Chimwemwe Chamdimba, chef de l’organisation réglementaire de l’Union Africaine. Photo : compte X
Comment combattre la falsification des médicaments en Afrique ? C’est la question qui se posait à la conférence organisée, du 5 au 7 décembre au Caire, par l’Agence de développement de l’Union Africaine (AUDA-NEPAD) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’Afrique possède le plus grand taux de falsification des médicaments au monde. En Afrique de l’ouest par exemple, 55% des médicaments font l’objet de falsification, ce taux est estimé à 19 %n Afrique de l’Est et de 8% en Afrique du nord.
Les chiffres sont donc alarmants et pour cause, un médicament contrefait est dangereux pour la santé et peut entrainer la mort. Chimwemwe Chamdimba, cheffe de l’organisation réglementaire de l’Union Africaine, explique à Ahraminfo que le problème est l’accès limité aux médicaments. « Dans ces conditions, les patients achètent n’importe quel médicament à portée de main. La falsification cible précisément les marchés qui n’ont pas accès aux médicaments », estime-t-elle.
L’année dernière, une centaine d’enfants en Gambie sont morts à cause d’un sirop de toux. C’est la parfaite illustration que les médicaments falsifiés peuvent être fatals.
Le problème des médicaments est aussi étroitement lié à la pauvreté. « Si vous n’avez pas les moyens de payer des produits à prix élevé, vous achetez ceux qui sont bon marché. Or il y a de forte chance que ces derniers soient falsifiés. », explique-t-elle.
Certains médicaments falsifiés manquent de substances actives, d’autres n’ont pas les bonnes substances ou la quantité requise. Ainsi, un antibiotique qui est censé avoir 500 grammes de matière active peut n’en avoir que 300. Résultat : manque d’efficacité. Non seulement il ne guérit pas, mais en plus il peut entraîner une résistance chez les patients, voire dans le pays entier. « Cette résistance aux antibiotiques ou aux médicaments est une véritable épidémie », met en garde Chamdimba. « Traiter les maladies qui résistent aux médicaments coûtent des millions de dollars », précise-t-elle.
Faiblesse du système réglementaire
L’une des principales causes de la falsification est la faiblesse du système réglementaire dans bon nombre de pays africains, et qui rend difficile le contrôle du marché pharmaceutique. « Il faut surveiller la chaine d’approvisionnement des médicaments pour empêcher les produits contrefaits de pénétrer sur le marché », ajoute Chamdimba. Or avec le Coronavirus, la situation n’a fait qu’empirer sur le continent africain car les autorités étaient occupées à gérer la pandémie laissant le champ libre à la falsification.
Le directeur de l’Autorité égyptienne des médicaments (EDA), Tamer Essam, a insisté sur l’importance d’une coopération interafricaine pour mieux surveiller le marché. Chamdimba partage cette opinion et fait état d’une évolution positive avec la « mise en place d’un projet d’harmonisation régionale au sein de l’Union africaine »
Face à un défi qui franchit les frontières, « lutter seul face à la falsification des médicaments n’a pas de sens », conclut-t-elle.
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