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L’Egypte et l’Afrique

Mercredi, 18 décembre 2024

Sur invitation de l’ambassadeur et ami de longue date Ahmed Abdel-Latif, directeur sortant du Centre international du Caire pour la résolution des conflits, le maintien et la consolidation de la paix, et de l’ambassadeur Seif Qandil, directeur désigné du CCCPA, relevant du ministère des Affaires étrangères, j’ai participé la semaine dernière à Kinshasa à un programme de formation dédié à des responsables des ministères des Affaires étrangères et de l’Environnement en République Démocratique du Congo (RDC).

Chaleureusement accueillis par l’ambassadeur égyptien Hesham El Mekwad et nos hôtes à Kinshasa, les formateurs avaient pour mission de contribuer au renforcement des capacités congolaises face aux défis de paix, de sécurité et de développement liés au changement climatique.

Cette mission, parmi tant d’autres, traduit la volonté du Caire de renforcer ses rapports avec l’Afrique en général, et les pays du bassin du Nil en particulier dont la RDC fait partie qui constituent une profondeur stratégique, notamment dans le contexte du litige qui oppose l’Egypte à l’Ethiopie au sujet de la construction du barrage de la Renaissance. A cette fin, Le Caire a entrepris plusieurs projets de développement, dont la construction actuelle par deux sociétés égyptiennes, Arab Contractors et Elsewedy Electric, du barrage hydroélectrique Julius Nyerere, sur le fleuve Rufiji en Tanzanie, d’une capacité de 2,1 mégawatts, qui doit plus que doubler la capacité de production d’électricité du pays. Le ministère de l’Irrigation et des Ressources hydriques a également effectué le forage de 180 puits d’eau au Kenya et financé 90 % d’un projet ougandais visant à protéger la région occidentale du pays des inondations.

L’Egypte aide également les pays du bassin du Nil à construire des barrages de collecte des eaux pluviales, offre des technologies d’irrigation modernes, y compris la formation relative aux techniques d’atténuation des effets du changement climatique sur les ressources hydriques. Ce faisant, Le Caire aide les pays du bassin du Nil à explorer des moyens de sécuriser les ressources en eau, de produire de la nourriture et de l’électricité autres que la construction de barrages sur le Nil, dont l’Egypte dépend pour assurer plus de 95 % de ses besoins en eau douce.

Les avantages de la ZLECA

Sur le plan continental, l’Egypte est activement engagée dans le cadre de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA), entrée en vigueur en 2021. Elle estime pouvoir y tirer de grands bénéfices économiques. Ainsi, elle a été parmi les premiers membres de la ZLECA à signer en 2022, avec sept autres pays (le Cameroun, le Ghana, le Kenya, les îles Maurice, le Rwanda, la Tanzanie et la Tunisie), l’Initiative commerciale guidée (GTI), dont l’objectif est de rendre fluides les échanges commerciaux et de faciliter le commerce de produits sélectionnés qui bénéficient de tarifs préférentiels.

Les ambitions de l’Egypte sont corroborées par deux récents rapports d’experts publiés par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), regroupant les pays industrialisés, et le Trade Law Center (tralac) au Cap, en Afrique du Sud. Ils ont fourni des preuves du potentiel unique de l’Egypte à bénéficier de la ZLECA et à la faire progresser. Ils contribuent ainsi à alimenter un optimisme bien nécessaire quant à l’avenir d’une économie confrontée à d’importants défis géopolitiques à court terme et à d’autres difficultés structurelles.

Selon le rapport de l’OCDE, intitulé « Examen de la politique de transformation de la production en Egypte : Pleins feux sur la ZLECA et l’industrialisation », l’Egypte, avec le Nigeria et l’Afrique du Sud, figure parmi les centres industriels les plus avancés d’Afrique et représente une plaque tournante commerciale majeure. Ces trois plus grandes économies d’Afrique bénéficient toutes d’importantes balances commerciales positives avec leurs partenaires continentaux, ce qui leur permet d’adopter un régime d’importation libéral pour les importations intra-africaines. Les rapports de l’OCDE et du tralac ont sélectionné une poignée de secteurs qui sont prioritaires à la fois pour la politique industrielle égyptienne et la ZLECA. Ils comprennent les énergies renouvelables, les produits pharmaceutiques, la logistique et le transport, les textiles et les vêtements (CLT), l’agroalimentaire et les aliments transformés.

Un autre rapport intitulé « La ZLECA : Une nouvelle ère pour les affaires et les investissements mondiaux en Afrique », publié l’année dernière par le Forum économique mondial, a montré des preuves de progrès dans certains domaines au sein de la ZLECA, telle la production automobile.

Il a noté que plusieurs entreprises automobiles mondiales ont étendu leurs activités en Afrique, en collaboration avec l’Egypte, le Ghana, l’Afrique du Sud et le Secrétariat de la ZLECA. Il a cité l’Egypte, avec le Rwanda et l’Afrique du Sud, comme un chef de file des start-up de mobilité électrique qui développent des véhicules durables. Le pays joue déjà un rôle important dans plusieurs chaînes de valeur mondiales, notamment celles du CLT, du pétrole et du gaz, de la fabrication automobile et des énergies renouvelables, comme l’a noté le rapport du tralac, soulignant que la ZLECA offre une opportunité unique à l’Egypte d’étendre sa participation à la chaîne de valeur dans les pays africains.

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