Al-Ahram Hebdo : Qu’est-ce que la médecine de la douleur ? Et quand est-elle apparue en Egypte ?
Dr Khaled Abdel-Hamed : La médecine de la douleur a commencé en Egypte dans les années 1980, avec l’intérêt croissant à la question de l’amélioration de la qualité de vie des personnes en général et des patients en particulier. Certaines maladies provoquent des douleurs chroniques qui ne disparaissent qu’après la guérison. Pendant cette période, le patient ne peut pas mener une vie normale, ni avoir un sommeil de bonne qualité à cause de ses fortes douleurs. C’est en essayant de s’attaquer à cette situation que cette spécialisation a commencé à se répandre.
— Quels types de patients devraient consulter un médecin de la douleur ?
— La médecine de la douleur peut traiter les douleurs résultant des tumeurs, les douleurs de la colonne vertébrale, ainsi que les douleurs résultant des hernies discales, des raideurs articulaires, les douleurs nerveuses diverses, les migraines, la fibromyalgie, etc.
— Le médecin généraliste qui suit un malade chronique, ou l’oncologue dans le cas des malades de cancer, est-il en mesure de soigner le patient de sa douleur, ou doit-il recourir à un médecin spécialisé dans le traitement de la douleur ?
— Si le degré de douleur est tolérable, le médecin traitant peut s’en occuper, mais si la douleur est intense, le patient doit être référé à un médecin de la douleur. Mais de par mon expérience personnelle, la majorité des patients viennent me voir sur les conseils d’autres patients et peu viennent sur la recommandation de leur médecin.
— Quels sont les degrés de douleur qui nécessitent un suivi par un médecin spécialisé ?
— Il existe trois degrés de douleur : légère, modérée et sévère. Pour les douleurs légères, auxquelles la plupart d’entre nous sommes exposés, nous pouvons recourir à des analgésiques légers sans consulter le médecin, tant que la douleur disparaît dans une période n’excédant pas trois jours, comme les maux de tête ou les douleurs musculaires non chroniques.
Les douleurs modérées ont une cause pathologique, mais elles disparaissent avec la disparition du problème, comme les douleurs causées par une fracture, les maux de dents sévères, les douleurs postopératoires, etc. Là, le médecin traitant prescrit des analgésiques plus forts qui ne doivent pas être utilisés sans prescription. Quant aux douleurs sévères et chroniques qui affectent le quotidien du patient, c’est elles qui nécessitent le recours à un médecin algologue.
— Quelle est la nature des traitements offerts dans ce cas ?
— Le traitement de la douleur chronique est complexe. Par exemple, la morphine est utilisée dans les cas de tumeurs avancées où la douleur est intolérable. Dans certains cas, pour les douleurs articulaires, des injections intra-articulaires composées de corticostéroïde, d’acide hyaluronique et de plasma riche en plaquettes sont administrées. Pour les douleurs vertébrales, on a parfois recours à la vaporisation laser des hernies du disque intervertébral, qui consiste à supprimer de la substance discale par chauffage. Ces techniques permettent au patient de suivre une physiothérapie sans douleur intense. Quant à la névralgie du trijumeau, un procédé appelé « lésion thermique par radiofréquence », elle consiste à utiliser la chaleur pour brûler une section du nerf responsable de la douleur. Ainsi, nous pouvons dire que dans chacun des cas, le traitement est adapté à la nature de la douleur.
— Quels sont les effets secondaires de ces traitements ? Et comment les éviter ?
— Toute intervention médicale a des effets secondaires, et la tâche du médecin est de traiter le patient avec le moins de complications possible. De plus, des analyses périodiques sont nécessaires pour tester les fonctions du foie et des reins, et éventuellement trouver un traitement alternatif. Dans la plupart des cas, le médecin trouvera le traitement adapté.
— Qu’en est-il de ces traitements alternatifs ?
— Le suivi psychologique, la méditation guidée par un formateur spécialisé et l’acupuncture sont autant de compléments bénéfiques au traitement.
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