Deux semaines après la démission des députés du leader iraqien Moqtada Sadr, 64 membres de la coalition chiite pro-Iran ont prêté serment pour remplacer les députés sortants. Le Cadre de coordination — nom de la nouvelle coalition — a donc regagné jeudi la majorité au parlement, ouvrant la voie à une issue à la crise qui immobilise la vie politique iraqienne depuis huit mois.
Moqtada Sadr avait remporté les élections législatives en octobre dernier et, allié des partis kurdes et sunnites, il avait poussé le Cadre de coordination dans l’opposition. Il avait alors engagé un bras de fer avec son adversaire, qui faisait blocage. Sans majorité claire ni consensus, le parlement a échoué 3 fois depuis le début de l’année à organiser l’élection du président de la République, première étape avant la désignation du premier ministre et la formation du gouvernement.
En protestation à l’inertie politique, Moqtada Sadr avait annoncé, le 12 juin dernier, la démission de ses 73 députés. Comme le prévoit la loi, les candidats arrivés en deuxième position ont hérité des sièges vacants.
Une quarantaine de sièges est revenue aux membres du Cadre de coordination, qui possède à présent 130 sièges sur 320, selon un décompte de l’AFP et qui devient la force la plus importante de l’hémicycle.
Le Cadre de coordination regroupe l’Alliance de la conquête, la coalition Etat de droit et l’Union patriotique du Kurdistan. Face à cette coalition pro- Iran, Moqtada Sadr souhaitait former un « gouvernement majoritaire » en s’alliant avec le parti sunnite Taqaddum et le Parti démocratique du Kurdistan. Il entendait ainsi briser la tradition d’un gouvernement de consensus regroupant les forces chiites, hérité de la répartition ethnique et confessionnelle du paysage politique, la « muassassa », instaurée après la chute de Saddam Hussein. Cependant, la démission des députés de Moqtada Sadr ne signifie pas le retrait du leader chiite de la vie politique. Le politologue Hamzeh Hadad met en garde contre l’instabilité, « surtout si les Sadristes n’obtiennent pas de postes au sein de l’exécutif ». Bien que la coalition chiite ait l’ascendant au parlement, Moqtada Sadr reste le leader de l’opposition populaire. Il pourrait contester la légitimité de ses adversaires dans la rue, plongeant le pays une nouvelle fois dans l’instabilité politique.
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