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L’Afrique veut consolider son industrie automobile

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 14 février 2024

Les expériences africaines d’industrialisation du secteur automobile ont connu un certain succès, mais il reste encore du chemin à parcourir pour produire des véhicules 100 % africains. Décryptage.

L’Afrique veut consolider son industrie automobile

Soucieux d’augmenter leur PIB, plusieurs pays africains ont pris des démarches pour établir sur leur sol une industrie automobile. Celle-ci est considérée comme l’un des piliers de la croissance économique. D’ici 2035, l’Afrique devrait produire entre 4 et 5 millions de véhicules (contre 1,1 million en 2022). Deux pays africains, le Maroc et l’Afrique du Sud, sont devenus des leaders dans ce domaine, avec des contributions respectives de 16 % et 17 % à la valeur ajoutée de l’industrie automobile en 2022. Malgré un marché local relativement petit, l’Afrique du Sud a su occuper la première place de fabricant automobile du continent noir. Cela est dû à l’installation de sept constructeurs mondiaux dans le pays. Cette réussite s’est traduite par une augmentation des exportations de voitures fabriquées en Afrique du Sud estimées à 227,3 milliards de rands (12 milliards de dollars).

De son côté, le Maroc vise à produire un million de voitures par an d’ici 2025 et à atteindre un taux d’intégration locale de 80 %. A l’instar de l’Afrique du Sud, le Maroc a réussi à attirer des constructeurs mondiaux pour fabriquer leurs produits sur son territoire. En plus des multinationales françaises, des constructeurs allemands ont également choisi le Royaume. Ainsi, 60 % des composants nécessaires à la production automobile peuvent actuellement être fabriqués localement sur le marché marocain. En 2020, le Royaume disposait déjà d’une capacité de production annuelle de 700 000 véhicules, selon les données de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Cette brillante intégration de l’industrie automobile est due au lancement du Plan d’accélération industrielle 2014-2020, qui a initié la phase de développement des écosystèmes automobiles en favorisant une meilleure coordination des différents secteurs de cette industrie.

En Afrique subsaharienne, la taille du marché automobile augmente

Les avancées du Maroc et de l’Afrique du Sud dans le secteur de l’industrie automobile ont incité les autres pays à suivre leurs pas afin d’augmenter leur PIB, car l’industrie automobile est directement liée à la croissance économique. Profitant du fait que la majorité des constructeurs multinationaux délocalisent une grande partie de leurs lignes de production, l’Afrique subsaharienne ouvre grand ses portes pour accueillir ces fabricants. Des usines de production sont actuellement en cours d’installation en Angola, en Ethiopie, au Ghana, au Kenya, en Namibie, au Nigeria et au Rwanda. La taille du marché automobile en Afrique subsaharienne devrait passer de 19,52 milliards de dollars en 2023 à 25,09 milliards de dollars en 2028, selon une étude réalisée par le site Mordor Intelligence. Alors que la demande sur les véhicules ralentit dans les pays développés, elle augmente dans les économies émergentes. Les gouvernements des pays subsahariens ont interdit la vente de véhicules d’occasion importés. Le Nigeria, par exemple, a imposé des droits d’importation de 70 % sur les véhicules importés. Cela a entraîné une augmentation du volume de véhicules assemblés et fabriqués localement grâce à l’augmentation de la capacité de production de la plupart des entreprises locales. En janvier dernier, le Ghana a mis en place un plan visant à aider son constructeur automobile local Kantanka.

ZLECAF, booster l’industrie automobile

A l’instar de l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord souhaite également se développer dans ce domaine. C’est ainsi que l’Algérie, en promulguant sa loi de promotion des investissements étrangers, a exigé leur association à un ou plusieurs partenaires locaux majoritaires. Par exemple, 51 % de l’entreprise Peugeot, qui souhaite construire ses premiers véhicules fabriqués en Algérie, sont détenus par trois entreprises algériennes. De son côté, l’Egypte a lancé le Programme national de développement de l’industrie automobile (AIDP). Ce programme vise à mettre en place un ensemble de politiques pour développer l’industrie automobile. L’Egypte veut produire certains véhicules comme les SUV, les fourgonnettes et les microbus.

L’avenir de la voiture électrique

Considérée comme l’avenir proche de l’évolution de l’industrie automobile, la fabrication des véhicules électriques a augmenté de manière significative dans le monde entier, représentant 9 % du marché mondial avec un chiffre d’affaires de 7,7 trillions de dollars d’ici 2025 et atteignant 46 trillions de dollars d’ici 2050. « Le continent détient 19 % des minéraux et des métaux mondiaux nécessaires à la construction des véhicules », note un rapport publié en janvier dernier par la ZLECAF. « Bien que les véhicules électriques représentent une petite partie de la production et des ventes automobiles actuelles en Afrique, la demande augmente. Avec les niveaux actuels de la production et de la demande, on prévoit que seuls 20 % des véhicules africains seront électriques en 2040. Des investissements importants dans la production locale sont nécessaires pour saisir cette opportunité », note le rapport. « La ZLECAF, qui a pour objectif de promouvoir le commerce intra-africain, nous donne une occasion unique de nous industrialiser. Et si vous pensez à l’industrialisation, vous devez automatiquement penser aussi à l’automobile. Vous me demandez pourquoi ? Un véhicule compte plus de 30 000 pièces. Il s’agit d’un secteur à forte intensité technologique et à forte intensité de main-d’oeuvre. La fabrication de véhicules sur le continent est donc l’une des voies qui nous aidera à employer notre population », a déclaré Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank Nigeria.

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