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La bonne santé des banques égyptiennes

Gilane Magdi , Jeudi, 06 juillet 2023

Les banques en Egypte, aussi bien publiques que privées, affichent de bons résultats financiers. Décryptage.

La bonne santé des banques égyptiennes
La hausse des commissions de change a contribué à la hausse des profits des banques. (Photo : Reuters)

Au moment où le secteur bancaire dans le monde passe par une phase pleine d’incertitudes et parfois de craintes de faire faillite en raison des politiques monétaires d’austérité adoptées par les Banques Centrales, les banques égyptiennes tiennent le coup. Elles ont même affiché des bilans positifs pendant le premier trimestre de 2023 grâce à l’augmentation des dépôts et des crédits. « Toutes les banques, publiques et privées, ont connu une hausse des profits nets, dépassant de loin nos prévisions pendant le premier trimestre de l’année. Déjà en 2022, la performance des banques qui réalisaient des résultats non satisfaisants s’est améliorée », a noté à l’Hebdo Amany Shaaban, analyste du secteur bancaire auprès de la banque d’investissement Prime.

La liste des banques privées qui ont annoncé leurs résultats financiers pendant les trois premiers mois de l’année comprend la banque Crédit Agricole, avec une hausse de 139 % des profits, suivie par Qatar National Bank (QNB, +114 %), National Bank of Koweit (NBK, +87,12 %), CIB (+42,5 %) et Al-Baraka (+20 %). Quant aux banques publiques, la Banque du Caire a annoncé la hausse de ses profits nets de 29 % pendant le premier trimestre, suivie par National Investment Bank (NIB, +25 %). Jusqu’à présent, les deux plus grandes banques commerciales du pays, qui sont également publiques, la Banque nationale d’Egypte (NBE) et la Banque Misr, n’ont pas encore annoncé leurs résultats financiers, mais elles ont réalisé une hausse des profits nets de 15 % et 4,1 % respectivement en septembre 2022.

Les analystes au sein des banques d’investissement ont attribué ces résultats inattendus à la grande hausse des revenus des banques provenant de trois sources principales : l’investissement dans les titres d’endettement gouvernementaux, les intérêts sur les prêts bancaires et, enfin, les commissions de change. « La hausse des intérêts bancaires a entraîné une hausse du coût d’emprunt sur les titres gouvernementaux émis par le Trésor. Et donc les revenus provenant de ce type d’investissement ont connu une hausse considérable », indique Shaaban.

Depuis mars 2022, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) avait adopté une politique d’austérité basée sur la hausse des taux directeurs sur les dépôts et les crédits pour freiner la flambée des taux d’inflation. Au cours de l’année dernière, les taux d’intérêt ont augmenté de 8 % sur quatre phases, passant à 16,25 % sur les dépôts et 17,25 % sur les crédits en décembre 2022, contre 8,25 % et 9,25 % respectivement en février. En 2023, la BCE a augmenté ses taux directeurs une seule fois, en mars, de 2 %, passant ainsi à 18,25 % et 19,75 %. Cette politique a causé l’envolée des intérêts sur les bons du Trésor et les obligations gouvernementales dans lesquels investissaient les banques. Le rendement moyen des titres de créance à court terme n’a cessé d’augmenter pour dépasser les 23 % pour la première fois en mai dernier, contre un rendement moyen de 13 % pendant l’année dernière. Le rapport mensuel de la BCE publié en avril a indiqué la hausse des investissements des banques dans les bons du Trésor et des obligations gouvernementales de 33,2 % pour atteindre 4,4 trillions de L.E. en décembre 2022, contre 3,3 trillions en décembre 2021. Ce chiffre a atteint 4,7 trillions de L.E. en février 2023.

Hausse des crédits

Au niveau des crédits accordés aux clients, le directeur de recherche au sein de CI Capital, Monsef Morsi, a relevé la hausse des crédits accordés aux entreprises malgré l’augmentation des intérêts bancaires. « L’année dernière et le premier trimestre de cette année étaient caractérisés par la hausse de la valeur des crédits accordés aux entreprises. Ces dernières ont été obligées de continuer d’emprunter en grandes sommes malgré la hausse du coût d’emprunt pour répondre à leurs obligations concernant le cycle de production sous l’effet de la dévaluation de la monnaie nationale », souligne-t-il.

Une justification approuvée par Amany Shaaban, notant à l’Hebdo la hausse des crédits de 30 % pendant l’année dernière. « Le secteur privé va poursuivre sa politique d’emprunt au cours de cette année. Mais l’emprunt sera limité aux crédits à court terme. C’est pourquoi le total des crédits va diminuer au cours de cette année », renchérit-elle, prévoyant une hausse du total des crédits de 15 % en 2023. Le rapport de la BCE a souligné la hausse du montant des crédits non gouvernementaux l’année dernière malgré la hausse du coût d’emprunt. Les crédits bancaires ont augmenté de presque un tiers, passant à 2,4 trillions de L.E. en décembre 2022 contre 1,8 trillion de L.E. en décembre 2021. En février dernier, ils ont augmenté à 2,55 trillions de L.E. Les prêts accordés au secteur familial ont passé à 754 milliards de L.E. en décembre 2022 contre 603 milliards en février 2022. Le total des crédits a augmenté à 771 milliards de L.E. en février 2023, contre 625 milliards de L.E. en février 2022.

Quant à la hausse des commissions de change facturées par les banques, Monsef Morsi a clarifié que toutes les banques ont augmenté ces commissions, entraînant une grande hausse des revenus des banques et leurs profits nets. Les banques dirigées par les deux grandes banques publiques, NBE et la Banque Misr, ont décidé d’augmenter les commissions sur les retraits d’espèces en dollar et les achats effectués à l’étranger de 3 à 10 % en décembre dernier.

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