chiffre à 1,7 milliard en 2022 et 2,1 milliards en 2023. « Un accord ambitieux et concret », selon Zelensky qui a également signé un document similaire avec le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Hésitation à Washington
Pendant ce temps, les Américains tergiversent. Questionné sur un éventuel accord à signer avec les Américains, Zelensky a assuré que les accords avec Paris et Berlin donneront « une impulsion aux Etats-Unis ». Dans une conversation téléphonique samedi 17 février avec son homologue ukrainien, le président américain, Joe Biden, a critiqué l’« inaction du Congrès » américain. Biden a toutefois réitéré « l’engagement des Etats-Unis à continuer de soutenir l’Ukraine ». Pourtant, le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche avait estimé la veille que le retrait ukrainien et la chute de la ville d’Avdiïvka étaient la preuve du « coût de l’inaction » du Congrès américain. Mais pour Biden, qui a évoqué aussi ses craintes de voir une autre ville ukrainienne tomber entre les mains des forces armées russes, la poursuite du blocage de l’aide militaire par le Congrès est « absurde » et « non éthique ».
Dans le même temps, Kiev se tourne aussi vers Pékin, traditionnel allié de Moscou. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré, samedi 17 février, qu’il avait discuté avec son homologue chinois, Wang Yi, des perspectives de paix et du renforcement des relations avec Pékin, lors d’une rencontre en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité. Ils ont également évoqué le projet ukrainien de sommet mondial pour la paix. L’Ukraine cherche à rallier la Chine à son plan de paix en dix points, qui se concentre sur le retrait des troupes russes des territoires occupés et le rétablissement des frontières post-soviétiques de 1991. La Chine, qui poursuit un « partenariat stratégique » avec la Russie, a proposé l’année dernière son propre plan de paix, appelant à un cessez-le-feu, à des négociations et à la fin des sanctions contre la Russie. Mais ce plan n’a guère progressé.
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