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Le 25 janvier, 4 ans après

Lundi, 19 janvier 2015

Quatre ans après le soulèvement populaire du 25 janvier 2011, qu’en reste-t-il ? Un goût amer peut-être. Les classes populaires, qui sont descendues spontanément par millions réclamer avant tout une amélioration de leurs conditions de vie et une lutte contre la corruption, ont fini par déchanter. Ils avaient hâtivement bâti trop d’espoirs, croyant que la simple chute de la tête du régime suffirait pour apporter prospérité économique, et que la restitution, qui s’est avérée hypothétique, de l’argent détourné par les caciques de l’ancien régime serait de nature à faire le bonheur de la majorité des citoyens.

Les jeunes activistes, fer de lance de la révolte populaire, pensaient, eux, davantage aux libertés fondamentales, à la démocratie, la liberté d’expression et au respect des droits de l’homme. Ils ont finalement constaté, à leur grand dam, que ces libertés démocratiques ne seraient jamais gagnées du jour au lendemain et qu’une lutte de longue haleine serait nécessaire pour les acquérir.

Certes, le passage éphémère des Frères musulmans au pouvoir y est pour beaucoup. Le recours aux mêmes méthodes autoritaires, au nom cette fois-ci de la religion, et une gestion chaotique de l’économie ont désillusionné les masses. L’accent mis par la confrérie, avec le soutien d’alliés salafistes, sur la fibre religieuse avait commencé à produire des effets catastrophiques sur le tissu social entre musulmans et chrétiens. Le maintien de cette politique à forte connotation sectaire allait, à n’en plus douter, exacerber les tensions confessionnelles et nuire fortement à l’unité nationale. Le fait même de vouloir imposer, par l’autorité politique, une interprétation particulière de l’islam sur une population massivement religieuse a créé un climat lourd et une sorte de tutelle spirituelle qui a été mal vécue par la majorité des Egyptiens. Le capital de sympathie populaire, qui a été construit plus de 80 ans, durant, et qui leur a permis de remporter facilement les premières législatives post-révolution, a été rapidement dilapidé par les Frères musulmans, qui n’ont su gérer la période de transition. Ils ont ouvert trop de fronts avec les principaux corps de l’Etat, dans une bataille, qu'ils étaient incapables de gagner.

Le soulèvement populaire du 30 juin 2013, qui a eu raison du régime de la confrérie, était bien différent de nature de celui du 25 janvier 2011. Entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Et les débats publics ont changé de contenu. Sous la révolution du 25 janvier, le slogan principal scandé par les foules et qui portait les idéaux de leur révolte était celui de « pain, liberté et justice sociale », un vaste programme qui traduisait les griefs à l’encontre du régime et les aspirations d’une majorité de la population à une amélioration matérielle de leur quotidien, à une démocratie tant bafouée et à une meilleure répartition des richesses. Après le 30 juin 2013, c’est un tout autre programme, dont le slogan phare est la guerre contre le terrorisme, la chasse aux Frères musulmans et aux djihadistes islamistes. L’attitude de défi, assortie de violences inadmissibles envers toute une palette d’objectifs politiques, dont des civils, a déclenché une violente réaction des autorités, relayée par une majorité de la population, indignée par l’action des Frères musulmans et de leurs partisans. La conséquente recrudescence des attentats terroristes au Sinaï, mais aussi au Caire et dans des provinces du Delta, a fini par faire de la traque aux islamistes radicaux le combat majeur, éclipsant les objectifs du 25 janvier.

Pour une population lasse de trois ans de désordre sécuritaire, de manifestations en tous genres, d’instabilité politique, de recul économique et de montée de la criminalité, et d’un an de violences islamistes et d’attaques terroristes, le choix est clairement fait : celui de la stabilité, condition sine qua non à une relance de l’économie et à un retour à une vie plus normale. Le reste attendra des jours meilleurs .

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