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La religion et la politique

Lundi, 05 mai 2014

Un grand chercheur allemand m’a dit : Vous parlez beaucoup ces derniers temps, après la chute du régime des Frères, de la nécessité de séparer la religion de l’Etat. Que le régime des Frères ait pris fin ou non, il est vrai que l’islam politique est l’une des réalités de la vie politique dans la région arabe. J’ai répondu : Mais votre Renaissance en Europe n’est apparue que lorsque l’Eglise a été séparée de l’Etat. Vous avez vécu avec le Moyen Age, que vous avez aussi appelé l’époque des ténèbres, une situation similaire à celle des adeptes de l’islam politique dont vous parlez. C’était l’Eglise qui gouvernait. Le progrès n’a été réalisé pendant la Renaissance que lorsque l’ingérence de l’Eglise dans les affaires politiques a cessé. Heureusement pour vous que l’Eglise n’a eu recours ni à la violence ni au terrorisme. A l’époque, elle était responsable du fanatisme et de l’oppression qui surgissaient à chaque fois que la croyance, qui est absolue, prenait le dessus sur la politique, qui est, elle, relative. Il répliqua : La situation est différente chez vous, et vous pourriez être obligés à coexister avec l’islam politique pendant les années à venir. J’ai répondu : Le sang qui coule quotidiennement dans les rues est la plus grande preuve de l’impossible persistance d’une telle situation. A cause des tribunaux d’inspection chez vous, la religion n’a jamais interféré dans les affaires quotidiennes des personnes, ni dans leur liberté de culte, ni même dans la magistrature. Le terrorisme dont nous souffrons actuellement est la plus grande preuve de l’échec de l’islam politique dans l’exercice de la politique. Il s’agit d’un rappel quotidien pour ne pas confondre la religion et la politique.

Le chercheur allemand a affirmé : Mais la société doit parvenir à assimiler à un moment donné cette croyance. Je ne vois pas, personnellement, que les sociétés arabes et islamiques ont atteint ce stade. J’ai répondu : C’est donc l’arriération arabe qui se trouve comparée au progrès occidental ? Mais ce qui vous convient ne nous convient pas nécessairement. Croyez-vous vraiment en cette vision raciste ? Voulez-vous me dire qu’en Occident, vous vous êtes débarrassés de cette confusion entre la religion et la politique et que vous l’avez considérée comme l’un des piliers du progrès auquel vous êtes parvenus ? Et vous considérez quand même que nous devons continuer avec cette confusion, car nos sociétés ne sont pas encore mûres. Les sociétés arabes ont, tout au long de l’Histoire, devancé par leur civilisation tout le continent européen. Et sans le progrès arabe, votre Renaissance n’aurait jamais vu le jour. Voilà les sociétés arabes qui essayent de se débarrasser de l’une des manifestations de l’arriération dont elles ont souffert depuis longtemps. Comment voulez-vous qu’elles rebroussent chemin et qu’elles reviennent au Moyen Age ? Ce même Moyen Age dont vous êtes fiers d’avoir dépassé ? Il n’a pas répondu .

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