
En quelques secondes, le feu sacré illumine l’église, les fidèles se hâtent à allumer leurs cierges dès que le patriarche sort du Saint-Sépulcre.
Christine, une jeune fille, a accompagné ses parents durant ce pèlerinage. Pour se préparer à ce vol concocté par une compagnie locale et dont la durée n’a pas dépassé les 45 minutes, elle a téléchargé sur son portable la carte de Jérusalem et de la Palestine.
« Une église est construite dans presque chaque lieu cité dans les Evangiles. Lorsque le prêtre s’arrêtait dans ces stations et lisait l’Evangile dans les endroits saints, je me sentais dans l’entourage de Jésus dans ces passages de l’Ecriture sainte et je le voyais luimême en train de faire un miracle ou de dire une parabole. En route vers la montagne de la Tentation, j’ai su que le roi David s’était caché dans ce désert que l’on traversait et ce fut pour moi un grand moment d’émotion », se souvient-elle.
Après deux ans d’arrêt à cause du Covid-19, les chrétiens égyptiens ont réussi enfin à se rendre en pèlerinage en Palestine cette année, avec un nombre limité à cause de la pandémie. Le pèlerin doit avoir au moins 41 ans, selon le site Masrawy, et le coût du pèlerinage avoisine les 1 500 dollars, billet d’avion inclus. Il commence par la célébration du dimanche des Rameaux, puis la Semaine sainte débute lundi, durant laquelle les pèlerins visitent plusieurs endroits, dont Aïn-Karem où la Vierge Marie a fait un long chemin pour aller servir sa cousine Elisabeth, jusqu’à donner naissance à saint Jean-Baptiste. Les pèlerins se dirigent ensuite vers Bethléem pour voir le champ des bergers, ainsi que l’église de la Nativité.
Point d’orgue, le Saint-Sépulcre
Un autre jour, ils vont à Nazareth, où Jésus a passé sa jeunesse, et visitent la basilique de l’Annonciation. Avant le départ, les pèlerins n’oublient pas d’acheter une robe blanche en lin ou « tounia » pour leur baptême dans le Jourdain, à l’exemple de Jésus, en signe de purification. Le programme comprend également la visite de Jéricho et l’arbre sur lequel le chef des publicains (collecteurs d’impôts), Zachée, un nain, est monté pour voir Jésus. Sans oublier de passer par le village de Cana, là où Jésus a transformé l’eau en vin, lors de la célébration d’un mariage. Et ce n’est pas tout. La semaine atteint son apogée le samedi saint lorsque la lumière miraculeuse sort de l’intérieur de l’église du Saint- Sépulcre, pleine à craquer ce jour-là. Des cris de joie fusent à la vue de ce feu qui ne brûle pas la peau.
« J’ai senti une grande douleur en imaginant Jésus dans la prison étroite où il a passé la nuit de son jugement. Il y faisait très froid. Par contre, j’ai ressenti un grand soulagement et une grande joie à l’intérieur du Saint-Sépulcre. Je conseille de s’y rendre tôt le matin vers 5h ou 6h et au mois de février car il y a moins de gens », avance Christine. Quant à Inès, elle a eu une belle surprise, il y a quelques années, celle d’obtenir l’autorisation d’accomplir ce voyage, car elle était la plus jeune du groupe, 43 ans, les autres ayant au-delà de 50 ans. Le voyage était fatigant pour les pèlerins qui ont pris le bus jusqu’à Rafah et ont attendu longtemps aux frontières car le passage était fermé.
« Cette longue attente m’a fait sentir que je marchais avec Jésus sur le Chemin douloureux de la croix. En revanche, à Jérusalem, j’ai ressenti une grande joie intérieure à chaque endroit que l’on visitait », relate Inès qui se demandait comment l’on se déplaçait jadis, car il faut en moyenne entre 3 et 4 heures en bus pour parcourir certaines distances. « Le poteau de flagellation sur lequel Jésus fut attaché est placé sous l’autel et lorsque j’ai posé ma tête sur ce dernier, j’ai entendu le bruit des flagellations, ainsi que les gémissements de Jésus », racontet- elle. Le samedi saint, Inès s’est rendue à Beit Jala pour assister aux festivités. « Quand la lumière miraculeuse est arrivée, j’ai allumé plusieurs douzaines de cierges », ajoute-t-elle.
Hani, lui, nous signale que ce pèlerinage, auquel participent toutes les nationalités, se fait durant la dernière semaine du carême et que des gens de différentes cultures font les mêmes prières, mais dans différentes langues. « De nombreux problèmes qui entravaient mon voyage ont été résolus deux jours avant mon départ, ainsi que ceux de mes compagnons. Un miracle et un bon signe que Dieu voulait que j’accomplisse ce pèlerinage », dit-il. Hani ne voulait pas quitter certains endroits saints, tellement il voulait continuer à prier et méditer. « Ce voyage m’a donné de l’espérance et m’a aidé à faire face aux défis. Ma vision des choses a changé », confirme-t-il. Et de conclure que ce n’est pas un voyage touristique, on y obtient des grâces qui dépassent de loin les coûts de ce périple .
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