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La soif de confiance

Lundi, 02 juin 2014

La rupture entre gouvernants et gouvernés a marqué les régimes politiques en Egypte tout au long du siècle dernier. Le roi Farouq a quitté le pouvoir parce qu’il avait perdu la confiance de son peuple. Gamal Abdel-Nasser est mort avec son image déformée face au peuple égyptien suite à la Nakba de 1967. Anouar Sadate a été non seulement la victime des esprits limités, mais aussi victime de l’échec de sa politique intérieure. Hosni Moubarak a connu une fin humiliante, parce qu’il a préféré son intérêt personnel à celui du pays, oublié les droits du peuple égyptien et perdu la confiance des Egyptiens qui ont décidé de mettre fin à sa dictature. Mohamad Morsi n’était pas suffisamment intelligent pour diriger un grand pays comme l’Egypte et avoir la confiance de son peuple.

Comment le nouveau président pourra-t-il gagner la confiance de la majorité des Egyptiens ?

C’est une question essentielle. Bien sûr le sens de la confiance dont je parle ici est différent de celui de la confiance entre amis ou entre époux et épouses. Il s’agit du lien entre tout un peuple et le chef de l’Etat. La confiance est le résultat de la volonté d’un peuple et d’un contrat social signé par trois partenaires : une partie explicite, celle qui a élu le nouveau président, une patrie implicite, celle qui a voté contre le nouveau président ou s’est abstenue de voter à l’élection présidentielle, et le nouveau président. Le point fondamental de ce contrat est le besoin de rétablir la confiance. L’enjeu est de raviver le sentiment d’un « nous » collectif porteur d’un espoir en l’avenir qui transforme la peur de l’autre en une peur pour l’autre.

Confiance et identité nationale. En Egypte, le destin a voulu que les composantes de la société soient diverses. Musulmans, coptes ou juifs, pharaons, arabes ou caucasiens, il y serait question d’une société qui équilibre le sens de son unité par celui de sa pluralité, qui concilie identité et altérité dans le compromis, qui combine dignité et liberté dans la justice sociale.

Confiance et politique. Les politiciens égyptiens doivent comprendre qu’ils n’ont pas besoin de fonder des partis politiques sur des idéologies étrangères ou religieuses. Droite ou gauche, extrême droite ou extrême gauche sont des termes dont le peuple égyptien ignore la notion. Des partis avec des clichés religieux ou étrangers à notre culture perturbent la pensée de notre peuple. Notre histoire et notre civilisation confirment la spécificité de notre identité nationale et de l’importance de l’existence d’un système politique conforme à la nature de notre peuple et de notre culture.

Confiance et économie. L’Egypte est un pays qui n’a pas encore pu gérer d’une manière satisfaisante ses ressources naturelles et humaines. Son système administratif souffre de désordre et a besoin d’être rétabli selon des critères transparents et avec plus de justice dans la distribution des biens. Le nouveau président devra se fixer pour priorité de construire des usines et d’aider les hommes d’affaires à créer de nouvelles entreprises. Il faudra combattre le chômage d’une manière absolue. Confiance et sécurité. La situation géographique de l’Egypte exige un système sécuritaire spécial adapté aux évolutions des pays voisins, surtout le problème palestinien et les ambitions de l’Occident ! En outre, si l’armée égyptienne est capable de protéger les frontières du pays, il faut se demander comment le nouveau président pourra protéger la pensée du peuple égyptien contre le chaos intellectuel et les pensées destructives prêchant la haine et la division et qui traversent les frontières sans cartes d’identité, ni passeports.

Comment le nouveau président réalisera-t-il le rêve de tous les Egyptiens ? Comment réunira-t-il autour de lui tous les secteurs et déterminera-t-il le but ? Est-il suffisant que le nouveau président gagne la confiance de tous les Egyptiens ou faut-il encore que le peuple égyptien cherche à gagner, lui aussi, la confiance du nouveau président ? Si la question peut paraître étrange pour certains, elle est importante, me semble-t-il, pour que la relation entre gouvernant et gouvernés soit fructueuse et atteigne sa plénitude. Le président pourra gagner la confiance du peuple en passant de la parole à l’acte. Le peuple a beaucoup parlé et hurlé. Il est temps pour lui de travailler, de produire et de construire l’avenir.

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