La tension ne cesse de croître entre Israéliens et Palestiniens, trois mois après la décision de l’Autorité palestinienne de s’adresser à la Cour Pénale Internationale (CPI) pour faire traduire les dirigeants israéliens pour crimes de guerre. La direction palestinienne a annoncé cette semaine à l’issue d’une réunion à Ramallah la suspension de la coopération sécuritaire avec l’Etat hébreu en représailles aux «
violations et aux crimes israéliens contre le peuple palestinien ». La décision palestinienne fait suite à celle, il y a quelques semaines, du gouvernement israélien de suspendre le versement des taxes perçues par Tel-Aviv pour le compte de l’Autorité palestinienne. Une situation qui a placé cette dernière dans une grave crise financière. La décision de suspendre la coopération sécuritaire avec Israël, qui doit encore être approuvée par le président Abbas, apparaît comme un moyen de faire pression sur le gouvernement israélien pour l’amener à verser les taxes dues à l’Autorité palestinienne. La direction palestinienne a appelé par ailleurs au boycott des produits israéliens et pas seulement ceux provenant des colonies.
La suspension de la coopération entre Israël et l’Autorité palestinienne, si elle venait à se confirmer, pourrait entraîner une explosion de violence dans les territoires occupés. Lancée en vertu des accords d’Oslo de 1993, la coopération sécuritaire avait été suspendue lors de la seconde intifada palestinienne (2000-2005), avant d’être rétablie par le président Abbas après son élection en 2005. Abbas avait, à plusieurs reprises, défendu cette coopération. Aujourd’hui, cependant, avec l’échec des négociations de paix et les violations continues du gouvernement israélien, le président palestinien ne semble plus avoir beaucoup de choix.
L’Autorité palestinienne, née des accords d’Oslo de 1993, s’est vu confier la gestion administrative des zones A (18 % du territoire) et B (21 %), tandis qu’Israël continuait à administrer la zone C (61 %), où sont établies les colonies. La sécurité a été confiée aux forces palestiniennes dans la zone A et aux forces israéliennes dans les zones B et C. Ce partage implique une coopération entre les autorités, notamment pour le passage des biens et des personnes.
La coopération sécuritaire dépasse toutefois ce cadre. Les accords d’Oslo, signés au Caire en mai 1994, prévoient un échange d’informations entre Israéliens et Palestiniens avec des rencontres régulières entre les chefs des services de sécurité des deux parties, de même que des opérations conjointes entre forces de sécurité israéliennes et palestiniennes. Cette coopération sécuritaire est vitale pour Israël. La fin de cette coopération pourrait donner lieu à un nouvel embrasement sur le terrain et susciter de violents affrontements.
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