A 20h sont tombés les premiers résultats. En fin de soirée, la qualification d’Emmanuel Macron avec 28 % des voix
et Marine Le Pen, 23,2 % des suffrages, est confirmée. (Photo : AP)
Les résultats du premier tour de la présidentielle française sont tombés. Le président sortant, Emmanuel Macron, en tête avec 28 % des suffrages. Ce sera Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite, 23,2% des voix, qui lui fera face lors du deuxième tour le 24 avril prochain. Ce premier suffrage, marqué par une forte abstention de 26%, débouche donc sur un duel semblable à celui de 2017. Cependant, les résultats de ce premier tour prédisent un débat différent de celui d’il y a 5 ans.
Jean Luc Mélenchon, à la tête du parti de gauche radicale « Les Insoumis », arrive en 3e position avec 21,7% des voix. Il s’impose donc comme troisième force politique après avoir bénéficié du vote « utile » ou « efficace ». Donné dans les sondages comme seul candidat de gauche à pouvoir se qualifier au second tour, de nombreux électeurs se sont détournés des autres candidats, afin de faire barrage à l’extrême droite et sanctionner le président sortant. Absorbé par cette dynamique, le candidat écologiste, Yannick Jadot, reste en dessous de la barre symbolique des 5% des suffrages. Il en va de même pour la candidate socialiste, Anne Hidalgo, qui ne regroupe que 1,7% des voix.
Restructuration du paysage politique
Ce premier tour confirme donc la disparition progressive du Parti socialiste, et plus généralement la restructuration du paysage politique, au détriment des partis historiques. Valérie Pécresse, candidate du parti « Les Républicains », n’atteint que 4,8% des votes, de nombreux électeurs de droite s’étant tournés vers Emmanuel Macron ou bien les partis d’extrême droite.
L’effondrement de la droite républicaine ne garantit donc pas de réservoir de voix pour Macron au second tour. Bien que Valérie Pécresse appelle à voter « en conscience pour Emmanuel Macron pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir », les personnalités de droite ne sont pas unanimes. Une autre inconnue pour ce second tour est l’électorat de Jean Luc Mélenchon, qui risque de s’abstenir même si leur chef de file a appelé, dimanche soir, à « ne pas donner une seule voix à Mme Le Pen ». De son côté, la candidate du Rassemblement national bénéficiera du soutien des électeurs du second candidat d’extrême droite, Eric Zemmour, qui a obtenu 7% des voix. « Je ne me tromperai pas d’adversaire, c’est la raison pour laquelle j’appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen », expliquait-il dimanche.
Bien qu’il ait constitué une menace pour Marine Le Pen au moment de son entrée en campagne, Eric Zemmour a permis à la candidate d’adoucir son image. Face à la radicalité de son adversaire, elle apparaît comme une candidate apaisée, en comparaison avec la présidentielle de 2017, de laquelle elle était sortie particulièrement décrédibilisée. Depuis, Marine Le Pen a travaillé son image et continue son entreprise de dédiabolisation du parti: elle place le pouvoir d’achat au centre de son programme, qui reste profondément d’extrême droite, prévoyant d’instaurer la « préférence nationale » et remettant en question les fondements de l’Etat de droit. De plus, elle se présente comme proche des gens et fédératrice, s’assumant comme « présidente de tous les Français ». Suite à la publication des résultats du premier tour dimanche, elle appelait les « Français de droite, de gauche et d’ailleurs, de toutes origines » à rejoindre son « rassemblement ».
Face à elle, Emmanuel Macron a mené une campagne bien différente de celle de 2017: au compte-goutte, il a annoncé ses mesures et son programme sans réellement entrer en campagne électorale. Plus président que candidat, il mise sur sa personne et son incarnation du pouvoir pour remporter le second tour. Sur fond de la guerre d’invasion en Ukraine, il met d’abord en avant sa capacité à affronter les crises. Il se présente aussi comme barrage face à l’extrême droite. C’est une rhétorique qu’il avait déjà adoptée en 2017, quand il appelait à faire front face à Marine Le Pen malgré des divergences politiques. Aujourd’hui, le risque de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite n’a pas pour autant été écarté. En s’imposant comme seule alternative à Marine Le Pen, alors que toute opposition politique est morcelée, Emmanuel Macron renforce sa position hégémonique sur le paysage politique français.
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