La série des 5 scénarios de l’avenir de l’Egypte formulés par le projet « L’Egypte 2020 »a été achevée.
Quand j’ai lu les composantes de ce scénario, j’ai décidé de l’appeler « le scénario de l’espoir », parce qu’il s’oppose aux phénomènes de la division politique entre les différents partis et les forces politiques. Ce scénario tente de formuler un compromis entre les réclamations contradictoires des forces politiques en déterminant un grand objectif social apte à faire sortir le pays du conflit idéologique actuel.
Quand j’ai lu les composantes du scénario de la solidarité sociale élaboré par le projet « L’Egypte 2020 » il y a de longues années, j’ai immédiatement ressenti qu’il devait être immédiatement appliqué alors que la voie révolutionnaire a pris fin avec la montée au pouvoir des forces politiques traditionnelles, c’est-à-dire les Frères musulmans alliés aux courants salafistes. Il y a eu un isolement des jeunes de la révolution lors des dernières élections parlementaires et la majorité des forces libérales ont été aussi éloignées, alors que les Frères musulmans ont adopté le principe de la domination au lieu de la participation avec toutes les forces politiques de la révolution, que ce soit des coalitions révolutionnaires ou des partis libéraux. Cette supériorité et cet orgueil ont atteint leur apogée dans le combat actuel de la rédaction de la Constitution.
En effet, les Frères musulmans ont insisté sur le fait de monopoliser l’assemblée constituante pour la rédaction de la Constitution, et la justice administrative les en a empêchés en raison d’un vice de sa formation. Puis la confrérie a insisté sur le fait de former une nouvelle assemblée avec le même vice, tout en permettant à certains éléments libéraux de faire partie de l’assemblée.
Cependant, il s’avère clair à travers les pratiques de l’assemblée qu’il existe une domination dans la formulation des articles de la Constitution. Cela est clair dans l’insistance sur le fait de donner des pouvoirs quasi absolus au président de la République, à travers des tentatives de porter atteinte à l’indépendance de la justice, et aussi les tentatives de certains salafistes d’introduire leurs idées extrémistes dans la Constitution. Il y a de même l’insistance sur le fait d’amender le second article de la Constitution de 1971 qui stipule que les « principes de la charia » sont la source principale de la législation. Des voix ont alors réclamé de remplacer le terme « principes » par « préceptes », allant même jusqu’à organiser une manifestation sur la place Tahrir pour l’application de la charia. Cela prouve que ceux qui tentent de s’accaparer de l’assemblée constituante n’accordent pas de grande attention à la division alarmante à l’intérieur de la société égyptienne, entre les courants libéraux et gauchistes d’un côté et les islamiques de l’autre. Et ce, en exploitant le manque de conscience politique chez les citoyens, alors que malheureusement 40 % de la population égyptienne sont illettrés. Chose que les Frères musulmans ont déjà exploitée lors du référendum de mars 2011, alors que le peuple devait accepter ou refuser que la Constitution soit rédigée avant les élections. Et là, ils avaient convaincu les simples gens que dire « oui » signifiait aller au paradis. Et voilà que nous sommes aujourd’hui face à une situation semblable mais encore plus dangereuse, car il est question d’écrire une Constitution pour l’ensemble du peuple égyptien, sans discrimination. Il est inacceptable qu’une faction politique, qu’elle détienne le pouvoir ou non, s’accapare de l’opération de la formulation de la Constitution et l’impose à tout le pays.
L’insistance de la confrérie sur le fait de donner le jour à un projet déficient est très suspicieuse. Ce n’est pas ainsi que les Constitutions sont écrites et ce n’est pas ainsi que les référendums sont organisés, sans ententes politiques réelles et sans discussions populaires suffisantes. Y a-t-il une solution à ce problème ? J’ai trouvé la solution dans le scénario du soutien social qui figure dans le projet « L’Egypte 2020 ». Je lui ai donné le nom de « scénario de l’espoir », parce que je pense que sa réalisation peut sauver l’Egypte du grand obstacle démocratique que connaît la révolution de janvier et qui peut saper toutes ses avancées. Je me contente ici d’exposer rapidement le scénario du soutien social espérant que toutes les forces politiques s’épauleront pour sa réalisation. L’idée est une coalition de la nation autour d’un compromis au niveau des objectifs et des moyens. Cette idée peut émaner de la présence de nombreux éléments communs dans les projets des partis et courants politiques. Ce qui nécessite donc de dépasser les différends sur le long terme pour unifier les rangs et former une force, afin de permettre à la société de faire face aux défis intérieurs et extérieurs.
Le point de départ est de former une alliance entre les couches de la société pour tenter de réformer les conjonctures et non de produire un changement radical. Cela en luttant contre la pauvreté pour réaliser l’égalité des chances, éloigner les pressions d’austérité, procéder à une redistribution des revenus et des richesses par la nationalisation, faisant exception des institutions déjà privatisées, tout en permettant au secteur privé de participer aux projets d’infrastructures et de services.
Là, l’Etat garde un rôle principal dans l’amélioration des systèmes éducatifs et techno-scientifiques, sans reformulation radicale du statut de ces deux systèmes. De plus, la satisfaction des besoins essentiels doit figurer en haut de l’agenda du développement, et la lutte contre la pauvreté doit figurer en tête des priorités de l’action sociale.
Ce scénario ne se dresse pas face aux forces capitalistes, mais les considère comme l’un des éléments indispensables à la réalisation de ces objectifs, les encourageant à s’engager dans les domaines productifs.
Pour sauvegarder l’alliance sociale large proposée dans ce scénario, il faut garantir d’importantes opportunités de participation et de représentation au niveau des couches sociales, des deux sexes et au niveau des municipalités et localités du pays.
Enfin, le scénario préservera l’héritage égyptien de la centralisation du pouvoir.
Le scénario du soutien social peut constituer une bouée de sauvetage pour l’esprit égyptien, pouvant l’aider à dépasser la crise démocratique actuelle.
Lien court: