Les ministres des Affaires étrangères du G7 (les pays les plus industrialisés) se sont entretenus les 25 et 26 novembre à Fiuggi-Agnani, une commune de la province de Frosinone dans le Latium au centre de l'Italie. Il s'agit de la dernière rencontre en présentiel des ministres sous la présidence de l'Italie. Les réunions ont coïncidé avec les dialogues méditerranéens à Rome. Il n'est pas un hasard que ces deux événements aient lieu simultanément, vu que la région de la Méditerranée se trouve plus que jamais au cœur de la dynamique mondiale.
Promouvoir la stabilité au Moyen-Orient a été l'une des priorités du G7 sous la présidence de l'Italie. En effet, en octobre dernier, la Première ministre italienne, Géorgia Meloni, s'est rendue au Liban et en Jordanie, alors qu'en ma capacité de ministre des Affaires étrangères, j'ai visité Israël et la Palestine. Nos priorités sont claires: parvenir à un cessez-le-feu à Gaza comme au Liban; libérer les otages, acheminer les aides humanitaires aux populations touchées par la guerre et éviter une escalade du conflit. Plus importants encore, nous sommes engagés à soutenir un processus politique crédible qui pourrait déboucher sur une stabilité permanente dans la région et un règlement basé sur le principe des deux Etats.
Nous croyions totalement au fait qu'il est impossible de parvenir à une solution politique durable et crédible au conflit au Moyen-Orient sans l'implication des principaux acteurs régionaux. Dans le cadre de cette logique, nous avons vu des pays partenaires de la région méditerranéenne venir au sommet du G7 à Apulia, parmi lesquels l'Algérie, la Tunisie, la Jordanie et aussi les Emirats arabes unis. Ces pays ont assisté également à la réunion ministérielle du G7 à Pescara, tenue en octobre dernier, au cours de laquelle le thème du développement a été débattu. J'ai eu l'occasion également d'organiser une conférence humanitaire à laquelle ont assisté des représentants du Liban, d'Israël et de l'Autorité palestinienne.
Nous nous attendons à ce que la rencontre de Fiuggi-Anagni soit l'occasion de plus amples discussions, d'autant plus que nous serons rejoints par des collègues de maints pays arabes, parmi lesquels l'Egypte, qui est invitée. J'ai vraiment espoir que par le biais de ce dialogue nous parvenions à des solutions et à remettre sur les rails le processus de paix. J'espère également qu'on se focalisera sur des initiatives concrètes pour alléger la souffrance des victimes des conflits.
Dans ce contexte, l'initiative « Food for Gaza » que l'Italie a lancée ces derniers mois est l'exemple d'un partenariat positif conclu entre les organisations internationales et les secteurs privé et public pour fournir l'assistance humanitaire à l'enclave palestinienne. Nous avons l'intention de développer cette initiative dans le cadre du processus de reconstruction et nous espérons la répéter à l'avenir. L'Egypte et l'Italie ont travaillé étroitement depuis le déclenchement de la guerre à Gaza pour fournir les aides humanitaires à ceux qui en ont besoin. Nous voudrions à cet égard remercier le gouvernement égyptien pour son assistance et sa coopération inestimables, et pour ses efforts qui ont permis l'entrée des aides humanitaires à Gaza. L'Egypte nous a également aidés à travailler sur d'autres volets comme l'évacuation et le soutien apporté aux blessés palestiniens, en particulier les enfants, sur notre navire-hôpital militaire « Vulcano » et plus tard d'autres hôpitaux italiens, dont le « Umberto I » au Caire.
Il nous incombe de poursuivre et de renforcer nos efforts afin de parvenir à une solution durable au conflit du Moyen-Orient et de répondre aux besoins élémentaires du peuple palestinien. Pour ce, je soutiens fermement l'initiative égyptienne visant à organiser une conférence humanitaire sur Gaza le 2 décembre au Caire. L'effort collectif pour répondre aux besoins du peuple palestinien doit être soutenu par la communauté internationale de toutes les manières possibles. A Fiuggi-Agnani, comme aux dialogues méditerranéens de Rome, nous accorderons un intérêt particulier à la situation en mer Rouge, qui s'est avérée être une zone géopolitique décisive pour nos économies. 15% du commerce mondial des marchandises transit par la mer Rouge. L'impact des tensions sur les routes commerciales vers la Méditerranée restera un sujet central de nos discussions, comme ce fut le cas lors de la réunion des ministres du Commerce du G7 à Reggio de Calabre. Je crois fermement que la rencontre des ministres des Affaires étrangères du G7 à Fiuggi-Agnani sera une contribution à la stabilité et à la paix dans la vaste région de la Méditerranée. L'Italie, quant à elle, est prête à jouer son rôle à l'avenir dans les efforts de reconstruction à Gaza et au Liban au même titre que nous avons contribué au cours des récentes années à la sécurité et à la stabilité de la région à travers notre présence au sein des forces onusiennes (Finul).
* Antonio Tajani est le ministre des Affaires étrangères de l’Italie
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