Les investisseurs aux Bourses arabes ont liquidé leurs portefeuilles. (Photo : AP)
Les répercussions de la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB) ne cessent de se développer d’un jour à l’autre. Les marchés financiers ont vécu une semaine très difficile partout dans le monde et en Egypte sous l’effet des difficultés financières de deux autres banques américaines, ainsi que de la banque Credit Suisse. Les investisseurs particuliers et institutionnels ont déclenché une vague de vente entraînant la chute des indices boursiers. L’indice principal de la Bourse égyptienne EGX 30 (rassemblant les actions les plus actives) et celui EGX 70 des petites et moyennes entreprises ont enregistré des chutes de 10,6 % et 16,2 % respectivement. « En raison des craintes des investisseurs d’une crise financière similaire à celle de 2008 au niveau mondial, les investisseurs étrangers ont accentué la vente de leurs titres financiers entraînant la chute des actions dans lesquelles ils investissent », explique Rania Yacoub, PDG de la société de courtage Three Way Securities, ajoutant que cette chute ne se limite pas à la Bourse égyptienne. « Tous les marchés européens, américains et ceux du Golfe ont été plongés dans le rouge », renchérit-elle. Le site de la Bourse égyptienne Mubasher a indiqué le recul de l’indice de la Bourse saoudienne (Tassi) de 4,66 %, soit la plus forte chute depuis 3 mois, suivie par la Bourse koweïtienne de 3,26 %. « Les actions du secteur bancaire arrivent en tête de liste des secteurs subissant une perte de 6,84 % en Arabie saoudite, alors que les actions du secteur des télécommunications ont reculé de 2,59 % », selon le site Mubasher.
Depuis le 10 mars, la faillite de la SVB et de deux autres banques régionales américaines a ravivé le spectre de la crise financière de 2008 qui avait déstabilisé l’économie mondiale. Le 15 mars, le principal actionnaire de la banque Credit Suisse, Saudi National Bank qui détient 9,8 % du capital, a refusé de la soutenir en cas d’augmentation du capital. Une nouvelle qui a accentué les craintes chez les investisseurs, entraînant la chute de l’indice de la Bourse égyptienne de 4,15°%, soit son plus bas niveau depuis la séance du 18 mars 2020 (4,84 %). « Les investisseurs individuels égyptiens ont terminé la séance en tant que vendeurs nets, puisqu’ils représentaient à eux seuls 60 % du total des transactions boursières. En l’absence d’impact direct de SVB ou de Credit Suisse Group (CSG) sur le marché, nous pensons que les investisseurs doivent réduire leur effet de levier et investir à long terme », a noté Amr El Alfy, chef du département des recherches à la banque d’investissement Prime Holding, dans une note envoyée à l’Hebdo.
Jusqu’à présent, il n’existe pas de documents officiels précisant l’impact des difficultés financières aux Etats-Unis sur les entreprises égyptiennes et les banques. Seul le groupe financier EFG Hermes Holding a publié le 14 mars une clarification concernant l’impact de l’effondrement de la banque SVB sur son investissement dans la société de technologie financière EFG-IV. « L’impact sur le portefeuille EFG-IV Financial Technology à la suite de la crise bancaire de la SVB se fait à travers deux de ses sociétés de portefeuille, dont l’une détient 1,3 % et l’autre lui fournit un financement de 391 000 L.E. », a noté EFG Hermes dans un communiqué de presse, ajoutant que les pertes des deux entreprises ne dépassent pas 200 000 dollars.
Une vision positive
Malgré la forte baisse de la Bourse égyptienne par rapport aux autres marchés financiers suivant l’effondrement de la SVB, les analystes expriment leur optimisme à l’égard de la prochaine période. « La Bourse égyptienne pourrait profiter de cette crise. Ces faillites pourraient inciter la Banque fédérale américaine à arrêter la hausse sauvage des taux d’intérêt. Ce qui se répercutera positivement sur les marchés émergents et atténuera l’impact de l’exode des étrangers », prévoit à l’Hebdo Hanan Ramses, membre du conseil d’administration de la maison de courtage Al-Horrya.
De même, Rania Yacoub anticipe la reprise de la Bourse et l’attraction de nouveaux investissements grâce à l’émission de participations dans les entreprises gouvernementales. « Les investisseurs sont impatients de voir le début du programme d’offre des entreprises publiques pour leur montrer que le gouvernement est sérieux dans ses promesses », souligne Rania Yacoub, en prévoyant le lancement d’une part de Telecom Egypt et de United Bank au cours de la prochaine période. Le gouvernement envisage de nommer une banque d’investissement internationale pour participer à la gestion et à la promotion de l’offre d’une participation supplémentaire, comprise entre 10 et 20 % de Telecom Egypt, auprès des investisseurs au cours des prochains jours.
De même, le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a révélé la semaine dernière que le gouvernement envisageait d’élargir la liste des entreprises qu’il proposerait aux investisseurs dans le cadre du programme d’offre de 32 à 40 entreprises gouvernementales, tout en allant de l’avant avec l’offre de certaines d’elles en avril prochain. « Il est possible d’offrir 5 banques, dont celle d’Alexandrie », a déclaré le ministre, en marge d’une conférence sur le secteur financier tenue à Riyad, en Arabie saoudite.
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