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Bronchiolite : Les laboratoires multiplient les essais

May Atta , Mercredi, 09 novembre 2022

Face à la forte progression de la bronchiolite, l’Union européenne a donné son feu vert pour un traitement préventif de cette maladie saisonnière. D’autres traitements sont en phase d’essais cliniques.

Bronchiolite : Les laboratoires multiplient les essais
Le port d’un masque protègerait contre tout virus. (Photo : Reuters)

Au moment où une forte épidémie frappe plusieurs pays, l’Union Européenne (UE) a approuvé un traitement préventif de la bronchiolite, ont annoncé vendredi les groupes AstraZeneca et Sanofi, qui développent ce médicament. Le nirsevimab aide à « la prévention des infections par le Virus Respiratoire Syncytial (VRS) chez le nourrisson », a détaillé le groupe français Sanofi dans un communiqué. Le VRS est l’un des virus à l’origine de la bronchiolite, une maladie qui frappe surtout les bébés et qui, même si elle est généralement sans gravité, provoque des symptômes souvent spectaculaires et nécessitant parfois une hospitalisation. Pour l’heure, il n’existe pas de vaccin contre cette maladie qui est, actuellement, d’une ampleur sans précédent depuis plusieurs années. Le nirsevimab, vendu sous le nom Beyfortus, n’est pas à proprement parler un vaccin, mais fonctionne avec une même intention préventive : administré en une piqûre, il vise à empêcher la survenue de la bronchiolite. Il s’agit d’un traitement par anticorps de synthèse, qui fournit directement à l’organisme les armes pour lutter contre la maladie. Par contraste, un vaccin permet à l’organisme de développer luimême ces anticorps.

Des traitements disponibles en 2023

L’approbation de ce traitement marque une première phase importante dans la lutte contre la bronchiolite, même s’il ne sera pas distribué assez vite pour influer sur l’épidémie de cette saison. Selon Sanofi, Beyfortus sera disponible pour la prochaine saison — 2023 — de bronchiolite. C’est le premier médicament à être en mesure d’empêcher les formes graves de bronchiolite chez l’ensemble des bébés. Un autre traitement préventif, également produit par le groupe suédo-britannique AstraZeneca, existe déjà, mais il n’est indiqué que pour les enfants à risques ou prématurés.

D’autres traitements de ce type devraient suivre. Une trentaine — vaccins ou anticorps monoclonaux — sont actuellement en phase d’essais cliniques, selon un résumé publié cet été par le Lancet Infectious Diseases. « La prévention du VRS (est) à portée de main », résument ses auteurs, rappelant que ce virus est la deuxième cause de mortalité des nourrissons dans le monde, essentiellement dans des pays pauvres ou à revenus intermédiaires. Le 1er novembre, le groupe américain Pfizer a notamment fait part de résultats positifs pour les nouveau-nés et nourrissons d’un essai clinique sur un vaccin contre ce virus respiratoire administré à la mère pendant la grossesse. Selon les résultats de ce test de phase 3 dévoilés par l’entreprise, le vaccin s’est révélé efficace à environ 82 % pour prévenir les cas graves dans les trois premiers mois d’un bébé, et à environ 69 % dans les six mois suivants. L’essai n’a en revanche pas conclu que le vaccin réduisait les cas non sévères de façon « statistiquement significative », même si les tests montrent une certaine efficacité clinique, indique le laboratoire.

Sur la base de ces résultats, qui n’ont pas été revus par des scientifiques indépendants, Pfizer prévoit la demande d’une autorisation pour le vaccin chez les femmes enceintes d’ici la fin de l’année aux Etats-Unis, puis dans d’autres pays.

Epidémie de bronchiolite : Ce qu’il faut savoir

La bronchiolite est une maladie respiratoire courante et très contagieuse, surtout chez les nourrissons de 2 à 8 mois, chez qui elle provoque une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Si elle est angoissante pour les jeunes parents, la plupart du temps, la maladie est bénigne. Mais elle peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation. Pfizer estime qu’environ 102 000 enfants meurent chaque année à cause du VRS dans le monde, la moitié ayant moins de six mois. « Les nourrissons sont les plus exposés au VRS, car ils ne peuvent souvent pas cracher les sécrétions causées par le virus et peuvent avoir besoin d’une aspiration des voies respiratoires ou de liquides intraveineux. Certains peuvent avoir besoin d’oxygène supplémentaire. Les enfants plus âgés et la plupart des adultes présentent généralement des symptômes légers, semblables à ceux du rhume. Les personnes âgées ou immunodéprimées sont plus à risque », explique Dr Amgad Al-Haddad, spécialiste en allergie et en immunologie.

En temps normal, l’épidémie de bronchiolite suit un même schéma saisonnier d’une année à l’autre : elle démarre entre fin octobre et minovembre, atteint un pic en décembre, se termine fin janvier, voire fin février. Mais cette temporalité a été affectée depuis le Covid-19. Cette année, elle a démarré plus tôt qu’habituellement dans de nombreux pays.

L’infection par le VRS peut être prévenue de la même manière que l’on se protègerait contre tout virus. Dans un contexte de Covid persistant, de probables épidémies de grippe saisonnière précoce et de bronchiolite, Dr Haddad préconise de garder les mains aussi propres que possible, de rester à l’écart des personnes malades, d’assurer la meilleure ventilation possible dans les endroits clos, ainsi que le port d’un masque pour les personnes âgées ou porteuses de comorbidités, l’entourage et les soignants de personnes vulnérables, les femmes enceintes, surtout dans les hôpitaux et les transports.

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