Dans un discours à l’occasion de la naissance du prophète de l’islam, le président de la République a demandé à Al-Azhar de faire une « révolution religieuse ». Cet appel ne signifie certainement pas faire un changement radical dans la religion comme certains pourraient le penser, mais il s’agit d’entreprendre une réforme sérieuse et profonde de la pensée religieuse et de renouveler le discours religieux.
Le président de la République a dit aussi que certains textes religieux sont destructeurs et anti-humains. Des propos que certains ont mal interprétés. En effet, il y a une différence entre les textes à caractère religieux qui sont l’oeuvre de l’être humain et le texte sacré, le Coran, qui est une révélation divine.
La polémique lexicale n’a aucun sens puisque l’appel est adressé essentiellement au grand imam, le responsable de la plus grande institution musulmane au monde. A mon avis, le problème réside dans l’importance du défi que devrait relever Al-Azhar. Quelle est la stratégie qui doit être menée pour mettre en oeuvre cette réforme ? Ne serait-il pas utile de penser à une stratégie nationale adoptée par l’Etat avec toutes ses composantes, dont Al-Azhar ?
Il me semble que la réforme religieuse devra commencer par identifier les problèmes qui sont essentiellement dus à des questions d’interprétation et de réception. Toutes les vieilles interprétations étaient sans doute adaptées à l’époque dans laquelle elles ont été édictées, mais elles ne sont pas nécessairement utiles à notre époque. C’est pourquoi le réformisme est inhérent à la bonne application de l’islam.
La fidélité au dogme et la prise en compte des évolutions et du progrès demandent un effort intellectuel collectif, un effort qui doit être méthodique et suivre un plan de travail en lien avec la réalité sociale, économique, politique, etc. Pourquoi le président de la République demande-t-il à Al-Azhar d’accomplir cette mission ? Parce que malgré la faiblesse dont Al-Azhar souffre actuellement, cette grande institution est encore capable de veiller sur la modération non seulement pour la société égyptienne mais aussi pour la communauté musulmane dans le monde entier. Les positions courageuses de ses oulémas ont bien souligné la cohérence de cette institution. Il nous faut donc des réformistes tels que Jamal Al-Din Al-Afghani, Mohamad Abdou, et Abdel-Rahman Al-Kawakibi pour faire disparaître la légende selon laquelle l’islam serait incapable de toute évolution. Il nous faut des idées éclairées respectant le dogme, tout en étant compatibles avec l’évolution du temps moderne. Il faut montrer que l’islam est souple, même si parfois les musulmans sont rigides. Il faut expliquer que l’islam vise essentiellement à organiser les relations entre les êtres humains (musulmans et non musulmans) et accepte la diversité culturelle et religieuse. C’est pourquoi, le vrai islam refuse le sectarisme parce qu’il est à l’origine de la division, de l’ignorance, de l’extrémisme et du terrorisme.
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