Ces efforts se sont intensifiés depuis le début de l’agression israélienne contre la bande de Gaza en octobre 2023. Au niveau diplomatique, des rencontres bilatérales directes et des appels téléphoniques ont été effectués au plus haut niveau de la présidence afin de désamorcer la crise et d’empêcher son extension à d’autres régions, menaçant ainsi la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient. Par ailleurs, l’Egypte s’est mobilisée pour l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza, malgré les restrictions imposées par Israël. L’Egypte a néanmoins réussi à faire parvenir l’aide humanitaire, notamment dans le nord de Gaza, en larguant, en coopération avec la Jordanie, des tonnes de vivres et de fournitures médicales par avions afin d’atténuer le blocus et la politique de famine imposés par les forces d’occupation. L’aéroport d’Al-Arich a accueilli des cargaisons d’aide humanitaire provenant du monde entier, destinées à être acheminées vers Gaza. En plus, l’Egypte a pris en charge des blessés et des malades palestiniens dans ses hôpitaux.
Sur le plan politique et juridique, l’Egypte a appelé la communauté internationale à oeuvrer en faveur d’une solution politique durable à la question palestinienne, en lançant une initiative visant à la création d’un Etat palestinien conforme au principe de la solution à deux Etats. Cette nécessité s’est encore renforcée avec l’émergence des conséquences négatives de l’absence de solution : l’ouverture d’un nouveau front de conflit au Liban, l’intervention israélienne en Syrie, les frappes croisées entre Israël, l’Iran et les Houthis, ainsi que les menaces pesant sur la navigation en mer Rouge, impactant le commerce international et l’économie mondiale. L’Egypte a également joué un rôle de premier plan sur le plan juridique en présentant un plaidoyer devant la Cour internationale de justice. En outre, elle a mené des efforts de médiation pour parvenir à un accord de cessez-le-feu. Cet accord, structuré en trois étapes, prévoit l’acheminement d’une aide humanitaire en quantités suffisantes et durables, l’échange de prisonniers et d’otages, ainsi que le retour des déplacés vers le nord de Gaza.
Il convient de rappeler que le rejet du déplacement des Palestiniens en dehors de leur terre est l’un des principes fondamentaux de la position égyptienne. Toute tentative de déplacement de la population palestinienne, quelle qu’en soit la destination, constitue une ligne rouge pour l’Egypte, car elle équivaudrait à une liquidation de la cause palestinienne. La proposition du nouveau président américain, Donald Trump, de déplacer les Palestiniens vers le Sinaï et la Jordanie est particulièrement préoccupante, tant par son timing que par ses intentions. Sur le plan du timing, cette proposition a été avancée une semaine seulement après l’entrée en vigueur de la trêve à Gaza, alors que le processus d’échange de prisonniers et le retour des déplacés vers le nord était en cours. Une telle initiative soulève des interrogations quant à son impact sur l’application de la trêve et la mise en oeuvre de ses différentes clauses, d’autant plus que la scène politique israélienne est marquée par des divisions internes, l’opposition de l’extrême droite, la démission de plusieurs ministres et la réduction de la majorité gouvernementale à 62 membres sur 120 à la Knesset.
La proposition de la Maison Blanche a été catégoriquement rejetée par l’Egypte et la Jordanie, tant au niveau officiel que populaire. L’Egypte refuse tout déplacement des Palestiniens vers le Sinaï, considérant qu’il s’agirait d’une tentative de liquidation de leur cause, d’une violation flagrante du droit international et d’un non-respect de la souveraineté des Etats. En plus, cette solution ne répond en rien au problème fondamental, qui est le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant, conformément aux résolutions internationales. C’est pourquoi cette proposition a été unanimement rejetée en Egypte, tant par le gouvernement que par le Parlement, les institutions politiques et l’ensemble du peuple, qui refuse catégoriquement toute remise en cause de l’intégrité du Sinaï, reconquis au prix du sang et des sacrifices. La Jordanie adopte la même position que l’Egypte, d’autant plus que la proposition américaine reste floue et dénuée de fondement. L’argument avancé pour justifier ce déplacement est fragile : les Etats-Unis prétendent que l’objectif est la reconstruction de Gaza, alors que l’ensemble de la communauté internationale devrait être impliqué dans ce processus. Il est impératif d’exiger que l’agresseur, responsable de la destruction de Gaza, contribue à sa reconstruction.
Enfin, les Palestiniens eux-mêmes refusent catégoriquement toute relocalisation, que ce soit vers le Sinaï ou ailleurs, et restent profondément attachés à leur terre. Ni les crimes de guerre ni le génocide n’ont réussi à les contraindre à l’exil. La proposition américaine ne parviendra pas à accomplir ce que la machine de guerre israélienne n’a pas réussi à imposer.
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