La décapitation de 21 citoyens coptes égyptiens la semaine dernière, en Libye, par le groupe de l’Etat Islamique (EI), a montré que le groupe terroriste était désormais sorti de son carcan et qu’il avait étendu son influence bien au-delà de ses bases iraqiennes et syriennes. Depuis son apparition l’été dernier en Iraq dans la foulée de l’insurrection sunnite, due aux politiques discriminatoires du gouvernement iraqien, l’EI a étendu ses activités. Outre la Syrie, voisine de l’Iraq, le groupe tente aujourd’hui de s’implanter dans le Sinaï où il soutient des groupes djihadistes locaux comme Ansar beit Al-Maqdess, responsable de plusieurs attaques meurtrières contre la police et l’armée. Parallèlement, l’EI essaie d’étendre son influence en Afrique du Nord.
Dans ce contexte, la Libye était une cible privilégiée. Ce pays proche des côtes européennes peut en effet servir de base arrière pour lancer des attaques en Europe. Contrairement à l’Iraq ou à la Syrie où l’EI fait face aux raids aériens de la coalition internationale, le groupe a totalement le champ libre en Libye, pays sans pouvoir central, livré au chaos et à l’anarchie.
En effet, quatre ans après le début du soulèvement contre le pouvoir du colonel Muammar Kadhafi, qui tenait le pays d’une main de fer, le riche pays pétrolier est livré aux milices rivales. La filiale libyenne de l’EI est déjà bien implantée dans plusieurs villes, de Derna à l’est à Sabratha à l’ouest, en passant par Syrte au centre. L’EI, qui a gagné du terrain aux dépens d’autres groupes extrémistes comme Ansar Al-Charia, repoussé par les forces du général Khalifa Haftar, pose désormais une sérieuse menace à la stabilité de la région. Menace pour l’Europe tout d’abord. La Libye est le principal point de passage de l’émigration clandestine vers le vieux continent.
Or, si les djiahdistes venaient à contrôler les côtes libyennes, ils pourraient organiser des attentats en Europe et propager le chaos. Menace aussi pour les pays de la région. L’Egypte, déjà aux prises avec le terrorisme sur son propre sol, est en première ligne. L’exécution des 21 coptes égyptiens la semaine dernière était déjà un signal d’alarme. L’Algérie et la Tunisie sont également visées.
Un grand nombre de djihadistes tunisiens, pourchassés par les autorités, sont venus grossir les rangs des groupes radicaux en Libye. N’oublions pas que l’EI et d’autres groupes extrémistes ont développé des liens avec les mouvements radicaux du nord du Mali et avec Boko Haram au Nigeria. Une nébuleuse djihadiste est donc en train de se construire en Afrique du Nord.
Que faire? Une chose est sûre: Le temps joue en faveur des extrémistes armés. La communauté internationale doit agir et rapidement en vue de faire face à la menace djihadiste, en empêchant le trafic d’armes en direction de la Libye et en levant l’embargo sur les armes à destination des autorités libyennes légitimes. Seul un front international uni peut mettre fin à la menace terroriste.
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