En marge de toute comparaison entre l’élection présidentielle de 2012 et celle de 2014, la différence essentielle que l’on ne peut ignorer est cette joie qui accompagne celle de 2014, alors que la précédente s’est déroulée dans un climat de déprime, qui s’est aggravé pour atteindre un point culminant le 30 juin 2013. Les électeurs sont allés voter lors de la présidentielle de 2012 en perdant de vue le principal slogan de la révolution du 25 janvier 2011. Il fallait pour eux choisir entre le régime de Moubarak et celui des Frères musulmans.
Pourtant, avec l’avènement de la révolution de 2011, une troisième option est apparue, celle représentant la nouvelle génération des jeunes éduqués qui ont appelé à l’instauration de l’Etat civil moderne ayant pour pilier la démocratie, la liberté, la justice sociale et la dignité humaine. Toutefois, environ un an et demi après, le peuple égyptien s’est trouvé devant les choix qui se présentaient à lui avant la révolution, à savoir : un symbole du régime de Moubarak — le dernier de ses premiers ministres — ou le candidat des Frères musulmans. Raison pour laquelle ils ont voté massivement pour choisir le candidat opposé à celui qu’ils détestaient. Ainsi, les électeurs sont allés aux urnes pour écarter le candidat qu’ils rejetaient.
C’est dans cet esprit de vote passif que s’est déroulée l’élection présidentielle de 2012, n’exprimant guère la volonté libre des électeurs. Les résultats qui en ont découlé ont donné lieu à une situation malsaine, à laquelle le peuple a résisté de toutes ses forces et a fait tomber le régime islamiste un an plus tard.
Si nous portons un regard sur l’élection présidentielle actuelle, nous remarquons qu’elle est totalement saine. Tous ceux qui ont voté l’ont fait par conviction et non pour empêcher un candidat d’accéder au pouvoir. Cette élection n’aura pas le même impact désastreux que celle qui l’a précédée.
Partant, l’élection présidentielle de 2014 est démocratique et libre au sens propre du terme. Car la démocratie est l’expression de la volonté populaire et non uniquement du refus radical par le peuple de l’un des candidats. Ainsi, le vainqueur de l’élection sera le premier président égyptien élu démocratiquement après la révolution et non le premier président égyptien choisi, afin d’empêcher le succès d’un autre candidat.
Tel est le secret résidant derrière la joie qui envahit les rues pour le vote. L’un des correspondants de presse italienne m’a dit : les gens célèbrent le vote comme si les résultats avaient déjà été annoncés officiellement. Je lui ai répondu : ils sont en train de célébrer pour la première fois l’avènement d’une élection libre qui reflète leur réelle volonté par le choix de leur candidat favori. J’ignore s’il a compris ce que je voulais dire. Et je n’ai pas essayé de le lui faire comprendre.
Lien court: