Des dizaines d’éléphants retrouvés morts et les défenses coupées ... Une scène qui se répète dans un certain nombre de pays africains qui abritent des troupeaux d’éléphants, ce grand mammifère terrestre. La cause de décès ? Ce n›est pas une épidémie ou une sécheresse, mais le résultat de la chasse de l›éléphant par les hommes en vue d›arracher leurs défenses et d›en faire des ivoires antiques. Selon les estimations de World Wildlife Fund (WWF), malgré l’existence de lois internationales criminalisant le commerce de l’ivoire, le braconnage d’éléphants et le trafic d’ivoire ont atteint des niveaux record. On estime entre 20 000 et 30 000 le nombre d’éléphants d’Afrique chassés illégalement chaque année. Lors d’un massacre célèbre et horrible en 2013, un groupe de chasseurs a tué plus de 80 éléphants dans une réserve naturelle au Zimbabwe, le parc national de Hwange, qui est la troisième plus grande réserve faunique du continent africain. Ces chasseurs mettaient du cyanure toxique dans les bassins d’eau où les éléphants buvaient. Les défenses d’éléphants morts n’ont pas été retrouvées, et on ne sait pas si elles ont été passées en contrebande sur les marchés de l’ivoire en Asie, ou si les chasseurs les gardent dans des endroits cachés sur le continent.
Outre le braconnage, la perte d›habitat causée par la déforestation constitue un autre danger pour les éléphants du monde, car elle les prive de nourriture dont ils ont besoin, ce qui rend leur reproduction plus difficile et il devient plus facile pour les chasseurs de les retrouver. Le nombre d›éléphants vivant dans les forêts a diminué de plus de 86 % au cours des trois dernières décennies, alors que le nombre d›éléphants vivant dans les zones de savane a diminué d›au moins 60 %. En effet, l›Afrique abrite deux espèces d›éléphants : l›éléphant de savane et celui de forêt. L’éléphant de savane africaine est la plus grande espèce d’éléphants.
« Ces animaux majestueux ne sont pas seulement une partie emblématique du patrimoine naturel de l’Afrique, mais ils jouent également un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre écologique. Le déclin du nombre d’éléphants au fil des décennies a conduit à sa classification parmi les espèces les plus menacées d’extinction. Il est actuellement répertorié comme une espèce en voie de disparition sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) », explique Atef Kamel, expert de la faune et des réserves naturelles.
Pour sensibiliser contre le danger d’extinction de cette espèce, la Journée mondiale de l’éléphant, célébrée annuellement le 12 août, s’est tenue cette année sous le thème « Mettre fin au commerce illégal d’espèces sauvages ». Créée en 2012, cette journée vise à mettre en évidence les défis rencontrés par les éléphants en vue de les protéger. « Au tournant du XXe siècle, il y avait 10 millions d’éléphants en Afrique. Mais des décennies de braconnage ont pesé lourdement sur ces créatures. Aujourd’hui, il n’en reste que 415 000 », note Kamel. Et d’ajouter : « Le commerce illégal de l’ivoire est aujourd’hui l’une des activités les plus lucratives. Le prix de l’ivoire dépasse souvent le prix de l’or, ce qui accélère l’extinction des éléphants ».
Recensement aérien
Dans le cadre de la Journée mondiale de l’éléphant, 5 pays africains, qui abritent plus de la moitié des éléphants du continent, ont mené leur premier recensement aérien du nombre des éléphants. Un escadron d’avions légers a survolé simultanément les plaines de l’Angola, du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe dans une zone protégée connue sous le nom de « Kavango-Zambezi Transboundary Conservation Area ». On estime que 220 000 éléphants vivent dans cette réserve. Ce recensement vise à connaître le nombre exact et les schémas de répartition des éléphants.
Au Botswana, le pays avec la plus grande population d’éléphants au monde (plus de 130 000), le directeur des parcs nationaux et de la faune sauvage du pays, Kapilo Senatsu, a déclaré à Reuters que ce recensement « aidera les cinq pays partenaires à gérer les dossiers d’aménagement du territoire, les conflits entre humains et éléphants, la chasse et le tourisme ». « Il convient que nous, en notre qualité de gestionnaires de cette richesse naturelle, sachions où elle se trouve et comment elle se répand sur nos terres. Il s’agit d’un projet distingué, et c’est le premier du genre, et nous prévoyons l’analyse des données liées aux modèles et les présenter au public », ajoute Senatsu, en soulignant que les résultats de cette enquête deviendront la pierre angulaire de la protection et de la gestion à long terme de la plus grande population d’éléphants transfrontaliers d’Afrique.
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