Le conseil d’administration du Dialogue national s’est réuni jeudi pour finaliser les derniers préparatifs avant
son lancement officiel.
Les différentes forces politiques, toutes tendances confondues, sont invitées à rejoindre ce mercredi 3 mai la session inaugurale du Dialogue national. Sont cependant exclues les forces qui ont été reconnues coupables d’actes de violence et de terrorisme. Selon Diaa Rashwan, coordinateur général du Dialogue national, parmi les participants figurent les représentants de 105 partis politiques, de 25 syndicats professionnels, des syndicats ouvriers, des ONG, des personnalités publiques, des experts et des responsables gouvernementaux. Le lieu de la tenue de la session inaugurale n’a pas été encore fixé, mais il est prévu qu’elle se tienne à la Nouvelle Capitale administrative ou à la principale salle de l’Université du Caire pour pouvoir accueillir le plus grand nombre de participants, comme l’a annoncé le conseil d’administration du Dialogue national suite à une réunion tenue jeudi 27 avril pour finaliser les procédures de lancement du dialogue. Selon le secrétaire général du Dialogue national, Mahmoud Fawzi, le conseil d’administration a aussi invité 16 figures, dont des politiciens, des intellectuels, des militants des droits de l’homme, des stars de cinéma et des universitaires, à rejoindre les comités du dialogue. Au sujet du système de gestion des sessions, il fait savoir que le dialogue consistera en plusieurs sessions organisées simultanément au moins trois fois par semaine : une journée consacrée à l’axe politique, une à l’axe économique et une à l’axe social. Les 19 membres du conseil d’administration détermineront les sujets et finaliseront les calendriers des débats qui auront lieu lors de chaque session du dialogue. Chaque session regroupera environ 30 participants qui seront choisis avant le débat. Les rapporteurs et les rapporteurs adjoints seront chargés de diriger les débats et de veiller à ce que tous respectent les règles de procédure et les codes de conduite.
Aussi, il a été décidé que le dialogue commencera par le volet politique, suivi par le volet économique. Les discussions politiques incluront les amendements proposés par le conseil d’administration du dialogue sur la loi régissant l’Autorité Electorale Nationale (AEN) afin de prolonger son mandat qui expire le 17 janvier 2024. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a déjà chargé le gouvernement de revoir la proposition d’amendement à l’article 34 de la loi 198/2017 de l’AEN, qui prévoit un contrôle judiciaire complet sur toutes les élections (présidentielle, parlementaires et municipales) et les référendums.
Les priorités des forces politiques
Les forces politiques et syndicales ont aussi fixé leurs priorités. « Nous espérons que les résultats du dialogue serviront à long terme les intérêts politiques et économiques du pays », s’exprime Yasser Al-Hodeibi, porte-parole du parti libéral du Néo-Wafd, soulignant que son parti présentera un programme qui favorise « une plus grande ouverture politique avec des propositions sur l’amendement des lois électorales, la détention provisoire et l’exercice des droits politiques ». Quant au parti de gauche du Rassemblement, son chef, Sayed Abdel-Aal, estime qu’à l’heure de la crise économique qui pèse sur l’Egypte comme sur d’autres pays, il est nécessaire de revoir la performance de la politique économique. « Le programme économique du parti comprendra des demandes de rationalisation des dépenses publiques ainsi qu’une promotion du secteur industriel et de l’agriculture en tant que moteurs des recettes en devises étrangères, d’autant plus qu’il s’est avéré risqué de dépendre de sources comme le tourisme et le Canal de Suez », indique Abdel-Aal. Sur le volet politique, il indique que son parti veut que les lois sur les élections et les partis politiques soient modifiées de façon à aider les partis d’opposition à devenir plus actifs et mieux représentés au parlement. Un souci partagé par le Mouvement civil, un bloc comprenant six partis d’opposition. Farid Zahran, président du Parti socialistedémocrate, indique que le Mouvement civil a soumis une liste de réformes, proposant notamment des amendements accordant plus de libertés aux médias et à la presse et modifiant les conditions de détention provisoire.
D’autre part, le volet économique représente une priorité absolue pour le Mouvement réformiste, regroupant 4 partis. Dans un communiqué, il a indiqué que leur agenda portera sur les mesures aptes à réduire l’inflation, lutter contre les monopoles et la cupidité des commerçants ainsi que la réforme fiscale et financière adéquate pour remédier au déficit budgétaire.
Par ailleurs, les représentants de 22 ONG ont rencontré Diaa Rashwan la semaine dernière et lui ont présenté leurs propositions qu’ils aborderont lors des sessions. Il s’agit notamment d’accorder à la société civile une plus grande liberté d’action, de faciliter l’enregistrement des organisations de défense des droits de l’homme qui cherchent à régulariser leur statut et de prolonger le délai d’enregistrement pour les ONG souhaitant opérer sous l’égide de la loi sur les ONG. Une gamme de propositions visant dans leur ensemble à trouver des solutions pragmatiques à court et à long termes aux défis politiques, économiques et sociaux qu’affronte l’Egypte. Selon les observateurs, la concrétisation des idées abordées dépendra du déroulement des sessions du dialogue et de la capacité des forces politiques de valoriser l’intérêt public pour parvenir à des résultats consensuels.
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