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L’Egypte accélère sa transition énergétique

Gilane Magdi , Mercredi, 21 février 2024

Lors de la conférence EGYPES 2024, des entreprises pétrolières ont exprimé l’intérêt d’investir dans le secteur d’énergie en Egypte en faveur de la décarbonisation.

L’Egypte accélère sa transition énergétique
L’Egypte doit doubler les investissements du secteur privé dans le domaine des énergies renouvelables. (Photo : AP)

L’Egypte reste la destination préférée des grands groupes pétroliers internationaux et arabes en dépit des problèmes relatifs aux taux de change et des perturbations géopolitiques. Deux annonces ont été faites cette semaine, mettant en avant la position de l’Egypte en tant que hub énergétique. La première est celle du groupe britannique British Petroleum (BP) qui a annoncé son intention d’injecter des investissements de 1,5 milliard de dollars dans le domaine de l’exploration gazière au cours des prochaines années. « Il est possible qu’on injecte des investissements supplémentaires de 5 milliards de dollars », a déclaré le PDG de British Petroleum, Murray Auchincloss, lors d’une rencontre avec le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, à l’occasion de l’exposition et la conférence EGYPES 2024, tenue du 19 au 21 février. Il s’est dit fier de travailler sur 19 sites de recherche et de production et a affirmé qu’il s’intéresse à investir dans la production gazière avec un engagement en faveur de la décarbonisation pour réduire les émissions du dioxyde de carbone. Cette annonce est intervenue cinq jours après la publication d’un communiqué de presse le 14 février par le groupe émirati Adnoc affirmant le lancement d’un nouveau projet de production de gaz en coopération avec le groupe britannique BP. Selon l’accord signé entre les deux parties, la part de BP s’élève à 51 % et celle d’Adnoc à 49 %. Le projet doit entrer en vigueur au cours du deuxième semestre de cette année. Le montant des investissements du projet n’a pas été révélé.

Ces annonces interviennent au moment où l’Egypte et d’autres pays du monde pressent le pas pour accélérer la transition énergétique. Celle-ci est basée sur deux volets importants, à savoir la réduction de l’usage du pétrole au profit du gaz naturel et le passage vers les énergies renouvelables et la décarbonisation, c’est-à-dire la réduction des émissions du dioxyde de carbone (résultant des énergies fossiles) pour arriver à l’émission nulle d’ici 2030. « La stratégie énergétique de l’Egypte est en cours de mise à jour. L’objectif est d’atteindre un pourcentage de 60 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030 contre 42 % en 2016 », a déclaré le ministre du Pétrole, Tarek El- Molla.

Augmenter la contribution du secteur privé

Donc, il est nécessaire d’augmenter la participation du secteur privé national et international dans le secteur des énergies renouvelables. Un rapport publié par le ministère de la Planification en décembre dernier indique que les investissements du secteur privé dans les énergies renouvelables s’élèvent à 4,4 milliards de dollars en Egypte. Un montant considéré comme insuffisant pour accélérer la transition énergétique. « La transition énergétique est très coûteuse et a besoin d’énormes investissements. Bien que l’Egypte ait donné l’exemple en matière de projets appliqués dans le domaine de l’énergie renouvelable, elle doit encore doubler les investissements dans ce domaine pour accélérer sa transition énergétique », affirme à l’Hebdo Houda Ben Jannet, directrice générale de l’Organisation méditerranéenne de l’énergie et du climat (OMIC). Et d’ajouter qu’il est nécessaire de parvenir à des accords avec les partenaires internationaux pour injecter plus d’investissements dans ce domaine.

Pour sa part, le ministre du Pétrole, Tarek El-Molla, a insisté sur l’importance d’avoir le soutien des institutions internationales. « Tout le monde parle d’énergies nouvelles et renouvelables, mais il y a des éléments nécessaires pour y parvenir. Les plus importants sont le financement nécessaire, un engagement réel et la disponibilité des technologies », souligne-t-il.

Le manque de financement a été évoqué en parlant de la décarbonisation. « L’OMIC a fait une évaluation des besoins en financement de la région euro-méditerranéenne pour accomplir une transition énergétique basée sur la décarbonisation, ceux-ci sont estimés à plusieurs trillions de dollars d’ici 2050. 50 % de cette somme doivent être dirigés vers le sud de la Méditerranée, dont l’Egypte », souligne Houda Jannet. Elle a parlé de la nécessité de miser sur une plus large coopération dans la région pour atteindre l’objectif de zéro carbone.

Tarek El-Molla a partagé cet avis en insistant sur l’importance du financement. « Jusqu’à ce que cela se réalise, nous avons besoin de pétrole et de gaz, ainsi que de plans clairs et réalistes pour fournir de l’énergie », conclut-il.

 4,4 milliards de dollars

C’est le montant des investissements du secteur privé dans les énergies renouvelables en 2023.

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