« Sur la base du devoir de l’Etat de soutenir le citoyen face aux circonstances actuelles, j’ai demandé au gouvernement de prendre un ensemble de mesures sociales urgentes, notamment l’augmentation du salaire minimum de 50 % pour atteindre 6 000 L.E. par mois ». C’est par cette annonce faite le 7 février par le président Abdel Fattah Al-Sissi qu’a été donné le feu vert à l’application d’une nouvelle enveloppe de mesures visant à atténuer les effets de la crise économique, qui doit entrer en vigueur à partir du mois de mars 2024. Il s’agit du plus grand programme social urgent de protection sociale, d’une valeur de 180 milliards de L.E.
Le président a également ordonné au gouvernement d’augmenter les salaires des travailleurs de l’Etat et des organismes économiques, avec un minimum compris entre 1 000 et 1 200 L.E. par mois, selon le niveau d’emploi. Concernant la pension de retraite, il a été décidé une augmentation de 15 % pour servir près de 13 millions de citoyens avec un coût total de 74 milliards de L.E. Les pensions sociales de Takafol wa Karama (solidarité et dignité) augmenteront également de 15 % avec un coût de 5,5 milliards de L.E. En plus, 15 milliards de L.E. seront alloués à l’augmentation des salaires des médecins, des infirmiers, des enseignants et des professeurs universitaires. Le paquet social prévoit également de rehausser de 33 % le seuil d’exonération fiscale de l’impôt sur le revenu pour inclure les salariés des secteurs public et privé dont le revenu annuel est en dessous de 60 000 L.E., une mesure qui coûterait au Trésor public 5 milliards de L.E. par an. Il s’agit également de la 10e augmentation du salaire minimum depuis 2011, passant graduellement de 700 L.E. à 6 000 L.E.
Décisions vitales
Comme l’explique Ahmed Bayoumi, chercheur en économie au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS), cette gamme de décisions de protection sociale intervient à un moment très important afin d’alléger le fardeau du citoyen égyptien et de réduire la pression, à la lumière des conditions économiques que connaît le pays et de la hausse des prix résultant de l’augmentation des taux d’inflation due à la crise économique mondiale. L’expert affirme qu’avant que les nouvelles mesures de réforme, liées à l’accord avec le Fonds monétaire international, ne soient mises en oeuvre, le président a décidé de prendre des mesures proactives pour faire face à leurs effets sociaux en augmentant les salaires afin de protéger les citoyens.
Il explique que le timing de ces décisions est très important : « Il est important de savoir que par ces décisions, le président a décidé d’assumer ces coûts économiques très élevés, pour réduire la charge pesant sur le citoyen, car ces décisions ont été rendues six mois avant leur date effective liée au budget général de l’Etat qui commence en juillet ». Bayoumi affirme que l’augmentation du plafond de l’exonération fiscale est l’une des décisions les plus importantes, car la déduction fiscale sur le salaire devient moindre, ce qui permet au citoyen de bénéficier de l’augmentation.
Bayoumi souligne la nécessité de lancer immédiatement des campagnes de surveillance, de suivi et de contrôle sur les marchés. L’objectif est de maintenir l’impact du paquet social et d’atteindre l’objectif souhaité des mesures économiques, qui est de réduire les charges inflationnistes résultant de la hausse des prix. Il propose d’imposer des prix plafonds sur les produits alimentaires de première nécessité. L’expert prévient : « Il ne fait aucun doute que le marché égyptien est dans un état de chaos des prix. Cependant, pas un seul cas de monopole d’un produit n’a été signalé, ni par l’Autorité de protection de la concurrence et de la prévention des pratiques monopolistiques, ni par l’Agence de protection des consommateurs. Il est aussi inacceptable que des crises surviennent pour des produits dont nous sommes autosuffisants. Par exemple, il y a une crise du sucre, alors que l’Egypte n’importe que 300 000 tonnes et que nous produisons environ 95 % de nos besoins ». Bayoumi estime nécessaire de « revoir le rôle de ces entités, ou au moins de réformer leurs conseils d’administration et leurs systèmes de gouvernance ».
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