Je vais revenir encore une fois sur le rapport de Human Rights Watch dont le parti pris flagrant pour les Frères musulmans continue à soulever la polémique autour de sa crédibilité. Je reviens sur ce sujet pour dire que nous sommes à blâmer. Ce rapport n’aurait pas joui d’un intérêt international si nous avions devancé l’organisation dans l’enquête des faits. L’opinion publique mondiale a ainsi eu la priorité alors que notre rôle s’est réduit à l’attaquer.
Il s’agit d’un scandale politique et d’une négligence médiatique évidente. Comment se fait-il que le comité d’investigation n’ait pas émis un rapport sur la dispersion du sit-in de Rabea ? Comment se fait-il que nous n’ayons pas eu le premier mot sur ces événements qui se sont passés sous nos yeux et dont tous les témoins sont des citoyens égyptiens ? Pourquoi faisons-nous en sorte que notre rôle se limite toujours à la réaction « a posteriori », laissant l’action, et l’influence médiatique qui l’accompagne, aux autres ?
Si nous avions été les premiers à présenter un rapport sur ces événements, nous aurions eu toute la scène. La réalité serait parvenue à l’opinion publique mondiale avant que ne lui parviennent les mensonges de Human Rights Watch. Notre rapport se serait ancré dans les esprits et il aurait été difficile pour l’organisation d’origine américaine de convaincre la masse du bien-fondé des conclusions de son rapport.
Comment une association étrangère peut-elle soumettre son témoignage avant nous ? Comment peut-elle prendre les témoignages qui lui plaisent et élaborer un rapport conforme à ses fins cachées, puis publier son rapport avant celui du comité égyptien, qui était censé être le principal rapport ?
Nous continuons à vivre dans une ère qui est révolue depuis longtemps. Le monde aujourd’hui tente d’atteindre l’opinion publique en premier. Celui dont la parole arrive la première est celui qui détient la réalité, quel que soit ce qu’elle dit. L’exemple des derniers événements à Gaza est édifiant. Les réseaux sociaux ont précédé tous les appareils médiatiques officiels essentiellement dominés par le lobby sioniste. C’est ainsi que leur réalité est parvenue à l’opinion publique avant les médias officiels. Lorsque les gens ont vu les photographies des carnages atroces et des destructions, les éditoriaux du New York Times qui parlent du droit d’Israël de se défendre ont été inutiles. Les gens étaient déjà sortis dans les rues pour protester avec une ferveur sans précédent.
Si nous n’avons pas encore opéré les mutations de l’ère dans laquelle nous vivons, les Frères musulmans l’ont fait. Il n’est plus secret qu’ils ont conclu un accord avec une grande compagnie de relations publiques en Occident pour défendre leur cause. Ils ont dépensé d’énormes sommes dans cet objectif.
Cela explique le parti pris des médias occidentaux malgré l’opposition évidente entre les intérêts stratégiques occidentaux et les intérêts des Frères musulmans. En réalité, ce parti pris flagrant pour les Frères musulmans dans le rapport de Human Rights Watch indique que l’association est impliquée
dans la campagne payée par la confrérie pour laquelle l’Occident continue à travailler.
Alors même que nous, Egyptiens, n’avons pas encore publié notre rapport sur les événements de Rabea d’il y a plus d’un an.
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