Mourir sous les frappes ou mourir de faim. Telle est la triste réalité à Gaza en ce début d’année 2024. Les Gazaouis ont en effet « célébré » le Nouvel An en comptant leurs morts et leurs blessés (plus de 22 000 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants et quelque 57 000 blessés selon le ministère de la Santé du Hamas) et en cherchant en vain un endroit sûr où s’abriter, alors que les frappes se poursuivent sans relâche et que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, promet que la guerre se poursuivra encore « plusieurs mois ». Et ce, malgré l’annonce faite par l’armée israélienne, dimanche 31 décembre, selon laquelle elle allait retirer cinq brigades de combat ayant participé à l’invasion terrestre de la bande de Gaza. Trois autres brigades d’entraînement devraient également se retirer en fonction de la situation et de l’évolution des combats, a dit l’armée. Des redéploiements qui concernent les réservistes, selon les analystes, mais qui ne signifient pas une baisse de l’intensité de l’offensive israélienne. Pour preuve, l’Administration américaine a approuvé une nouvelle vente d’armes d’urgence en Israël vendredi dernier, et ce, en contournant le Congrès. Le département d’Etat américain a ainsi déclaré que le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, avait informé le Congrès qu’il avait pris une deuxième décision d’urgence couvrant une vente de 147,5 millions de dollars pour des équipements, y compris des fusibles, des charges et des amorces, qui sont nécessaires pour faire fonctionner les obus de 155 mm qu’Israël a déjà achetés. « Etant donné l’urgence des besoins défensifs d’Israël, le secrétaire d’Etat a informé le Congrès qu’il avait exercé son autorité déléguée pour déterminer qu’il existait une situation d’urgence nécessitant l’approbation immédiate du transfert », a déclaré le département d’Etat américain. La décision d’urgence signifie que l’achat ne sera pas soumis à l’examen du Congrès pour les ventes militaires à l’étranger.
Depuis son déclenchement, la guerre a déplacé quelque 85 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza, envoyant un grand nombre de personnes chercher refuge dans les « zones de sécurité » désignées par Israël et que l’armée israélienne bombarde néanmoins. Des milliers de déplacés sont arrivés dans le sud de Gaza ces derniers jours, à pied ou dans des camions et des charrettes remplies de matelas. Ceux qui n’ont pas trouvé de place dans les abris débordés ont dressé leurs tentes au bord des routes.
Le spectre de la famine
Alors que la guerre israélienne contre la bande de Gaza entre prochainement dans son 4e mois, la situation humanitaire devient intenable. Près de deux semaines après qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu a appelé à l’acheminement sans entrave de l’aide à grande échelle dans la bande de Gaza assiégée, les conditions n’ont fait qu’empirer, préviennent les agences de l’ONU. Quand bien même les aides parviendraient à entrer, la distribution des marchandises est entravée par de longs retards à deux postes-frontaliers, des combats en cours, des frappes aériennes israéliennes, des coupures répétées des services Internet et téléphoniques et un effondrement de l’ordre public, disent ces agences. Seuls 10 % de la nourriture nécessaire aux 2,3 millions d’habitants du territoire sont entrés à Gaza au cours des 70 derniers jours, selon les Nations-Unies, disant craindre une famine. L’organisation humanitaire internationale Oxfam a indiqué que 90 % de la population de Gaza est confrontée à une faim extrême, alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a, elle, mis en garde contre la menace croissante de propagation de maladies infectieuses.
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