Il n’est dans l’avantage ni du président Morsi, ni des Frères musulmans, et encore moins de l’Egypte, toutes forces politiques confondues, de maintenir l’actuel état de polarisation aiguë qui a consacré davantage la division de la société et les divergences entre les forces de l’islam politique et celles de la société civile.
Les récentes conjonctures ont entraîné l’Egypte dans une longue impasse, quitte à épuiser à la fois le temps et les efforts déployés dans le sens de la relance.
Toutes les parties prétendent, chacune exclusivement, qu’elle est l’unique responsable de la préservation des intérêts du peuple et des objectifs de la révolution du 25 janvier et la plus soucieuse des droits des martyrs de la révolution.
Elles s’échangent des accusations compromettant la rédaction de la Constitution et l’engagement sur la piste de la démocratie.
Chaque partie tente à sa manière d’imposer ses idées et directives sur l’avenir du pays.
A l’heure où il faut que tous les acteurs soient des partenaires à part entière dans l’esquisse des politiques, de l’image et de l’identité du pays, d’une manière à faire prévaloir avant tout l’entente nationale, loin des convoitises d’accaparement et d’hégémonie.
L’Egypte, sous l’égide d’une seule faction tenant sa destinée en main et utilisant des procédés qu’il est difficile d’accepter au lendemain de la révolution du 25 janvier, ne connaîtra jamais la stabilité, ne jouira jamais d’une vraie sécurité et ne pourra jamais aller de l’avant et résoudre le chômage et la pauvreté. Elle sera incapable également de retrouver son leadership national, régional et arabe d’antan et ne pourra pas attirer les investissements étrangers, nécessaires à l’essor économique qu’elle prône.
Le plus dangereux est que personne ne pense qu’ils détiennent la solution et la sagesse à eux seuls et qu’ils sont les seuls loyaux vis-à-vis du pays alors que les autres sont inutiles et sans véritable poids et dont on peut se passer facilement ... pour la bonne et simple raison qu’ils sont des libéraux et des laïcs qui détestent la législation de Dieu et qui cherchent à compromettre toute une société.
Des accusations infondées car nous sommes tous des citoyens égaux en matière de droits et devoirs. Il est de notre devoir de défendre autrui et son opinion, car ce principe est l’unique garant de la réussite nationale et la condition sine qua non de la véritable démocratie, qui empêcherait la tyrannie du pharaon.
On espérait que le président Morsi aurait investi ses efforts sur le front interne au lieu d’œuvrer à conclure une trêve arrêtant l’effusion de sang des Palestiniens et stoppant les agressions israéliennes de Gaza.
Morsi aurait dû promulguer une série de décisions différentes de celles comprises dans la récente déclaration constitutionnelle, qui a affirmé l’état de polarisation et l’a aggravé.
Les adeptes du pouvoir ont le droit de défendre ces décisions en les considérant comme des nécessités incontournables auxquelles le président a eu recours pour défendre le peuple et la révolution.
Les opposants ont, eux, également pleinement le droit de mettre en garde contre les dangers qui sapent l’indépendance de la magistrature et qui accordent au président des prérogatives illimitées, inconnues auparavant, qui immuniseraient ses décisions de tout recours juridique.
Ces adeptes oublient ou feignent d’oublier les leçons de 1954, lorsque tous les membres ou presque de la confrérie ont été jetés en prison sous prétexte qu’ils étaient des ennemis de la révolution.
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