Un décret présidentiel a déclaré, le 1er décembre, l’augmentation de 15 % du nombre de soldats à l’armée russe. Le président russe, Vladimir Poutine, a expliqué cette hausse par « l’augmentation des menaces » liées au conflit en Ukraine. Ainsi, l’armée devra compter 2,2 millions de membres, dont 1,32 million de soldats, selon ce décret publié par le gouvernement. Le précédent décret, datant d’août 2022, fixait le nombre de membres prévus à 2 millions, dont 1,15 million de militaires. « L’augmentation des effectifs des forces armées est due à une augmentation des menaces visant notre pays et liées à la conduite de l’opération militaire spéciale (en Ukraine) et la poursuite de l’élargissement de l’Otan. Un renforcement des forces armées combinées de l’Alliance près des frontières de la Russie et le déploiement de moyens supplémentaires de défense aérienne et d’armes de frappe sont en cours », a expliqué le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Il a ajouté que cette augmentation de ses effectifs se fera « par étape », sur la base d’engagements volontaires, et qu’aucune « mobilisation (militaire) n’est prévue ».
Une annonce qui intervient alors que les fronts sont figés depuis des mois et que l’hiver apporte avec lui de nouveaux défis sur le terrain. « La Russie entend maximiser ses gains militaires parce que dans la période à venir, la neige et le grand froid feront que les combats sur le terrain s’arrêteront », explique Dr Mona Soliman, politologue, ajoutant que la période de l’hiver représente, pour les deux camps, une opportunité pour se réorganiser.
L’armée russe a affirmé que depuis samedi 2 décembre, elle avance « dans toutes les directions » en Ukraine, où elle est à l’offensive dans l’est du pays, mais sur un front en grande partie bloqué à l’entrée de l’hiver, les forces ukrainiennes assurent repousser ces attaques et maintenir les quelques positions acquises dans la contre-offensive de ces derniers mois. Le ministère russe de la Défense avait précédemment affirmé que les forces russes « étendent leurs zones de contrôle dans toutes les directions », assurant que les capacités de combat des Ukrainiens avaient été « considérablement réduites » après leur contre-offensive.
En effet, la contre-offensive ukrainienne, déclenchée cet été après des mois de préparatifs, s’est figée dans le sud et l’est face à l’ampleur des défenses — notamment de redoutables champs de mines — déployées par les Russes, sans progression d’ampleur.
Kiev a été forcé de reconnaître l’échec de sa contre-attaque. Pourtant, les forces armées ukrainiennes ont démenti en substance les déclarations du ministre russe, affirmant avoir repoussé ces derniers jours d’innombrables attaques russes sur toute la ligne de front.
Dans le même temps, Kiev revoit ses calculs pour la période à venir. Dans une allocution vidéo publiée vendredi soir, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré que l’Ukraine devait améliorer son système de recrutement militaire. Faisant état d’une réunion avec le commandement militaire, le président ukrainien a fait savoir que plusieurs scénarios, quant à la suite du conflit en 2024, ont été étudiés. Alors que la contre-offensive ukrainienne est actuellement en échec.
L’heure des négociations ?
Bien que la guerre à Gaza ait quelque peu occulté le conflit en Ukraine ces dernières semaines, le soutien occidental et américain à Kiev ne baisse pas. Des voix commencent néanmoins à murmurer que des pourparlers s’imposent, notamment du fait de l’échec de la grande contre-offensive ukrainienne de l’été qui semble, pour certains, démontrer que cette guerre ne se décidera pas sur le champ de bataille.
A cela s’ajoute l’opposition croissante de Républicains américains à la poursuite de l’aide à l’Ukraine du fait de son coût, à un an de la présidentielle américaine.
Le Kremlin en profite donc pour essayer de se poser en belligérant raisonnable, se disant à la fois ouvert à entreprendre des négociations et à vaincre sur le terrain militaire. « Après de longs mois de combats acharnés, force est de constater que la solution passera indéniablement par la négociation et le règlement politique, car aucun camp ne remportera la guerre. Or, avec la présidentielle russe prévue en mars 2024, soit deux ans après le début de la guerre, Poutine doit finir cette guerre. Et pour Poutine, cette guerre a réalisé ses objectifs, et il est prêt à négocier », indique Mona Soliman, tout en rappelant que Moscou a annoncé à plusieurs reprises n’avoir jamais rejeté les pourparlers de paix avec l’Ukraine. Poutine l’a, en effet, réaffirmé aux dirigeants du G20 en novembre. « Nous devons réfléchir à la façon de mettre fin à cette tragédie », avait-il dit. Reste à savoir comment passer à la table des négociations et sur quelles bases.
Lien court: