La part de l’Afrique dans la production caféière mondiale a augmenté de 14 % en 2022. C’est ce que vient de révéler un rapport publié par l’Organisation Internationale du Café (OIC) qui prévoit également une hausse de 1,4 % de la production en Afrique en 2023. Il y a une forte demande sur les grains de café dans de nombreux pays africains. Selon le rapport, la consommation de café en Afrique a augmenté de 2,6 % durant l’année écoulée en 2021-2022. Au cours de cette saison de récolte, le continent africain a consommé 12,87 millions de sacs de café (un sac pèse 60 kg). Un nouveau record pour la région où la consommation est en hausse constante depuis 2017. L’Afrique est le continent qui compte le plus grand nombre de pays producteurs de café. Le rapport révèle que six pays représentent près de 75 % du volume total consommé par le continent africain. Il s’agit de l’Ethiopie, premier producteur de la rubiaceae (feuilles de café), suivie par l’Algérie, l’Egypte, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Tunisie. D’après l’OIC, la dynamique africaine devrait encore se poursuivre durant la saison 2022-2023, dépassant ainsi la barre des 13 millions de sacs.
Demande croissante et saveurs distinctes
Le café est le deuxième produit le plus échangé au monde après le pétrole. La demande sur les grains de café en Afrique, ainsi que dans le monde entier, devrait augmenter au cours de la prochaine décennie. Le continent africain est connu pour être le berceau du café. Il produit les meilleurs cafés au monde. Les variétés les plus répandues sont le robusta et l’arabica. De même, ses grains de café ont tendance à être plus fruités. La production africaine de café représente 12 % de la production mondiale totale. L’Ethiopie et l’Ouganda représentent environ 62 % de la production totale du continent. Des pays comme le Burundi, le Kenya, le Rwanda, Malawi, la Tanzanie, la Zambie et, plus récemment, la République démocratique du Congo ont tous établi des marchés d’exportation. « Le café de chacun de ces pays a ses caractéristiques distinctes, ce qui permet d’offrir une gamme très variée de saveurs. Pour l’Afrique, le café est une culture commerciale majeure parce qu’il est exporté essentiellement dans sa première forme sans aucun processus de fabrication », explique Samar Al-Bagouri, professeure adjoint au département d’économie à la faculté des études supérieures africaines de l’Université du Caire. Et d’ajouter : « Malheureusement, bien que l’Afrique soit le berceau du café et le deuxième continent au monde pour sa culture, il exporte 2/3 de sa production sous forme de matière première et en importe environ 1/3 sous forme de produits fabriqués : café soluble et café moulu ». Durant leur récolte, les grains de café africains subissent un traitement à sec. C’est le moyen le plus ancien de récolter et d’emballer les grains de café qui consiste à nettoyer les grains à la main et à les faire sécher au soleil. « Cette méthode, qui nécessite environ un mois pour que les grains de café soient entièrement prêts pour être expédiés, répond à la demande locale et internationale », explique Samar Al-Bagouri. Le café kenyan a une saveur distincte, ce qui en fait l’un des plus recherchés au monde. En Ethiopie, environ la moitié de la récolte de grains de café pousse en haute altitude pour créer des saveurs distinctes.
Opportunités et défis
Piliers de nombreuses économies africaines, le café joue un rôle primordial dans le développement socio-économique en Afrique. La production africaine de café rapporte des fonds élevés. L’Ethiopie, qui a produit environ quatre millions de sacs de grains de café en 2022, est le plus grand exportateur africain. Elle est responsable de la récolte et de la distribution de 3 % de l’approvisionnement mondial en grains de café. L’Ouganda est le deuxième exportateur africain avec près de 595 millions de dollars de ventes par an.
De façon générale, la vente et la culture de grains de café sont rentables pour les acheteurs nationaux et internationaux. Cependant, selon l’Organisation interafricaine du café, les producteurs africains ne reçoivent que moins de 5 % de la valeur totale mondiale, malgré la validité des terres africaines pour la culture du café (voir sous-encadré). « Les coûts du transport sont élevés et il faut transporter les grains de café des fermes locales aux acheteurs intéressés », explique Samar Al-Bagouri. « En Afrique, où les prix sont bas mais raisonnables, le café est un moyen de subsistance pour les agriculteurs locaux, soit une dizaine de millions de personnes qui travaillent dans le secteur. Une grande partie sont des femmes ». En 2022, l’Organisation internationale du café a signalé qu’environ 80 % du travail dans la production de café sont effectués par des femmes, bien que ce chiffre puisse varier selon les pays et les régions.
Toutefois, les agriculteurs locaux gagnent généralement moins d’un dollar par jour pour ce travail acharné. Il est nécessaire d’augmenter les salaires des agriculteurs africains qui travaillent sans relâche pour produire quotidiennement la délicieuse récolte de grains de café.
L’enjeu climatique
Sécheresse et hausse de températures, le réchauffement climatique menace l’industrie du café en Afrique. Car les grains de café sont très sensibles aux variations des températures. Selon les estimations, d’ici 2050, la superficie des terrains disponibles pour cultiver le café pourrait diminuer de moitié, alors que 60 % des variétés de café pourraient disparaître à cause des changements climatiques. Le café Arabica est l’une des espèces les plus menacées.
Toutefois, malgré les effets climatiques, les grains de café africains restent les meilleurs en ce qui a trait à la qualité. La plupart des grains produits sont biologiques et n’utilisent aucun produit agrochimique ou engrais pour augmenter la production globale. Des experts s’attendent à une bonne récolte de café pendant les années à venir. A mesure que la demande sur le café augmente, la production africaine de café augmente aussi pour répondre à cette demande.
L’organisation interafricaine de café, 63 ans d’existence
« Construire une nouvelle image du café africain », telle est la grande mission de l’Organisation interafricaine du café (OIAC) créée le 7 décembre 1960 par 11 Etat africains producteurs de café, à savoir l’Angola, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo (RDC), la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Gabon, le Kenya, le Madagascar, l’Ouganda et la Tanzanie. Elle représente également des millions de producteurs de café sur le continent. Aujourd’hui, les 25 pays africains producteurs de café sont membres de l’OIAC. Ils ont réalisé l’importance des actions communes face aux défis auxquels est confronté le café africain, au niveau de la transformation et de la commercialisation. L’organisation a pour but de positionner le café africain comme le café haut de gamme dans l’esprit des consommateurs du monde entier. Pour promouvoir « une culture de consommation intérieure du café » en Afrique, l’OIAC a lancé, en septembre 2022, à Abidjan, l’initiative « Buvez le café africain, construisez l’Afrique ».
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