Est-il possible de dire qu’une nouvelle politique américaine voit le jour après les récentes évolutions dramatiques au Proche-Orient et avec le Printemps arabe, ou est-ce que la politique américaine sauvegarde ses constantes qui l’ont toujours caractérisée dans la région au cours du siècle dernier? Est-il possible que la politique américaine d’isolement adoptée par Obama connaisse un changement pendant la durée restante de son dernier mandat ?
L’Administration américaine avance souvent qu’il n’existe pas de décision de la part du Conseil de sécurité permettant de recourir à la force contre le régime d’Al-Assad. Durant sa campagne électorale, Obama critiquait le fait que l’ex-président Bush avait envahi l’Iraq sans obtenir de feu vert de la part du Conseil de sécurité. C’est pour cela qu’aujourd’hui, l’Administration d’Obama se trouve dans une situation embarrassante quand elle est appelée à agir contre le régime syrien sans obtenir de décision du Conseil de sécurité. Ce qui lui permettrait de protéger les civils à travers l’instauration de zones de sécurité et d’un blocus aérien partiel. Ou d’effectuer des frappes aériennes contre des objectifs déterminés du régime d’Al-Assad, comme l’ont réclamé les sénateurs McCain, Liberman et Graham.
Ensuite, avec l’accentuation de la présence de ceux que les Etats-Unis appellent les djihadistes sur le territoire syrien, Washington a refusé d’armer l’opposition syrienne armée représentée par l’Armée libre. Et bien qu’Obama ait élaboré une stratégie d’armement après avoir donné un accord pour les frappes contre Daech, visant à former une force sur le terrain capable de l’exterminer du territoire syrien, de nombreux doutes entourent cette proposition.
A mon avis, la position américaine actuelle aspire à mettre fin au régime d’Al-Assad, car la victoire de celui-ci signifie la victoire du Hezbollah et de l’Iran. Mais en même temps, Washington ne veut pas que l’opposition réalise une victoire militaire et aspire à un transfert politique sans Al-Assad, et sans que le combat soit tranché au profit de l’opposition.
La position américaine ne regarde pas la Syrie à partir seulement de la perspective de la révolution. Il est aussi question d’un régime criminel qui doit disparaître. Et il en est de même pour les groupes djihadistes qui constituent une source de menace permanente et peuvent faire de la Syrie un Etat en échec auprès duquel il faut intervenir. La situation de la Syrie la rend différente d’autres Etats, comme la Somalie par exemple. C’est-à-dire que tout désordre qui régnerait en Syrie passerait facilement vers le Liban et en Iraq, pays qui constituent des terres fertiles à de telles dérives. Et un peu moins la Jordanie et Israël, qui peuvent se trouver incapables d’affronter les répercussions de l’effondrement et du démantèlement de la Syrie.
Obama est aujourd’hui conscient que plus il retarde des décisions indispensables, plus les répercussions seront graves et plus les choix seront mauvais. C’est l’unique logique qui habite actuellement l’Administration américaine, en l’absence de tout autre choix.
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