L’Arabie saoudite a réalisé un taux de croissance exceptionnellement haut en 2022 grâce aux cours pétroliers records
Contrairement à la moyenne mondiale, la croissance au Moyen- Orient et en Asie centrale devrait baisser en 2023 plus que prévu, estiment les dernières Perspectives Economiques Mondiales (PEM), publiées il y a quelques jours par le Fonds Monétaire International (FMI). La croissance moyenne de la région devrait ainsi passer de 5,3°% en 2022 à 3,2 % en 2023, avec une révision à la baisse de 0,4 point de pourcentage depuis octobre, principalement attribuable à un ralentissement plus marqué que prévu de la croissance en Arabie saoudite, qui passe de 8,7 % en 2022 (supérieure aux prévisions de 1,1 point de pourcentage) à 2,6 % en 2023, avec une révision négative de 1,1 point de pourcentage.
Le FMI a, par contre, revu à la hausse sa prévision de la croissance mondiale pour l’année 2023 pour la première fois en un an. Celle-ci reste toujours au ralenti, mais légèrement mieux qu’anticipé, malgré la poursuite de l’inflation, la guerre en Ukraine et le risque de Covid en Chine, trois facteurs qui hantent l’économie mondiale en 2023. En dépit de ces vents contraires, la demande totale aux Etats-Unis est restée résiliente, l’ouverture en Chine pousserait aussi la demande.
La croissance en Inde reste toujours robuste en 2023. Ainsi, le PIB mondial reste plus ou moins résilient au troisième trimestre de 2022 dans de nombreux pays. Par conséquent, le FMI prévoit une baisse de la croissance mondiale à un rythme plus lent que prévu, de 3,4 % en 2022 à 2,9 % en 2023, pour rebondir à 3,1 % en 2024. « En vue des normes historiques, la croissance restera faible, sur fond de la guerre en Ukraine, ainsi que la guerre contre l’inflation, qui frappent l’activité économique », commente Pierre- Olivier Gourinchas, premier économiste auprès du FMI. Pour lui, cette dernière mise à jour pourrait être « un point tournant », marquant la fin des deux maux : le ralentissement économique et la hausse de l’inflation.
Le cas de l’Arabie saoudite
La plus récente mise à jour n’a pas inclus en détail les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Elle n’a pas non plus fait la distinction entre les pays exportateurs et importateurs de pétrole. Mais en gros, elle a rendu la baisse des prévisions de croissance de la région au repli de l’offre pétrolière : « La révision à la baisse pour 2023 reflète principalement la diminution de la production de pétrole, conformément à un accord conclu par l’OPEP+ (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, y compris la Russie et d’autres exportateurs de pétrole non membres de l’OPEP), tandis que la croissance hors pétrole devrait rester robuste ». C’est pourquoi la croissance de l’Arabie saoudite sera réduite d’une estimation de 8,7 % en 2022 à un maigre taux de 2,6 % prévu en 2023, soit une réduction de prévisions de 1,1 % pour l’année en cours. Pour Ahmad Shams, directeur de recherche de la banque d’investissement EFG Hermes, « cette croissance peut être plutôt estimée entre 3 et 4 %, si l’on exclut l’effet d’une croissance exceptionnelle qui retourne au normal en 2022. D’autant plus que la production pétrolière de l’Arabie saoudite est actuellement presque à son apogée ».
En 2022, les cours pétroliers ont atteint des records inattendus. De plus, les ventes pétrolières de l’Arabie saoudite battaient un record, d’où la croissance en 2022. Alors qu’en 2023, « une baisse est prévue de la production qui serait entre 500 000 et un million de barils », ajoute Shams à l’Hebdo. Le PIB saoudien non pétrolier reste robuste, d’après le document publié par la maison de recherche internationale Consultancy-me, qui prévoit la continuation de la hausse robuste de la consommation locale, ainsi que l’investissement. Le FMI avait prévu en août dernier que la croissance non pétrolière au Royaume serait de 4,2 % et 3,8 % en 2022 et 2023 respectivement.
Plusieurs personnes doutent d’ailleurs de la fiabilité des prévisions du FMI. La Banque Mondiale a récemment publié une étude qui souligne que dans les temps incertains, il devient très difficile de prévoir avec précision le parcours de la croissance mondiale. Pour Kenneth Rogoff, économiste à l’Université de Harvard, « l’optimisme sur l’évolution mondiale est prématuré », puisqu’il existe plusieurs facteurs extérieurs en jeu, comme la croissance incertaine en Chine, ou encore les développements de la guerre en Ukraine. Rogoff a écrit pour le site international d’opinion Project Syndicate que « s’il demeure difficile de quantifier dans le long terme les effets sur la croissance des vives tensions géopolitiques que nous connaissons aujourd’hui, le FMI n’en estime pas moins que la démondialisation pourrait réduire le PIB mondial de 7 % ».
Lien court: